Le statu quo dans lequel est plongé le secteur de l'éducation n'est pas près de connaître son épilogue. La grève est reconduite depuis trois semaines déjà sans que les pouvoirs publics trouvent de réponse adéquate. Celle du ministère de tutelle, consistant à envoyer des mises en demeure aux enseignants grévistes, n'a eu pour seul effet que de conforter les syndicats dans leur combat. L'inquiétude des parents d'élèves est à son comble. La famille de l'éducation redoute un scénario similaire à celui de 2003. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Au-delà de la classique guerre des chiffres qui accompagne les mouvements de protestation, la grève qui perdure dans le secteur de l'éducation pose la problématique du règlement des conflits sociaux. Les pouvoirs publics assistent inertes à l'inévitable pourrissement. Le ministère de tutelle souffle le chaud et le froid sans pouvoir peser sur le cours des événements. Ni les menaces de ponctions sur salaires, ni les mises en demeure que reçoivent les grévistes, ni même les rumeurs sur d'éventuelles suspensions n'ont fait fléchir les trois syndicats. Pendant que le département de Baba Ahmed envoie des directives aux Directions de l'éducation pour l'application des mesures censées mettre un terme au mouvement, Baba Ahmed affirme que les portes du dialogue sont ouvertes sans qu'il ne lance d'invitation officielle à une séance de travail. C'est pourtant ce que revendiquent à l'heure actuelle les syndicats qui sont sur le terrain de la contestation. L'Unpef, le Cnapest et le Snapest disent attendre un signe d'apaisement qui ne se profile pas à l'horizon. A la place, dans plusieurs établissements scolaires, des enseignants ont reçu des mises en demeure que leur tutelle leur a demandé de ne pas signer. Un scénario similaire à celui de 2003 semble se dessiner. A l'époque, la grève avait été cassée en ayant recours à des suppléants. Une solution qui n'avait pas permis au ministre de l'époque de faire l'impasse sur le dialogue avec les partenaires sociaux. C'est certainement le chemin que devra emprunter le successeur de Benbouzid pour mettre un terme à la crise. En signe de solidarité avec les trois syndicats à l'origine du mouvement, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) a organisé hier une journée de protestation. Dans un communiqué sanctionnant la réunion de son bureau national, le CLA s'indigne de la réaction de la tutelle qui «au lieu d'opter pour la politique du dialogue et de répondre favorablement aux actions revendicatives des enseignants, qui ne demandent que l'amélioration des conditions de travail, la révision du statut particulier de l'enseignant, la retraite à 25 ans et la revalorisation des salaires, la Tutelle a préféré user des vieilles méthodes qui lui sont chères, c'est-à-dire prendre des sanctions contre les enseignants grévistes et les traduire en justice afin d'abdiquer». Le CLA dénonce l'attitude «irresponsable et irréfléchie» de la tutelle qui transgresse la législation en vigueur ainsi que les lois régissant les relations de travail et les libertés syndicales. C'est pour dénoncer le recours systématique de la tutelle aux méthodes répressives contre les enseignants réclamant leurs droits, protester contre les atteintes portées aux libertés syndicales, exhorter l'ensemble des enseignants à la mobilisation et à placer l'unité au rang de priorité que ledit syndicat a invité les sections syndicales à tenir des assemblées générales ouvertes et à faire des propositions concrètes en fonction de l'évolution de la situation. Hier et au deuxième jour de la troisième semaine de grève, le Cnapest, le Snapest et l'Unpef faisaient état d'une grande mobilisation de leurs troupes. Une mobilisation qui n'a d'égale que l'inquiétude croissante des parents d'élèves et l'insistance du département de Baba Ahmed à jeter la balle dans le camp des syndicats.