Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, veut manifestement atténuer l'impact de ses déclarations précédentes à propos des mesures d'urgence prises lors de la réunion de crise du 23 décembre dernier, particulièrement s'agissant du gel des recrutements dans la Fonction publique. C'est ce qui explique l'interview qu'il a accordée, hier mardi, à l'agence officielle APS et dont toute la substance est destinée à rassurer et, donc, à anticiper toute velléité de contestation sociale. «La baisse brutale des prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux a induit une réaction rapide du gouvernement pour évaluer les impacts de ces fluctuations et élaborer des scénarios budgétaires permettant la poursuite du développement économique du pays et le maintien de l'effort de l'Etat dans les secteurs importants», commencera par affirmer Sellal pour mieux situer le contexte. «Suite à la réunion restreinte du 23 décembre 2014 présidée par le chef de l'Etat, des mesures précises de réajustement ont été prises et devront connaître une mise en œuvre diligente pour la réalisation du programme quinquennal d'investissement, la rationalisation de la dépense publique, la maîtrise du commerce extérieur et des flux de capitaux ainsi que la dynamisation et le développement des secteurs de l'industrie, de la pétrochimie, de l'agriculture, du tourisme et des nouvelles technologies de l'information et de la communication», rappellera-t-il encore avant de lancer les messages clés qui ont motivé cette sortie médiatique du chef de l'Exécutif. En premier lieu, celui-ci dira : «Je tiens à préciser à ce titre, que les chantiers de diversification de l'économie nationale, de modernisation des services publics et d'amélioration d'exécution de la dépense publique ont été engagés bien avant les replis du marché mondial des hydrocarbures.» Puis, surtout «que les directives de Son Excellence Monsieur le Président de la République étaient très claires s'agissant de l'impératif de maintien de l'effort de l'Etat en matière d'action sociale et de poursuite des programmes dans les domaines du logement, de la santé, de l'éducation nationale, des services de l'eau et de l'énergie et de tout ce qui concourt au bien-être des citoyennes et des citoyens». Plus concrètement, le Premier ministre s'attardera sur la question de l'emploi. «Les différents mécanismes et dispositifs d'aide à l'emploi et à la création d'activités par les jeunes promoteurs sont maintenus car il donne d'excellents résultats». Il s'agit des dispositifs Ansej, Cnac, et Angem. «Je rassure également, poursuivra Sellal, que la décision de différer les recrutements de la Fonction publique dans certains domaines non prioritaires, ne concernera pas des secteurs socio-économiques importants comme l'éducation, l'enseignement supérieur, la formation professionnelle et la santé, où il est prévu, au contraire, un renforcement de l'encadrement». Choisissant bien ses mots, évitant notamment tout propos alarmiste comme celui de l'austérité, Sellal ajoutera «qu'en résumé, il s'agit sans ralentir le rythme du développement socio-économique, d'adopter une démarche préventive et prudentielle qui pérennisera la solidité de l'économie nationale et lui évitera tout recours à des ressources financières extérieures, en cas d'étalement dans le temps, de cette séquence baissière des prix des hydrocarbures». Pour le chef de l'Exécutif, l'Algérie dispose «d'une marge de manœuvre économique appréciable» après avoir «consolidé ses indicateurs macro-économiques notamment en matière de dette et de réserves de changes». Et malgré cette sévère crise qui frappe les marchés pétroliers, le Premier ministre maintient que, «notre objectif est d'opérer la mue de notre économie vers la production et la création de richesses pour réaliser une croissance annuelle de 7%». Mieux encore, il ajoutera que «nous avons le potentiel pour réaliser une croissance plus forte et durable, mais il nous faut d'abord nous départir du pessimisme ambiant. Nous devons avoir de l'ambition pour le pays et nous projeter dans le futur en valorisant nos avantages et atouts et en opérant les réformes nécessaires». Au plan international, régional plus précisément, Sellal affirmera que «dans un contexte tendu et bouleversé, l'Algérie défendra ses acquis (...), elle poursuivra sa lutte implacable contre le terrorisme et ses efforts de sécurisation de ses frontières». Il réitèrera à l'occasion les positions de l'Algérie par rapport aux crises libyenne et malienne.