Quel nouveau rôle pour Ahmed Ouyahia ? Deux années, presque jour pour jour, après avoir été contraint d'abandonner son poste de secrétaire général du Rassemblement national démocratique au tout début janvier 2013, Ouyahia refait surface, de manière ostentatoire. Au point de ravir la vedette à son successeur, Abdelkader Bensalah. Un Bensalah qui n'était pas du tout «enchanté» par cette présence et il le fera savoir à sa manière. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) L'homme qui a été «pestiféré» entre début 2013 et début 2014, le temps d'une traversée du désert qui l'avait vu éjecté du gouvernement puis du RND, décide donc, ce week-end d'assister à la session du Conseil national du parti, qui a eu lieu jeudi et vendredi à la mutualité de l'UGTA à Zeralda. Certes, l'actuel directeur de cabinet de la présidence avait fait une autre apparition mais peu médiatisée lorsqu'il assistait à l'installation du bureau de wilaya d'Alger. Celui qui n'avait plus remis les pieds au RND depuis début 2013, qui n'avait même pas pris part au congrès arrive tôt la matinée à Zeralda. Une présence lourde qui éclipsera tout le reste. Ce retour, qui ne s'explique certainement pas par «ce désir de répondre au souhait des militants» n'est en fait qu'un signe qui augure «de grandes manœuvres», nous confie-t-on de bonne source. «Si Ouyahia reparait de cette manière, c'est que certainement il a été autorisé à le faire» par Bouteflika bien sûr et que «quelque chose se prépare». Quoi au juste ? «Difficile de le dire pour le moment mais une chose est sûre, vous le reverrez souvent à l'avenir. Il occupera le terrain de manière plus visible». L'ancien chef de gouvernement est cité régulièrement comme successeur de Abdelmalek Sellal mais pas à court terme. On peut envisager la même chose concernant le... RND ! Abdelkader Bensalah en sait certainement des choses, lui qui paraissait extrêmement agacé par la présence du directeur de cabinet de la présidence et qui n'était pas que protocolaire. Jeudi, il ne lui suffisait pas de prendre part à la cérémonie d'ouverture mais à toute la séance de la matinée et ne quittera Zeralda que vers 14h00 ! Il refait la même chose, le lendemain vendredi, au deuxième jour des travaux. D'habitude d'un tempérament mesuré, sobre et fort peu enclin à l'usage de discours offensif, Abdelkader Bensalah surprend cette fois ci par une intervention où, quasiment la moitié était destinée à décocher des flèches assassines à l'endroit de son prédécesseur, c'est-à-dire Ouyahia ! Pour le président du Sénat, le RND a su «dépasser la période du doute après son quatrième congrès», ou alors que «le RND a connu, ces derniers mois, un dynamisme sans précédent dans l'histoire du parti» ! Difficile pour Ouyahia de ne pas se sentir visé lui qui a dirigé le même parti pendant 15 ans ! Ce jeudi 7 janvier, Bensalah aura «équitablement» mitraillé l'opposition et son prédécesseur ! Aussi, s'il était facile de décoder les messages destinés à l'opposition classique, au FLN, on n'a pas apprécié cette allusion à Amar Saâdani dans le discours de Bensalah : «Du RND, l'histoire ne retiendra jamais un jour où nous avons tourné le dos au peuple algérien ou ayant versé dans la provocation envers les institutions du pays...» Qui d'autre, à part Saâdani, avait attaqué les services et leur chef ?