Les craintes sur le gaz de schiste sont «légitimes», considérait hier le P-dg de Sonatrach tout en assurant pourtant que l'exploitation de cette ressource peut être viable et sans danger. Le groupe devrait investir un minimum de 60 à 70 milliards de dollars par an pour le développement de cette ressource. Cherif Bennaceur – Alger (Le Soir) «Peut-être que nous n'avons pas suffisamment communiqué », déclarait hier le P-dg par intérim de Sonatrach, Saïd Sahnoun, concernant l'exploitation du gaz de schiste et qui suscite des oppositions dans le sud du pays. Des oppositions, des craintes «légitimes» selon le patron de Sonatrach qui était l'invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale et qui a reconnu la nécessité de «convaincre» davantage sur cette exploitation ainsi que le fait que «le débat est sain, a lieu d'être». Toutefois, Saïd Sahnoun ne manquera pas de rassurer quant à l'opportunité et la viabilité de cette exploitation ainsi que l'absence de dangers en découlant. Ainsi, il expliquera que l'exploitation des gaz de schiste répond au «besoin d'accroître, de renforcer et de diversifier la base des réserves», d'«assurer l'approvisionnement du marché intérieur sans éroder la valeur des exportations», d'autant que la consommation nationale de gaz est estimée à 35 milliards de mètres cubes par an en 2015. Néanmoins, ce sont «les mêmes risques liés à l'exploitation du ressources non conventionnelles (gaz de schiste, formations compactes...) que ceux liés aux ressources conventionnelles (pétrole et gaz)», dira-t-il en réponse aux appréhensions exprimées ici et là. Ainsi, le P-dg de Sonatrach assure que le forage de puits horizontaux, l'utilisation de la fracturation hydraulique et l'ajout d'additifs chimiques, «testés et contrôlés quant à leur toxicité», ne représentent aucun danger. «Nous ne travaillons pas de manière aveugle mais de manière contrôlée, mesurée», affirme Sahnoun qui évoque «le strict respect de mesures et précautions», la réalisation d'études d'impact environnemental et de sismicité. Il reviendra ainsi sur le récent forage du puits-pilote d'Ahnet à In Salah, visant à «prouver la faisabilité opérationnelle et économique» et qui est «en train de produire du gaz propre et des effluents liquides contrôlés et maîtrisés». Cela étant, l' «on ne peut pas demander à Sonatrach de rester en marge de cette technologie et ne pas se lancer dans des opérations qui tendent vers l'efficience et l'optimisation», considère Saïd Sahnoun qui relèvera par ailleurs que l'Arabie Saoudite a déjà engagé l'exploitation de cette ressource pour la génération électrique. L'occasion pour le P-dg de Sonatrach d'expliciter l'opportunité de la valorisation du gaz de schiste dont l'Algérie est créditée posséder un volume en place de 20 000 milliards de m3 de réserves techniquement récupérables. Ainsi, il estimera qu'un projet de production de 20 milliards de m3 par an, soit 60 millions de m3 par jour, pourrait générer la création de 50 000 emplois directs et indirects. Indiquant que le développement d'un seul puits, sur une durée de 45 jours et une production de 250 millions de m3 par jour pendant deux ans, nécessite un investissement de l'ordre de 18 millions de dollars, le P-dg de Sonatrach précise que son entreprise prévoit le forage de 200 puits par an pour une production de 20 milliards de m3 par an. Soit un investissement de l'ordre de 60 à 70 milliards de dollars par an, sur une durée de 20 ans et permettant la création de 50 000 emplois, que Sonatrach compte engager selon Saïd Sahnoun qui précise qu'il ne s'agit pas d'un seul projet mais de «plusieurs projets» de même type. Ainsi, l'exploitation du gaz de schiste est «viable » et devrait être «suffisamment attractive», à «ne pas négliger», observe-t-il tout en précisant que Sonatrach « ne fera pas de la rente mais de la marge», d'autant que les profits attendus seront «réduits», moindres que ceux de l'exploitation des hydrocarbures conventionnels. De même, Saïd Sahnoun assure que la compagnie «ne s'engagera dans l'entreprise que si des paramètres sont au rendez-vous : avoir une maîtrise suffisante sur les coûts, s'assurer de la disponibilité des services en quantité suffisante et s'assurer d'un environnement de prix qui soit compatible avec cette activité».