Arrestation de 15 membres présumés d'une cellule sur le point de tuer des policiers en Belgique, coup de filet dans la mouvance islamiste à Berlin, interpellations en région parisienne : l'Europe était vendredi sur le pied de guerre face aux djihadistes après les attentats contre Charlie Hebdo. L'enquête sur les attentats qui ont fait 17 morts en France, la semaine dernière, a rebondi : 12 personnes ont été placées en garde à vue dans la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne, soupçonnées d'un «possible soutien logistique» aux tueurs, selon une source judiciaire. «Ces interpellations montrent la détermination de l'Etat qui veut agir de manière implacable, pour mettre la main sur tous ceux qui ont pu être complices de ces attentats barbares», a déclaré le Premier ministre français Manuel Valls. Treize personnes ont par ailleurs été arrêtées en Belgique dans le cadre d'une opération pour «démanteler une cellule terroriste et son réseau logistique» sur le point de «tuer des policiers sur la voie publique et dans les commissariats», a annoncé vendredi le Parquet fédéral de ce pays. En outre, deux Belges ont été interpellés en France, et la Belgique va demander leur transfert, a indiqué un substitut du parquet fédéral, Thierry Werts, au cours d'une conférence de presse. De source policière française, on précise qu'ils ont été appréhendés dans la région de Chambéry (centre-est de la France) par les douanes, sur signalement des autorités belges. L'opération a été marquée par un assaut de la police jeudi soir à Verviers (est). Deux suspects sont morts après avoir riposté à l'arme de guerre, et un troisième a été interpellé. Ils s'apprêtaient à passer à l'acte, «au maximum sous quelques jours», a affirmé M. Werts. Le trio était en possession notamment de «quatre fusils de type kalachnikov» ainsi que d'armes de poing, de munitions, d'uniformes de police, de téléphones portables, de matériel de communication, de documents falsifiés et de grosses sommes d'argent. Le groupe, dont certains membres «ont combattu en Syrie», planifiait des «attaques dans toute la Belgique», a précisé un autre substitut, Eric Van der Sijpt. Plus de 3.000 jeunes Européens sont partis combattre sur le territoire syrien, selon les experts, dont environ 30% sont revenus en Europe. «L'opération a permis de porter un coup important au terrorisme en Belgique», a estimé M. Van der Sijpt. Le niveau de menace terroriste, qualifié de «grave», a été relevé dans la nuit d'un cran, à trois sur une échelle de quatre, dans l'ensemble du royaume. La Commission européenne a indiqué avoir aussi renforcé sa sécurité. Le Premier ministre, Charles Michel, a annoncé que le gouvernement était prêt à faire appel à l'armée pour renforcer la sécurité, ce qui serait une première en Belgique depuis une vague d'attentats politiques dans les années 1980. Et d'autres mesures ont été rendues publiques, dont la création dans deux prisons de quartiers spéciaux pour «isoler» les détenus musulmans radicalisés. A Bruxelles, les postes de police filtraient les entrées, et la surveillance du Palais de justice a été renforcée. Les policiers ont reçu pour consigne de porter à l'extérieur armes et gilets pare-balles, et de patrouiller à plusieurs. Les autorités belges préparaient cette opération depuis plusieurs semaines, a précisé le parquet, donc avant les attentats de Paris. Le coup de filet «ne fait pas partie d'une opération à grande échelle au niveau européen», a assuré M. Van der Sijpt. «Il n'y a pas de liens entre les attentats à Paris et ceux programmés en Belgique» ni «entre les filières», a insisté le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, même si des échanges d'informations ont eu lieu entre polices belge et française. «Il va falloir faire comprendre à beaucoup de partenaires que l'échange d'informations doit s'améliorer», a souligné le ministre, Paris et Bruxelles plaidant à l'unisson pour un sursaut de mobilisation antiterroriste au niveau européen. A Berlin, une dizaine de perquisitions au sein de la «mouvance islamiste» ont été effectuées vendredi matin. Deux Turcs ont été arrêtés, membres présumés d'un groupe qui envisageait «un acte violent, grave en Syrie», a dit la police.