Introduction d'entreprises publiques en Bourse pour atteindre la taille critique nécessaire à son développement, plus de financement par le marché pour les entreprises publiques et moins de financement par le Trésor, nécessaire diversification de notre économie et amélioration de la performance des entreprises étatiques... Tous ces objectifs ramènent à la nécessité de faire évoluer la gouvernance des entreprises étatiques vers les standards internationaux. Salah Benreguia Alger (Le Soir) C'est en tout cas la problématique développée par les membres du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care). Organisée au Hilton d'Alger, l'édition d'hier «des matinales du Care» a vu la participation d'un nombre d'experts qui ont passé en revue les enjeux et les défis de gouvernance des entreprises étatiques et présenté les outils et référentiels de gouvernance des entreprises étatiques en vigueur. Pour les membres de ce cercle de réflexion, les entreprises publiques représentent en Algérie une part significative de l'économie nationale, notamment au travers des entreprises du secteur énergétique (le groupe Sonatrach représente à lui seul 36% du PIB algérien), mais aussi dans les domaines du BTP, du transport et des télécommunications. Le secteur industriel hors énergie, intégrant plus d'un millier d'entreprises qui ne représentent pour leur part que moins de 5% du PIB, mais disposent d'une infrastructure et d'un potentiel industriels conséquents qu'il convient de développer. L'ambition de l'Algérie de diversifier son économie et d'assurer un niveau de croissance significatif, pouvant lui conférer le statut d'économie émergente engage un certain nombre de défis dont celui de la compétitivité des entreprises, aussi bien sur le marché national qu'international mais aussi celui d'avoir un nombre suffisant d'entreprises ayant une taille critique leur permettant de jouer un rôle effectif de locomotives de l'économie nationale. De ce fait, les pouvoirs publics, conscients de l'importance et de la dimension des investissements à réaliser pour concrétiser ces ambitions, envisagent de relancer le déploiement du marché financier pour en faire un levier de mobilisation de ressources pour la croissance, et en particulier pour financer les plans de développement des entreprises publiques. «Dans ce contexte, l'enjeu de la gouvernance d'entreprise devient primordial pour assurer une confiance des marchés et des partenaires nationaux et internationaux, dans la perspective de l'amélioration de l'attractivité du pays, du développement des IDE et de la mobilisation de l'épargne interne» souligne un expert du Care. Pour ce dernier, il est plus que nécessaire de définir le cadre d'évolution de la gouvernance des EPE à la lumière des standards internationaux et des meilleures pratiques observées dans les pays développés et émergents en vue de traiter objectivement les facteurs exogènes et endogènes de la faible compétitivité et de la non-performance des entreprises publiques algériennes. Même son de cloche chez Ali Harbi, également membre permanent du programme de mise à niveau (EDPME). Aux yeux de cet expert, il s'agit de garantir aux entreprises publiques un cadre juridique et réglementaire efficace. «Le cadre juridique et réglementaire dans lequel les entreprises publiques exercent leurs activités doit garantir des règles du jeu équitables sur les marchés où les entreprises publiques et celles du secteur privé sont en concurrence, afin d'éviter les distorsions du marché», explique-t-il. L'autre facteur évoqué est que «l'Etat doit se comporter en actionnaire éclairé et actif et définir une stratégie actionnariale claire et cohérente de manière à garantir que la gouvernance des entreprises publiques soit exercée de façon transparente et responsable, avec tout le professionnalisme et l'efficacité nécessaires». Faisant partie des lignes directrices en matière de gouvernance des entreprises publiques publiées par l'OCDE, le troisième point soulevé par le conférencier a trait à l' «égalité de traitement entre les actionnaires». Sur ce point, M Harbi souligne que l'Etat et les entreprises publiques doivent reconnaître les droits de tous les actionnaires et, conformément aux principes de gouvernance d'entreprise de l'OCDE, veiller à ce qu'ils bénéficient d'un traitement équitable et d'un accès équivalent aux informations sur l'entreprise.