Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) mobilise des universitaires, des chefs d'entreprise et autres leaders d'opinion du pays en vue de contribuer à l'amélioration du climat des affaires. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Lancée avec le soutien notamment financier de l'organisation non-gouvernementale américaine Cipe (Center for international private enterprise), et approuvée par les autorités algériennes, cette initiative vise en fait à associer, impliquer le mouvement associatif, universitaire et entrepreneurial du pays et autres acteurs influents dans leurs domaines d'activités. Elle sera concrétisée par la mise en place dans quelques jours d'une task-force composée d'une vingtaine de participants dont six membres du Care de différentes régions du pays. Cette task-force aura pour mission d'ici deux ans, indiquait hier à l'hôtel le consultant en entreprise, Mahrez Aït Belkacem, en marge d'une rencontre matinale du club Care (LMC), d'«établir un plaidoyer en vue de contribuer à l'amélioration du climat», voire, cette task-force pourra appuyer le comité national dédié à l'amélioration de l'environnement des affaires (Doing Business) lancé en ce sens par le ministère de l'Industrie et des Mines. Notons que l'initiative du club Care a été approuvée par le ministère des Affaires étrangères, indique ce consultant qui précise par ailleurs que les actions prévues ont déjà été budgétisées et que le financement de l'ONG américaine est de l'ordre de 450 000 dollars. Organisée avec le soutien de la délégation de l'Union européenne en Algérie, la rencontre matinale du Care a porté sur la thématique de «l'intégration dans les chaînes de valeur mondiales et régionales, un facteur de développement économique et de croissance pérenne». Animée par le directeur général d'EuraPharma Distribution et ancien consultant en stratégie d'entreprise, Nadhir Laggoune, le directeur général de Prodiphal production, Hakim Belarbi, ainsi que par le directeur général du bureau de consulting AHC, Ali Harbi, cette rencontre a permis d'évaluer le positionnement de l'Algérie par rapport aux chaînes de valeurs mondiales (CVM) et chaînes de valeur régionales (CVR). Un nombre croissant d'entreprises, de pays et d'autres acteurs économiques prennent part à l'économie mondiale et sont devenus de plus interdépendants, au-delà des frontières nationales. La production, le commerce et les investissements internationaux sont de plus en plus organisés au sein des CVM ou CVR où les différentes étapes d'un procédé de production se retrouvent dans différentes économies. Les intrants intermédiaires tels que les pièces et les composantes sont produits dans un pays pour ensuite être exportés vers d'autres pays, où ils font l'objet d'une transformation ou d'un montage supplémentaire en vue d'être intégrés à des produits finaux. Ainsi, les CVM sont articulées autour de la recherche des moindres coûts de main-d'œuvre, de proximité des matières et des marchés et aussi autour des autres avantages concurrentiels des différentes économies, comme le savoir et le savoir-faire. Certes, l'intégration dans les CVM contribue à la consolidation des parts de marché des pays émergents notamment dans le commerce des biens et des services. Une intégration qui s'opère à travers des activités de faible intensité capitalistique et technologique et à faible valeur ajoutée (activités d'assemblage intermédiaire ou final de produits) et qui évoluent vers des secteurs de plus haute technologie et à plus grande valeur ajoutée et incluent aujourd'hui la capture de valeur par les pays émergents dans les domaines de la R&D et des technologies de pointe. Mais aussi une intégration dans les CVR, constituées entre des pays d'une même région, qui permet d'accroître la compétitivité et la capture de la valeur ajoutée, par le biais des économies d'échelle entre opérateurs d'un même produit dans la même région, les complémentarités régionales sur les composants/parties ou séquences de production d'un produit, la mise en commun de moyens comme l'infrastructure de formation, la logistique, les plateformes de production, de manière à disposer d'un pouvoir de négociation plus élevé dans les CVM. Notons, ce faisant, que l'intégration de l'Algérie dans les CVM est assez intense dans le domaine des hydrocarbures, essentiellement dans l'amont, l'aval et les services pétroliers. Toutefois, l'Algérie est insuffisamment intégrée dans la chaîne des valeurs du médicament, avec une industrie qui ne couvre que 35% des besoins locaux, où la recherche-développement demeure insuffisante, voire absente, et la compétitivité assez fragile. D'où l'opportunité pour l'économie nationale de mieux s'insérer dans les CVM, en actionnant des leviers idoines comme l'expliciteront les animateurs de cette LMC, ce qui assurera d'une meilleure compétitivité du pays. A relever également que cette rencontre matinale a été suivie par la tenue d'une assemblée générale du Care, consacrée à des questions organiques et une reconfiguration de la direction de ce club de réflexion.