Ali Haddad, qui a conduit, hier, une délégation du FCE chez le ministre des Transports, a parlé en décideur. L'ouverture de l'espace aérien et du marché de fret maritime au privé est imminente. Amar Ghoul a confirmé. Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) Ce que beaucoup n'ont pas réussi à obtenir pendant des années, le tout nouveau patron du FCE l'a eu en l'espace d'une entrevue. Lors de la conférence de presse qui a suivi, hier, la rencontre entre la délégation du Forum des chefs d'entreprises et le ministre des Transports, c'est Ali Haddad qui a annoncé en premier la couleur, en présence de Amar Ghoul. «Le ministre nous a écoutés et a enregistré nos contraintes. Il a été impressionné par le nombre de doléances que nous avons portées. Il est d'accord pour la création de ponts entre le secteur public et celui privé. Nous avons évoqué l'installation d'une commission mixte ministère-FCE. Elle se réunira une fois par mois», a-t-il indiqué. Après ce bref préambule, Ali Haddad entre dans le vif du sujet : «Nous avons tous voyagé avec Air Algérie, et je crois que tous les voyageurs ont souffert des retards récurrents enregistrés par la compagnie nationale. Vous connaissez sans doute la raison. Il y a trop de charge sur Air Algérie. D'où, d'ailleurs, l'impératif de la renforcer, mais tout en lui gardant les lignes rentables et celles intérieures.» Le président du FCE évoquera également le transport maritime, particulièrement celui de marchandises. Il n'admet pas que 97 % du marché de fret maritime en Algérie soit dominé par les compagnies étrangères. «Il y a des Algériens capables de le faire. Je ne vois pas pourquoi on n'ouvre pas le fret maritime au privé», s'interroge-t-il. Ali Haddad, qui n'a pas laissé le soin à Amar Ghoul de communiquer sa réponse, s'est empressé de livrer lui-même le verdict : «Le ministre était d'accord pour prendre immédiatement en charge nos doléances.» Il ajoutera ce propos confus : «Le ministre nous a dit qu'il y aura beaucoup de choses qui vont changer dans ce ministère.» C'est déjà prévu A son tour, Amar Ghoul a commencé par qualifier cette rencontre de «grande avancée». Il ira d'ailleurs jusqu'à faire une comparaison avec celles qui ont précédé. «Dans le passé, ce genre de rencontres étaient caractérisées par de grands obstacles. Aujourd'hui, nous sommes obligés de faire autrement», lance-t-il d'emblée. Sur la question du fret maritime, le ministre a lui aussi regretté que 97 % des marchandises destinées à l'Algérie passent par les compagnies de transport étrangères. «Avec le renforcement de notre flotte nationale de 27 navires, nous allons réduire ce taux de 30%. Le reste du marché peut être couvert par le privé algérien», a-t-il tranché. Quant à l'ouverture de l'espace aérien à l'investissement privé, le ministre expliquera que «ce segment est prévu dans les réformes en cours, et figure dans la nouvelle loi sur les transports qui a été soumise au Parlement». Devant l'insistance de la presse, Amar Ghoul a fini par lâcher le morceau : «Le transport aérien sera ouvert au privé mais dans le cadre de la complémentarité. Les parts de marché d'Air Algérie et Tassili Airlines sont intouchables. Il y aura d'ailleurs consolidation de la flotte des deux compagnies nationales.» Enfin, il est à signaler que Ali Haddad, qui s'est montré un peu incommodé par l'insistance des journalistes sur ce sujet, a conclu en ces termes : «La question de l'ouverture de l'espace aérien ou non est dépassée. Il faut s'inscrire dans l'avenir. Et l'avenir, c'est l'entreprise.» Le président du FCE ne pouvait être plus clair. L'ouverture de l'espace aérien et du marché de fret maritime est déjà décidée. Elle est imminente.