Programme chargé pour le ministre des Transports, Amar Ghoul, en visite de travail et d'inspection ce dernier dimanche dans la wilaya de Annaba. Programme d'autant plus chargé qu'il s'agit de relancer sérieusement des chantiers de projets importants mis en veilleuse depuis des années dans ce secteur. C'est notamment le cas de l'aérogare Rabah-Bitat dont les travaux ont été lancés en 2007 par le président de la République. Ils sont en souffrance malgré les visites successives de plusieurs ministres du secteur et walis de Annaba au projet. Certains de ces projets ont été mal conçus, bâclés ou ne répondent plus aux besoins de la population de la wilaya. C'est le cas de la nouvelle gare routière de la cité du 1er-Mai. «Cette infrastructure est trop petite et ne peut répondre aux besoins de la population d'une aussi importante wilaya. Il est indispensable de lancer une réflexion pour la réalisation d'une autre à la mesure des ambitions socioéconomiques de la région», a instruit le ministre au wali Mohamed-Mounib Sandid qui l'accompagnait. C'est sur le site de réalisation de la double voie ferrée du tronçon Annaba-Ramdane Djamel (Skikda) que Amar Ghoul laissera éclater sa colère. Elle était justifiée par le laisser-aller dans le suivi par le bureau d'études de la réalisation de ce projet de 40 milliards de dinars en charge d'une entreprise étrangère. Entamé en 2006, il est globalement à peine à un peu plus de 40%. «Il est intolérable de faire traîner en longueur un projet d'une importance stratégique pour le développement de la région et du pays. Je vous ordonne de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour le faire avancer. A défaut, des sanctions seront infligées aux responsables algériens avec résiliation du contrat signé avec l'entreprise étrangère». En fait, Amar Ghoul n'a fait que réitérer le même constat et les mêmes remarques faits par son prédécesseur en 2011 lors d'une visite similaire du projet. Maintes fois annoncée pour les dates symboliques du 1er Novembre ou 5 Juillet, ces deux dernières années, l'aérogare Rabah-Bitat ne sera pas réceptionnée de sitôt, a constaté sur place le membre du gouvernement. Au vu de la colère du ministre, des sanctions administratives à l'encontre des responsables chargés, au titre de maître de l'ouvrage, du suivi de la réalisation de cette aérogare, du tronçon de voie ferrée Annaba-Ramdane Djamel et de la nouvelle gare routière ne seraient pas à écarter. La colère du ministre s'atténuera au port d'Annaba. Sur place, il aura droit aux explications portant sur le dragage des deux darses (la petite et la grande). Cette opération pour laquelle plus de 977 millions de dinars ont été engagés, devrait permettre d'atteindre un tirant d'eau de 12 m au lieu des 8 actuels. L'entreprise a, cependant, achoppé au contact de l'obstacle généré par l'épave du Djebel Amour, gisant depuis des décennies au fond de la darse. «Nous n'avons pas les moyens financiers pour l'intégrer dans l'opération de dragage», a argumenté le P-dg de l'Entreprise portuaire de Annaba. Cependant, Amar Ghoul a instruit la directrice des travaux publics chargée du dragage de prendre en charge l'épave à travers une coordination entre les deux ministères (Transports et TP). Toujours au sein de l'enceinte portuaire, le ministre s'est montré particulièrement intéressé par la présentation, par le P-dg, Ahmed Djebar, du projet d'extension vers Sidi-Salem du port d'Annaba. Mis face à la maquette, il a émis un avis favorable quant à l'inscription du projet. «Vous avez mon accord. Vous devez rapidement entreprendre les démarches nécessaires pour la matérialisation de cette extension. Elle permettra au port de disposer d'une capacité d'accueil et d'exploitation plus importante du fret maritime», a-t-il tenu à préciser. Auparavant, le ministre s'est rendu au site «Allelick», à 6 km du chef-lieu de wilaya où est implanté le projet de réalisation d'une unité d'assemblage et de maintenance des tramways. Maître de l'ouvrage, la société Cita issue d'un partenariat entre les entreprises algériennes Ferrovial-Métro d'Alger (46%+5% de participation au capital social) et celle française Alstom (49%), est au diapason des engagements initialement pris. C'est en tout cas ce qu'ont laissé apparaître les données chiffrées révélées au ministre par le premier responsable de cette entité industrielle. C'est ce que confirme la réalité du terrain avec un banc d'essai où les deux premiers tramways assemblés par cette même société sont prêts à être livrés à leur utilisateur. Cital prévoit une production de quatre rames/mois et la maintenance de l'ensemble du réseau de tramway en Algérie. Disposant déjà d'une commande ferme de 262 tramways à fournir en Algérie, l'entreprise envisage de commercialiser sa production de tramways au Moyen-Orient. Et si le ministre a publiquement dénoncé le retard, la mauvaise conception, les malfaçons, les anomalies de gestion et, surtout, l'inadéquation de trois des cinq projets qui lui ont été présentés (aérogare, gare routière et tronçon ferroviaire), il n'a pas manqué d'encourager les responsables de l'Entreprise portuaire de Annaba et ceux de Cital des tramways dans leurs efforts par rapport aux ambitions de développement socioéconomiques du pays.