Pour le président de l'Ordre national des médecins, le dysfonctionnement du système de la santé en Algérie n'est que le résultat d'une mauvaise gestion. Il appelle, ainsi, à la tenue d'un Conseil des ministres restreint dédié à la santé. Rym Nasri - Alger (Le Soir) «La situation de la santé en Algérie est moyenne mais comparant ne serait-ce qu'aux pays voisins, l'Algérie est bien placée», a affirmé le Dr Mohamed Bekkat Berkani hier, au forum du quotidien El Wassat à Alger. Selon lui, la santé ne dépend pas des changements des ministres à la tête du secteur mais plutôt du réseau de la santé. «L'Algérie a opté pour plusieurs systèmes mais n'a pas atteint celui qui assure la bonne gestion», dit-il. Le président de l'Ordre national des médecins reconnaît, ainsi, l'existence d'un problème de compétences. «Nous avons oublié de mettre en place des écoles de gestion de la santé», dit-il. Evoquant le nombre de médecins qu'il qualifie, certes, de «suffisant», il dira que le dysfonctionnement réside dans leur répartition. «Les médecins sont mal répartis à travers les différentes wilayas et régions. A elle seule, Alger compte 12 000 médecins», précise-t-il. Une mauvaise répartition qu'il incombe à plusieurs facteurs notamment le manque d'infrastructures hospitalières et de spécialisation des médecins. Idem pour le personnel paramédical qui est «mal payé et mal formé». Pourtant, poursuit-il, «la formation de ce personnel est très importante». Quant au personnel technique, il insiste sur la nécessité de mettre en place une politique pour unifier l'acquisition du matériel médical. «Aujourd'hui, la médecine est devenue technique et le médecin dépend du matériel technique, d'où la nécessité d'un personnel technique capable de manipuler et d'assurer l'entretien de tout ce matériel». Le Dr Mohamed Bekkat Berkani souligne aussi l'urgence de la mise en place d'un plan d'équipement. Il suggère ainsi de faire sortir les hôpitaux des villes. «A l'intérieur des villes, les cas urgents ont tout le temps pour mourir sur les routes», dit-il. Citant quelques hôpitaux construits dans les années 1980 tels que celui de Kouba et de Aïn-Taya, il affirme qu'ils étaient prévus pour servir durant dix années. L'intervenant appelle à la convocation d'un Conseil des ministres restreint dédié à la Santé. D'ailleurs, poursuit-il, «le ministère de la Santé doit être un ministère de souveraineté». Selon lui, la sécurité sociale doit être affiliée au ministère de la Santé et non pas à un autre ministère. Plaidant pour la création d'un secrétariat d'Etat pour la prévention, il regrette que l'Agence de médicament prévue par la loi en 2008 soit toujours en état de «gestation». Il estime, par ailleurs, que la santé privée ne doit pas prendre le dessus sur la santé publique. Pour lui, la santé publique doit rester à la tête du secteur avec pas moins de 80%. «Le secteur privé doit rester complémentaire au secteur public qui est stratégique», dit-il. Ry. N. DR BEKKAT BERKANI A PROPOS DE LA GRIPPE AH1N1 : «ce n'est qu'une grippe saisonnière» Le président de l'ordre national des médecins assure que la grippe AH1N1 qui a déjà fait quelques morts, n'est qu'une grippe saisonnière «normale». «Il ne faut pas s'affoler, ce n'est pas la grippe porcine. Il s'agit d'une grippe saisonnière tout à fait normale», rassure-t-il. Selon lui, les cas de décès enregistrés sont souvent des malades chroniques. «Ce sont des personnes qui ont des pathologies supplémentaires notamment des maladies cardiovasculaires, des maladies chroniques respiratoires, du diabète...», explique-t-il. Le Dr Mohamed Bekkat Berkani déplore toutefois l'absence d'une campagne de sensibilisation pour la vaccination antigrippale. «Pourtant, c'est le vaccin qui barre la route à la propagation du virus de la grippe saisonnière», précise-t-il. Insistant sur la prévention, il ajoute :«Il faut une éducation sanitaire».