Le secteur de la santé est confronté à des problèmes si complexes que leur résolution demande la mobilisation de tout le gouvernement. C'est l'avis du président du Conseil national de l'ordre des médecins. Mohamed Bekkat- Berkani appelle à une réunion interministérielle pour prendre des mesures urgentes. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) Le diagnostic du secteur de la santé a été fait plusieurs fois. Le résultat est le même à chaque fois : aucune amélioration, la santé va toujours aussi mal. Le ministre de la Santé a organisé les assises de la santé en juillet dernier et l'avant-projet de loi sanitaire a été soumis aux intervenants du secteur au mois d'août dernier. Surprise : les recommandations de ces derniers ont été quasiment ignorées. Mohamed Bekkat, président du Conseil de l'ordre des médecins qui est intervenu hier au forum du quotidien El Moudjahid a indiqué que cet avant-projet de loi est sorti des recommandations émises par les professionnels du secteur. Il est allé même à contre courant de certaines propositions. Il cite l'exemple de l'activité complémentaire qui, selon la proposition du ministère de la Santé, elle devra être pratiquée au sein des établissements hospitaliers publics. Une situation qui va générer davantage de désordre et de trouble, estime M. Bekkat. «Nous n'avons pas réussi à gérer l'activité complémentaire telle qu'elle est pratiquée actuellement ; comment voulez-vous qu'elle soit gérable ou contrôlable si elle est autorisée à exercice dans le secteur public», s'interroge le spécialiste. Un avis, d'ailleurs que partage de nombreux professionnels qui demandent depuis longtemps la suppression ou l'organisation de cette activité. Le conférencier estime que l'on ne peut pas intégrer l'activité privée dans les hôpitaux publics qui baignent déjà dans de nombreux problèmes. La prévention fait aussi partie des points importants que l'avant-projet de loi semble avoir négligé. Les spécialistes ont recommandé lors des assises la mise en place d'un secrétariat d'Etat de la Prévention. Une recommandation que le ministère de la Santé semble avoir omis d'intégrer dans sa copie. Pourtant, explique Dr Bekkat, mettre en place des centres anti-cancer sans une politique de prévention au préalable n'est pas une solution. Selon lui, il faut aller au devant de la maladie en rendant par exemple le dépistage obligatoire pour prévenir le cancer du sein. «Une fois le cancer est déclaré, la radiothérapie et la chimiothérapie sont une solution de survie, or la prévention c'est une solution de guérison», estime le médecin. Les problèmes du secteur dépassent le ministère de la Santé, dit l'intervenant, qui appelle à l'intervention de tous les secteurs concernés. Ainsi, tout comme le gouvernement s'est réuni pour tenter de trouver des solutions pour les maux de la capitale, il doit aussi se réunir pour sauver le secteur de la santé. Des mesures urgentes doivent être prises pour le moyen terme, dit l'intervenant. Selon lui, il ne faut pas attendre que les catastrophes arrivent pour réagir.