La plume est leur compagne de tous les jours. Ils sont écrivains, romanciers ou essayistes et cultivent des petites manies qui sont bien à eux. A quel moment de la journée préfèrent-ils écrire? Qu'est ce qui les inspire ? Aiment-ils grignoter ou siroter une boisson ? Ont-ils déjà dû se réfugier dans un endroit insolite pour commettre leurs écrits ? Trois romanciers se sont prêtés à notre jeu des questions-réponses. Amel El Mahdi : professeur de maths et romancière. Elle a signé La belle et le poète et Tin Hinan ma reine «Je n'écris jamais aussi bien que lorsque je suis confrontée à un gros stress. Du ménage à faire, du rangement qui m'attend ou une montagne de corvées à liquider impulsent un coup de fouet à mes neurones et stimulent mon imagination. Ça peut paraître bizarre mais c'est ainsi ! Face à cette pression, les mots me viennent d'une seule traite et l'inspiration se déclenche d'un seul coup. Cela fait de nombreuses années que j'ai abandonné le stylo au profit d'un ordinateur. En 1994, mon mari m'a offert un petit Macintosh et depuis, le clavier a remplacé les feuilles de papier. Lorsque j'écris, j'aime avoir une petite musique de fond. Pourvu qu'elle soit calme et sans paroles pour ne pas perturber ma concentration. J'ai amménagé un petit bureau chez moi. C'est là, dans le calme, que je trouve mon inspiration. C'est mon antre à moi que je partage avec mon perroquet Coco. Je n'aime pas le voir en cage alors je le libère et il me tient compagnie pendant que j'écris. Il vient se jucher sur mon épaule puis se pose sur les touches de mon clavier. Il est très drôle. Il ne dit pas grand-chose pour le moment, mais je suis en train de le coacher. Il deviendra bientôt une vraie pipelette, j'en suis convaincue ! Lorsque j'écris, j'aime siroter du thé. Celui du Sud. Il a une saveur particulière. Une grande théière m'accompagne toujours dans mon travail d'écriture. Je vis actuellement entre Alger et Tamanrasset. Les décors naturels du Hoggar et le coucher de soleil de l'Askrem me donnent beaucoup d'inspiration. Youcef dris : journaliste et écrivain, on lui doit entre autres Les amants de Padovani, Destin à l'encre noire, Le combat des justes Parfois, l'inspiration me vient en plein sommeil. Je me réveille et pour ne pas laisser s'échapper l'idée, je me lève pour la noter sur mon calepin. Ça me rappelle mon oncle El Hachemi Guerrouabi (le frère à ma mère). Quand j'étais jeune, je passais pas mal de temps chez lui et j'ai assisté à plusieurs reprises à cet étrange cérémonial : il se réveillait vers 2 heures ou 3 heures du matin, allumait une loupiote et griffonnait hâtivement quelques paroles sur un bout de papier pour ne pas les oublier. L'endroit le plus insolite où j'ai eu à écrire ce sont les sanitaires (rires). J'habite un petit appartement et quand il y a des invités à la maison, je n'ai d'autre choix que de m'isoler dans la salle de bains pour coucher sur papier mes idées ! Sinon, je peux écrire n'importe où. Du temps où je n'avais pas encore de véhicule, je prenais souvent le train entre Alger et Oran. En voyant défiler les jolis paysages par la vitre, l'inspiration coulait à flot. Surtout pour composer de la poésie. Mes sources d'inspiration sont multiples. Les paysages lors de mes fréquents voyages à travers l'Algérie me parlent mais pas seulement. La vie quotidienne des Algériens est un excellent terreau pour le romancier que je suis. Il suffit d'observer des scènes de tous les jours pour stimuler mon imagination. Un couple qui contemple le front de mer peut devenir le point de départ d'un roman. Un chat qui passe peut m'inspirer un conte pour enfant... Il suffit d'observer ce qui se passe autour de soi ! Mon péché mignon pour écrire, c'est de siroter une tasse de thé à la menthe, un excellent stimulant ! Leïla hamoutene : professeur de langue française, psychologue et romancière, elle a écrit Sang et jasmin, l'enfant algérien, le châle de Zeineb... Dans mon travail d'écriture, il y a toujours deux étapes. La première est consacrée à la réflexion. J'ai vraiment besoin d'être dans le calme. Le moment propice pour moi c'est l'après-midi car je suis seule à la maison. Puis une fois que mon sujet est arrêté, j'attaque la seconde étape et là qu'importe le moment de la journée pour m'adonner à l'écriture. Matinée ou après-midi, ça m'est égale. Généralement je travaille dans mon bureau aménagé à la maison à cet effet. Mais il m'arrive parfois de m'isoler dans le débarras pour me couper de tous les bruits (rires). Le son de la radio ou de la télé me perturbe, alors je me calfeutre afin d'avoir une concentration maximale. Bien sûr, j'ai mes petits rituels avant d'écrire. J'aime bien avoir une boisson chaude à siroter tranquillement, de la tisane à la menthe, de préférence. Durant la première étape, je note les idées qui me viennent au stylo ou au crayon sur un agenda. Mais lorsque commence la seconde phase, je tape mes textes exclusivement sur ordinateur. Je puise ma source d'inspiration essentiellement des événements auxquels je suis confrontée quotidiennement. Un endroit fétiche pour écrire serait en pleine nature ; sous un arbre aux feuilles verdoyantes, ce serait le bonheur.