La route vers un accord de paix se complique et les embûches de multiplient. L'Algérie, chef de file des négociations du dialogue inclusif intermalien, semble, ces derniers jours, désespérée de ne pas voir aboutir les joutes qu'elle domicilie et coordonne depuis juillet 2014. Au seul ton de Ramtane Lamamra qui intervenait, hier, à la radio, l'on sent une lassitude certaine, même s'il continue à mettre tout son espoir et ses efforts, pour voir aboutir ce projet de paix pour nos voisins. Repris ou pas, les pourparlers d'Alger pour la recherche de paix au Mali ? C'est un peu, en cette matinée du mercredi 11 février, l'interrogation restée sans réponse. Ça s'agite toutefois intensément et au regard des derniers développements : reprise des combats des mouvements armés au Nord et luttes intenses pour le contrôle des positions stratégiques dans le Nord ; lettre de François Hollande au Président Bouteflika ; visite impromptue en Algérie du nouveau Premier ministre malien et son audience au plus haut niveau de l'Etat (Bouteflika) ; ambiguïté, et jeux multiples de Bamako encouragés par le voisin de l'Ouest qui a toujours vu d'un très mauvais œil la forte implication d'Alger et qui cherche, en désespoir de cause, de faire capoter maintenant le dialogue... En fait, une série d'événements qui expliquent en grande partie le scepticisme de nombreux observateurs quant à un règlement prochain de la crise malienne. Les premiers signes d'embrouille sont apparus au grand jour, lorsque la Minusma a initié une réunion d'urgence à Alger dont l'objectif consistait à préparer convenablement, et dans un climat serein, la poursuite des pourparlers d'Alger. L'invitation à cette rencontre n'a pas été entendue par tout le monde ; certains mouvements armés ont refusé de s'asseoir à la même table que d'autres, les mouvements en présence se battant maintenant pour le leadership sur le Nord. Mieux encore, le gouvernement de Bamako a choisi, quant à lui, l'envoi de représentants n'ayant aucun poids à cette rencontre, ce qui a, semble-t-il, fortement contrarié l'Algérie, d'autant qu'au même moment, Bamako organisait une rencontre, dans la précipitation, devant regrouper la société civile et l'opposition pour préparer la cinquième phase des négociations d'Alger. L'opposition malienne a dit niet et refusa d'y prendre part. Ainsi donc les choses se sont compliquées. Le gouvernement malien et notamment le chef de l'Etat ont grandement participé à compliquer davantage la donne en jouant en coulisses à l'implication d'autres parties – Maroc, notamment et Mauritanie — dans la résolution de la crise. Est-ce pour cette raison que le Président François Hollande s'est fendu d'une lettre adressée à Bouteflika, largement médiatisée et dans laquelle il exprime «le plein soutien de la France à la médiation algérienne dans le processus du dialogue intermalien» et se dit content «des progrès déjà réalisés» et s'engage, en outre, à «appuyer ces pourparlers afin d'arriver à une solution politique définitive à la crise qui secoue ce pays depuis 2012» ? Est-ce cette lettre d'appui sans réserve à l'Algérie, qui a fait courir Modibo Keita, le nouveau Premier ministre malien, à Alger, et être reçu par Bouteflika lui-même ? Cela suffira-t-il, cependant, à faire avancer la résolution de la crise ? Le terrain malien avec la reprise des hostilités entre les différentes factions rend la réponse des plus difficiles. En tout cas, l'Algérie semble au moins travailler sans relâche à faire asseoir à la même table tous les protagonistes. Les tout prochains jours nous diront si elle y a réussi.