L'interdiction, samedi dernier, de la conférence que devait organiser la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD ) à l'hôtel Essafir à Alger, a suscité une réaction très virulente de l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis qui, comme à son habitude, ne ménage aucunement le régime de Bouteflika. Un régime «qui multiplie, sans discernement et sans retenue, les violations des droits les plus légitimes de l'opposition nationale». Kamel Amarni - Alger (Le Soir) «Par deux fois, l'appareil politico-administratif a interdit à la CNLTD l'organisation de conférences thématiques (...) Les motifs invoqués à l'appui de ces interdictions défient le simple bon sens», notera Ali Benflis, en préambule d'un communiqué rendu public hier. Le candidat à la présidentielle de 2004 et 2014 estimera, dans le même communiqué, que «de telles interdictions s'inscrivent, d'une manière générale, dans une véritable stratégie de harcèlement visant, vainement, d'abord, à empêcher l'opposition nationale de consolider l'ancrage qu'elle a indéniablement acquis au sein de notre société ; ensuite à entraver la diffusion de son projet de transition démocratique pacifique qui y rencontre un écho grandissant, et enfin à contrarier son action de mobilisation et de sensibilisation de nos concitoyennes et de nos concitoyens autour de ce projet». Benflis, qui attend toujours l'agrément de son nouveau parti, «le Parti de l'avant-garde des libertés», est, pour rappel, membre de la CNLTD où il siège comme chef de file d'une coalition d'une vingtaine de partis. Son score «officiel» à la dernière présidentielle en fait également le poids lourd de l'opposition. Il est aussi la bête noire par excellence de Bouteflika et du cercle présidentiel depuis mars 2003 et le congrès du FLN qui le consacrera candidat officiel pour la présidentielle de 2004. Il ne se fait, dès lors, aucune illusion quant aux intentions réelles «du régime politique en place». En l'occurrence Bouteflika. «Qui multiplie les déclarations d'intentions au sujet de l'élargissement du champ des droits et des libertés et de renforcement du rôle de l'opposition au point d'en faire l'objet trompeur d'une révision constitutionnelle». Or, fera-t-il remarquer, «sa mentalité d'un autre âge et ses pratiques arbitraires viennent apporter de plus clair des démentis à la sincérité de ses intentions déclarées». Bien au contraire, «ce régime autocratique (...) viole impunément la Constitution et les lois de la République qui garantissent et protègent les libertés et les droits des citoyens». L'ancien chef du gouvernement accuse, aussi, le régime de Bouteflika de ne faire preuve «d'ardeur» que dans son harcèlement continu de l'opposition, tout en négligeant tout le reste, à savoir tous «les problèmes politiques, économiques, et sociaux qui l'assaillent de toutes parts». Aussi, conclut-il, cette «intensification des violations et des transgressions des droits et des libertés perceptibles actuellement va de pair avec la fin du parcours d'un régime politique qui se rapproche». Ce que ce même régime «et avec lui toutes ses clientèles politiques intéressées savent». Connaissant parfaitement les mœurs du système, Benflis ajoutera cette phrase assassine : «Tout comme ils savent que l'alternative démocratique est en marche et que les combats d'arrière-garde n'en arrêteront pas le cours». Allusion faite à la succession qui se prépare...