C'est un véritable congrès de l'opposition politique qui se tiendra mardi à Zeralda, à l'initiative de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). Une première dans les annales politiques algériennes que cette escale qui se propose comme rampe de lancement pour une dynamique de changement. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Le pouvoir, qui a manqué de dessiner des perspectives pour le pays, en dépit de sa longévité, aura réussi à rapprocher les partis de l'opposition qui, dès avant l'élection présidentielle du 17 avril dernier, se sont cherchés des synergies et des convergences à même de structurer des alternatives viables. Le Front du boycott du scrutin présidentiel, qui s'est prolongé dans la CNLTD, après le 17 avril, s'est voulu un commun effort du RCD, du MSP, d'Ennahda, de Jil Jadid, du FJD, d'El Islah et d'Ahmed Benbitour de disqualifier politiquement une compétition jouée d'avance. La candidature du Président sortant, Abdelaziz Bouteflika, malade et dont l'impotence était avérée, a suscité cette réaction de groupe et a aidé à dépasser les clivages et autres querelles qui ont de tout temps miné l'opposition algérienne. L'idée d'un changement pacifique étant partagée, il fallait aux animateurs du Front du boycott agir sur les possibilités de consensus afin de dégager un minima politique et structurer une démarche. Pari réussi, puisque le Front, devenu CNLTD, a pu garder le cap jusqu'à parvenir à la conférence nationale à laquelle du beau monde est attendu. La plate-forme politique, qui servira de référent de base aux débats lors des assises de mardi, est un document finement élaboré où les attendus sont clairement énoncés. En atteste d'ailleurs l'écho favorable que cette plate-forme a suscité auprès de la classe politique et des personnalités nationales. Le Pôle du changement, structuré à l'initiative de l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis et des partis et personnalités ayant accompagné sa candidature à la présidentielle d'avril dernier, sera représenté à la conférence. De même pour le Front des forces socialistes (FFS) dont les structures dirigeantes ont tranché vendredi la participation. Des personnalités et des acteurs de la société civile ont également confirmé leur participation à ce rendez-vous qui n'est qu'une étape dans une dynamique appelée à se consolider davantage à l'avenir. La conférence de ce mardi n'associe pas les représentants du pouvoir en place. L'objectif étant que le conclave débouche sur une feuille de route consensuelle mais aussi sur un rapport de force conséquent qui contraindra le pouvoir à accepter le changement. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui a présenté la semaine dernière sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée populaire nationale (APN), a affirmé rejeter toute idée de transition. D'ailleurs les manœuvres n'ont pas manqué pour saborder la conférence nationale de la CNLTD. La dernière en date est l'annulation par l'administration du Hilton d'une réservation de salle qu'elle avait auparavant confirmée. La CNLTD, qui a dénoncé la manœuvre, s'était retrouvée dans l'obligation de trouver dans des délais très courts un lieu de substitution. Elle a fini par arracher l'autorisation de tenir sa conférence à l'hôtel Mazafran, à Zeralda. Une conférence qui fera l'événement et ajoutera, à coup sûr, un peu d'éclipse aux consultations menées par Ahmed Ouyahia autour de la nouvelle Constitution. Des consultations boudées par l'opposition.