L'écrivain Amin Zaoui a animé la deuxième édition du forum culturel initié par la direction de la culture de la wilaya de Jijel en présence d'une nombreuse assistance à la salle des conférences du centre culturel islamique Ahmed-Hemani. En effet, lors de cette édition, l'auteur Du miel de la sieste a fait un tour d'horizon sur la création littéraire en deux langues à partir de sa riche expérience. Comme il fallait s'y attendre, l'auteur de La soumission a tiré à boulets rouges sur les tendances conservatrices moralisantes dans l'œuvre litterraire en citant les ouvrages Abennouas, Les Mille Et Une Nuits et certains chefs-d'œuvre de la littérature arabe du temps des Abbassides. A ses yeux, ces chefs-d'œuvre étaient plus osés concernant la question du tabou et du sacré. L'auteur de La reine a déclaré ouvertement que celui qui n'aborde pas le tabou n'est pas un vrai romancier. Interrogé sur l'algérianité de la littérature algérienne écrite en langue française, Amin Zaoui a estimé que «l'âme des œuvres de Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Kateb Yacine est indiscutablement algérienne car leur imaginaire est purement algérien bien qu'elles soient écrites dans la langue de Voltaire. «Je ne partage pas l'avis qui disait que la langue française est un butin de guerre car je suis un enfant de l'Algérie post-indépendante et je n'ai pas de complexe vis-à-vis de la langue de Voltaire, je maîtrise l'arabe et je comprends l'amazighité.» Sur son passage, réfutant l'incapacité de la langue arabe dans la création littéraire, l'auteur de La Chambre de la vierge impure a souligné que la langue qui a porté le Coran est une langue grandiose et immense. L'hôte du forum culturel n'a pas manqué de mettre l'accent sur le facteur culturel dans la vie des nations et des sociétés en disant, «un peuple cultivé est capable de faire sortir la poubelle au temps précis» sans omettre toutefois de mettre en valeur les efforts consentis par les pouvoirs publics dans le domaine culturel ces dix dernières années. Notons enfin que le modérateur du débat, en l'occurrence le directeur de la culture de la wilaya a réussi le pari de faire de ce forum un espace de débat et d'échange entre Amin Zaoui, dont les œuvres ont été traduites en une dizaine de langues, et des acteurs culturels locaux en quête de ce genre de rendez-vous culturels dans la ville de Jijel.