Ce n'était qu'une question de temps. Boko Haram a décidé de joindre, finalement, ses forces à l'Etat islamique en Irak et au Levant, la nébuleuse en concurrence avec Al-Qaïda. L'annonce en a été faite à travers une vidéo mise en ligne samedi par le groupe djihadiste nigérian. Ainsi, le groupe Ahl Al Sunna pour la prédication et le djihad, autrement appelé Boko Haram, a tranché en rejoignant les rangs de Daesh après avoir fait durer le suspense depuis l'été dernier, lorsque Abu Mohamed Abu Bakr Shekau, l'imam attitré de Boko Haram, dans un enregistrement vidéo, clamait son soutien aussi bien à l'éminence grise d'Al-Qaïda, Aymen Al-Zawahiri, qu'à son alter ego de l'Etat islamique, Abu Bakr Al-Baghdadi. C'est une allégeance qui, en fait, coupe court à l'idée selon laquelle Boko Haram n'aurait pas d'autre prétention que de faire sien le territoire compris entre le Nigeria et le nord du Cameroun. Ceci, en tous les cas, conforte la thèse du Président nigérian Jonathan Goodluck qui, sans trop vouloir s'étaler en détails précis, affirmait en février dernier disposer d'éléments irréfutables quant aux liens unissant Boko Haram avec Daesh qui, ainsi, s'étend encore un peu plus en Afrique où il s'est déjà assuré le ralliement du mouvement égyptien Ansar Beit Al Maqdes et des Libyens de Madjlis choura chabab al-islam. Ceci, après la tentative, apparemment avortée, de gagner à sa cause un groupuscule des djihadistes algériens de Jund Al-Khilafah mené par Abdelmalek Gouri, abattu le 22 décembre dernier, quelques semaines après l'enlèvement puis l'assassinat du touriste français Hervé Gourdel, le premier acte signé Daesh en Algérie. Ce ralliement, pas surprenant pour certains spécialistes internationaux, intervient alors que Boko Haram se retrouve confronté à une offensive telle qu'il n'a pas connue depuis son irruption sur la scène sécuritaire internationale en 2009. En effet, depuis quelques jours, l'armée nigériane, avec le soutien de ses alliés tchadiens, nigériens et camerounais, a repris aux islamistes plusieurs villes stratégiques, donnant un tout autre cours à la lutte contre Boko Haram qui, il faut le souligner, a agi dans l'indifférence internationale jusqu'à cette prise en otage de 237 lycéennes dans le nord-est du Nigeria, il y a près d'une année.