C'est ce matin que s'ouvrira, au niveau de la cour d'assises d'Alger, le procès de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest. Au total, elles seront 23 personnes et des compagnies étrangères (Chine, Suisse, Japon, Portugal, Canada), à répondre selon l'arrêt de renvoi des chefs d'inculpation «d'association de malfaiteurs, d'abus de pouvoir, de corruption, de blanchiment d'argent et de dilapidation de deniers publics». Abder Bettache - Alger (Le Soir) La principale question qui sera sans aucun doute soulevée par les observateurs de la question judiciaire est celle relative à une demande qui serait formulée par la défense pour l'audition de l'ex-ministre des Travaux publics en sa qualité de témoin à décharge. Si sur la question de la procédure, la requête est recevable dans la forme, il n'en demeure pas moins que le président du tribunal criminel risque de ne pas donner suite à la demande de la défense. Une hypothèse des plus plausibles, d'autant que dans cette affaire, il n'y a pas eu constitution de partie civile. A ce propos, il est important de noter que le ministère concerné par ce scandale n'a pas procédé à un dépôt de plainte dans cette affaire. Ainsi, si certains avocats considèrent que «l'audition d'Amar Ghoul dans cette affaire n'apportera aucun élément nouveau du fait qu'il avait déjà répondu aux questionnaires qu'ils lui ont été adressés lors de l'instruction, d'autres à l'instar des défenseurs du principal mis en cause dans cette affaire, en l'occurrence M. Chani Medjdoub, n'écartent pas cette hypothèse». Pour rappel, dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, 23 personnes et des compagnies étrangères (Chine, Suisse, Japon, Portugal, Canada), sont poursuivies, selon l'arrêt de renvoi pour «association de malfaiteurs, abus de pouvoir, corruption, blanchiment d'argent et dilapidation de deniers publics». Il est important de rappeler que les pourvois en cassation introduits par les différentes parties font suite au verdict de la Chambre d'accusation près la cour d'Alger. Le verdict de cette dernière datant de novembre 2011 avait contraint tant la défense que l'accusation à se pourvoir devant la Cour suprême. Ainsi, outre le renvoi du dossier devant le tribunal criminel, l'instance judiciaire (Chambre d'accusation) a signifié une fin de non-recevoir aux demandes formulées par la défense, concernant la levée du contrôle judiciaire et la liberté provisoire pour les mis en cause. La Chambre d'accusation avait également inculpé cinq sociétés étrangères, deux suisses, une portugaise, une italienne et une canadienne, de «trafic d'influence et corruption», et les a disculpées du grief «d'association de malfaiteurs». Les mêmes chefs d'inculpation ont été retenus également contre la société japonaise Cojaal et la société chinoise Citic-CRCC. Selon le code de procédure pénale, les sociétés susnommées seront jugées en correctionnelle. Cette affaire, faut-il le préciser, se distingue du fait qu'elle concerne le chantier le plus cher du continent africain. Il s'agit de la réalisation de 927 km de l'autoroute Est-Ouest en 40 mois pour un coût de 11,4 milliards de dollars, qui est devenu subitement le plus grand scandale de corruption en Algérie. Le scandale, faut-il le rappeler, avait éclaté dès 2009, lorsque la justice avait été saisie d'un dossier du dénommé Chani Medjdoub, travaillant pour le consortium chinois Citic-CRCC, alors engagé dans la construction de l'autoroute Est-Ouest. Le projet de l'autoroute Est-Ouest s'étire sur 1 200 km pour relier la frontière tunisienne à la frontière marocaine. Le montant du projet de 11,4 milliards de dollars classe ce contrat parmi les trois plus importants marchés signés en Afrique.