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Le Yémen, une crise multidimensionnelle
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 04 - 2015


Par Mustapha Zeghlache
Aujourd'hui, le Yémen s'embrase et le tourbillon de feu qui le consume risque d'entraîner toute la région dans un conflit armé aux conséquences incalculables sur sa stabilité et sa sécurité.
Comment, pour quelles raisons et à quelles fins ce pays se voit-il livré à lui-même et aux forces de destruction les plus rétrogrades et les plus féroces qu'il ait connues depuis des lustres, et ce, sous le regard impuissant de la communauté internationale pourtant prompte à réagir s'agissant d'autres contrées du monde ? Quelle lecture faire de l'ingérence étrangère, notamment arabe, qui vient aggraver le chaos déjà présent ?
C'est à ces questions et à bien d'autres que tentera de répondre, dans une certaine mesure, la présente réflexion dont l'objectif est de mettre à la disposition du lecteur du Soir d'Algérie un minimum d'éléments d'information et d'analyse sur les tenants et les aboutissants de la crise yéménite.
L'Arabie heureuse, un eldorado perdu
Parmi les diverses contrées de la péninsule Arabique, celle du Sud et qui correspond peu ou prou a l'actuel Yémen était exaltée par les géographes et les historiens grecs et romains tels Strabon, Artemidore d'Ephese et Diodore de Sicile, qui la surnommaient l'«Arabie heureuse» ou «Arabia Felix». Le pays était réputé, notamment pour la culture de l'encens et de la myrrhe, gomme aromatique, pour la beauté de ses jardins et la variété de ses produits agricoles tirés des terres parmi les plus fertiles de la péninsule. Le commerce de ces produits et de bien d'autres a fait la renommée, la richesse et la puissance de ce pays.
Aujourd'hui, l'Arabie heureuse n'est plus qu'un très lointain souvenir. Le Yémen est devenu un pays pauvre, le seul pays arabe de la région classé par les Nations unies parmi les 48 pays les moins avancés (PMA) de la planète et les 9 PMA en Asie. D'ailleurs, quelques indices socioéconomiques le confirment.
Avec près de 26 millions d'habitants, le Yémen est le deuxième pays le plus peuplé de la région, après l'Arabie Saoudite. Mais c'est aussi le pays le plus pauvre de la péninsule avec un PIB par habitant de 1 516 $ en 2013 (contre 24 953 $ pour l'Arabie Saoudite et 5 606 $ pour l'Algérie, à la même date).
L'agriculture couvre à peine un quart des besoins du pays et la plus grande quantité d'eau est consacrée à l'irrigation des arbustes du qat dont la mastication crée un effet euphorisant pour la majeure partie des Yéménites. Le nombre de personnes vivant en deçà du seuil de la pauvreté est passé de 42% en 2009 à 54,5 % de la population en 2013. Ajoutons que près de 45% de la population se trouve en situation de grande précarité alimentaire, et près de 62% des enfants souffrent de malnutrition, alors que le taux de croissance démographique reste élevé, à 2,57%.
Le secteur pétrolier, qui représente 86% des recettes en devises du pays et 65% des recettes budgétaires de l'Etat, est en déclin (épuisement des gisements vers 2020) et le pays demeure un modeste producteur de pétrole (156 500 barils/jour en 2012). Des gisements de gaz ont été découverts, mais leur exploitation à grande échelle reste freinée par l'instabilité chronique du pays.
En termes d'indices de développement humain, le Yémen est classé par le Pnud à la 154e place sur un total de 187 pays.
Enfin, the last but not the least, le pays est classé par Transparency International sur la corruption à la 161e place sur 171 pays et selon Reporters sans frontières pour la liberté de la presse, le Yémen est logé à la 167e place sur 180 pays !
Cette déplorable situation socioéconomique est aggravée par un ensemble de facteurs politiques, confessionnels et sécuritaires déstabilisants pour ce pays, apparus depuis bien avant le 22 mai 1990, date de sa réunification.
A une division héritée de la période de domination étrangère succède une unification au forceps :
Pour rappel, le Yémen contemporain a été, jusqu'en 1990, divisé en deux Etats : la République arabe du Yémen, ou Yémen du Nord (1962-1990), et la République démocratique et populaire du Yémen ou Yémen du Sud (1967-1990). Cette partition a été la conséquence de l'occupation étrangère, ottomane, pour le Nord, et britannique pour le Sud.
Des tentatives d'union eurent lieu en 1972 et en 1981, mais n'ont pas abouti, les clivages politiques et idéologiques entre les deux régimes, l'un libéral (Nord), l'autre socialiste (Sud), et l'influence étrangère n'ayant pas permis au processus de réussir. En 1989, les négociations ont repris entre les deux Etats et abouti, le 22 mai 1990, à la proclamation de la République (unie) du Yémen. Une Constitution a été adoptée par référendum populaire en mai 1991, jetant les bases politiques et institutionnelles du nouveau Yémen. Mais contre toute attente et alors que le processus d'unification s'était déroulé pacifiquement, les relations entre les leaders des deux pays se détériorent et une grave crise politique se produit en mai 1994. Les dirigeants sudistes proclament alors la création de la République démocratique du Yémen, et c'est la guerre. Près de 10 000 Yéménites ont péri avant que les troupes du Nord ne prennent le contrôle de tout le pays. La première élection présidentielle du Yémen unifié eut lieu le 23 septembre 1999 et aboutit à la victoire de l'ancien président du Yémen du Nord, Ali Abdallah Salah. Il sera contraint de céder le pouvoir en février 2012 après le soulèvement populaire ou «Printemps yéménite».
Une transition avortée
Dans le sillage de la contestation populaire des régimes autocratiques dans certains pays arabes, le peuple yéménite a occupé la rue de janvier 2011 à février 2012, par un mouvement révolutionnaire qui réclamait la dignité, la liberté, la démocratie et la justice sociale.
La répression du pouvoir en place dont le symbole était le président Ali Abdallah Salah, au pouvoir depuis 32 ans, n'a pas pu venir à bout de la révolution. Le président Salah a dû céder la présidence à son vice-président Abd Rabo Mansour Hadi, sous la pression du peuple et des monarchies du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, qui lui ont assuré l'immunité. Une phase de transition a été adoptée par les différents protagonistes sur la base d'un plan élaboré par les pays du Conseil de coopération du Golfe. Dans ce cadre, le pouvoir et les partis de l'opposition ont signé un mécanisme de mise en œuvre du plan de transition en deux phases.
La première (90 jours) aboutit au transfert des pouvoirs présidentiels au vice-président Hadi et son élection, le 21 février 2012, à la présidence de la République pour un mandat de deux ans (le mandat présidentiel habituel est de 7 ans). La seconde (deux ans) prévoit une conférence du dialogue national qui devait aboutir à l'adoption d'une nouvelle Constitution.
Par ailleurs et eu égard aux nombreuses difficultés de mise en œuvre de la transition, le Parlement a prorogé d'une année, en février 2014, le mandat du président Mansour Hadi. Mais l'offensive houthie qui a débordé du nord du pays vers d'autres régions du Yémen et la capitale a bouleversé l'échiquier politique en place. En effet, après que les rebelles houthis aient occupé le palais présidentiel le 20 janvier 2015, un accord a été signé entre eux et le président Hadi en vue d'un amendement de la Constitution et de la représentation des Houthis et de leurs alliés au gouvernement.
Mais les Houthis voulaient aller plus loin et exigèrent qu'un des leurs membres soit nommé vice-président. C'est alors que le président Hadi décida de présenter, le 22 janvier 2015, sa démission. Elle fut rejetée par le président du Parlement.
Les Houthis décident ensuite de dissoudre le Parlement le 6 février 2015. Cette décision avait été unanimement condamnée à l'étranger, notamment par le Conseil de sécurité des Nations unies. Devant la persistance de Hadi à vouloir démissionner, les Houthis l'ont placé en résidence surveillée. Ils ont institué une autorité intérimaire, le Comité de la Révolution que préside Mohamed Ali Al Houthi et mis au point une déclaration constitutionnelle, une sorte de charte nationale.
Le 21 février 2015, Hadi prit la fuite vers Aden d'où il adressa un message au Parlement indiquant qu'il renonçait à sa démission et demandait aux membres du gouvernement à Sanaa de le rejoindre à Aden. En réaction, les Houthis promettent de le juger pour trahison. Devant leur progression vers Aden, Hadi trouve refuge en Arabie Saoudite. Ainsi, la transition qui devait mettre fin à l'instabilité institutionnelle a été avortée.
Les principaux protagonistes de la crise
Même «principaux», les protagonistes de la tragédie yéménite sont, malheureusement, nombreux. Ils représentent différents groupes d'intérêt et de pression qui recourent aux soutiens de divers segments ethniques, confessionnels, idéologiques, politiques et économiques antagoniques de la société yéménite, pour conquérir ou se maintenir au pouvoir, par la violence si nécessaire.
1- Le mouvement houthi : alors que la majorité (60 à 70%) de la population yéménite est sunnite, les Houthis zaydites représentent une forte minorité confessionnelle du pays (30 à 40%). Installés principalement au nord du pays, les Houthis appartiennent au schisme zaydite, une minorité du rite chiite. La branche politique du mouvement est Ansarullah.
Pour rappel, le zaydisme est un schisme né d'un contentieux politique au sein du chiisme. Il s'agissait de la succession de l'imam Ali Zayn Al Abidine dont l'arrière grand-père n'est autre que l'imam Ali, époux de Fatima et gendre du Prophète Mohamed (QSSSL). Zayd Ben Ali disputait la succession à son frère Mohammed Al Baqir. Zayd qui combattait les Omeyyades a été tué à Koufa (Irak).
Les Zaydites dont sont issus les Houthis, s'opposent au chiisme duodécimain dominant (90%) surtout en Iran, sur de nombreux points théologiques et doctrinaux. Au plan doctrinal et en tant que chiites arabes, les zaydites sont proches des malékites. La communauté zaydite a dirigé le nord du Yémen de 1918 à 1962. Un de ses plus prestigieux leaders, l'imam Yahya Muhammad Hamideddin, a fondé en 1918, au départ des Ottomans qu'il a combattus en 1911, un Etat (imamat chiite) connu sous le nom de Royaume Mutawakilte du Yémen. L'imamat a été aboli par un coup d'Etat militaire, le 2 septembre 1962, date de la naissance de la République arabe du Yémen (Nord).
Parmi les plus importantes batailles livrées par les Houthis au pouvoir central, figure celle de Saada, l'ancienne capitale du royaume zaydite, en 2004, durant laquelle le leader houthi Hussein, fils de Badreddine, fut tué. Depuis, c'est son frère, Abdelmalek, qui dirige les miliciens d'Ansarullah. En sus des revendications socioéconomiques en faveur de leur communauté marginalisée, les Houthis revendiquaient une plus grande représentation au sein des rouages de l'Etat. Ils sont foncièrement anti-Israéliens, anti-Américains et cultivent pour la monarchie saoudienne une haine viscérale.
Ils sont accusés par leurs adversaires internes et externes de vouloir, non seulement renverser l'ordre établi, mais aussi de travailler pour l'hégémonie iranienne dans la région et pour la propagation et la domination du chiisme dans la région.
L'offensive lancée contre les forces gouvernementales en 2014 leur a permis de conquérir la majeure partie du territoire national et occuper, en septembre, la capitale Sanaa. Leur organisation militaro-religieuse Ansarullah a commis beaucoup d'exactions contre les autres organisations sunnites. C'est une fois que leurs troupes étaient sur le point de prendre aussi Aden, en mars 2015, où était refugié le président Hadi, que l'Arabie Saoudite a décidé de passer à l'action.
Pour leur part, les dirigeants houthis justifient leur offensive contre le pouvoir central par leur volonté de... défendre les acquis de la révolution ! Ce qui leur a permis d'acquérir la sympathie de nombreuses couches populaires, en plus de la communauté zaydite, marginalisées par le pouvoir. Et, paradoxe de la crise yéménite, les Houthis ont trouvé en l'ex-président Ali Abdallah Salah leur ennemi juré durant des années, un allié politique et militaire de choix. Salah, aussi originaire du Nord, a mis les structures et les fidèles militants du parti du Congrès général du peuple et ses troupes au service des Houthis, car il a une revanche à prendre sur ceux qui l'ont évincé du pouvoir.
De plus, il ne cache pas son ambition de préparer le terrain à la conquête de la présidence de la République pour son fils aîné Ahmed, ex-commandant de la Garde nationale. La présence des troupes fidèles à Salah renforce, certes, militairement les Houthis, mais leur permet surtout de donner à leur action une «coloration» politico-sociale qui transcende l'antagonisme entre chiites et sunnites.
2- Le parti Al Islah : au lendemain du départ d'Ali Abdallah Salah, la principale formation politique de l'opposition sunnite, Al Islah, une alliance entre les Frères Musulmans et certains leaders tribaux qui leur sont proches, avaient estimé le moment favorable pour s'insérer avec force dans les rouages du pouvoir. Comme un peu partout dans le monde arabe, les Frères Musulmans constituaient la force politique la mieux structurée et organisée pour tenter de récupérer, à son compte, les fruits de la révolution. Ils avaient acquis une certaine popularité auprès des insurgés auxquels ils avaient apporté leur «savoir- faire organisationnel» et l'appui logistique nécessaire pour se défaire du régime dictatorial en place. C'est ainsi que certains cadres d'Al Islah se retrouvent dans le gouvernement d'union nationale, constitué en novembre 2011. Se prévalant de la légitimité révolutionnaire, Al Islah s'estimait nécessaire à la réussite de la transition politique et, par conséquent, avait déclaré son soutien au processus engagé et au président Mansour Hadi. Mais l'offensive houthie a bouleversé leurs plans. Aujourd'hui, leurs hommes organisent des attentats et des embuscades contre les troupes houthies.
3- Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa) : L'Aqpa est née de la fusion, en janvier 2009, des branches saoudienne et yéménite de la mouvance Al-Qaïda.
La section saoudienne qui avait subi de sérieux revers en Arabie Saoudite avait trouvé refuge au Yémen, un pays partiellement déstructuré, dont l'Etat est faible et impuissant face à la dégradation de la situation sécuritaire. Se prévalant des préceptes de l'islam sunnite rigoriste et fondamentaliste, l'Aqpa a acquis au fil des ans de la vigueur dans sa lutte à la fois contre le pouvoir central, pourtant en majorité sunnite, les chiites zaydites d'Ansarullah et les intérêts des pays occidentaux. Elle est fortement implantée dans le sud et le sud-est du Yémen.
Elle avait prêté allégeance à Oussama Ben Laden dont le père était originaire du Yémen. Les opérations de l'armée régulière contre cette organisation sont renforcées par les frappes américaines ciblées utilisant les drones.
4- L'organisation «Etat islamique» : autre organisation armée sunnite-salafiste, l'EI est d'implantation récente au Yémen. Foncièrement anti-chiite et antioccidentale comme l'Aqpa, l'EI s'est manifestée récemment par des attaques suicide notamment à Sanaâ, occupée par les troupes houthies. L'émergence de cette organisation dans un pays en proie à diverses formes de défis et de violences politiques et confessionnelles enfonce davantage le pays dans le chaos et accroît les inquiétudes des autorités et des puissances régionales et occidentales.
La lecture linéaire de l'histoire événementielle de ce pays pourrait suggérer que la société yéménite porte en elle-même les germes de la violence et de la division. Cette sorte de «déterminisme historique» est naturellement irrationnelle et cacherait mal des intentions inavouées pour occulter la réalité.
Il est vrai que lorsque le chaos s'instaure dans un pays, il le rend vulnérable à l'action des forces hostiles qu'elles soient locales ou étrangères.
L'opération «Tempête décisive»
L'arrivée des Houthis aux portes d'Aden où s'était refugié Mansour Hadi a été la goutte qui a fait déborder le vase. Il faut reconnaître que leurs troupes appuyées par celles d'Ali Salah ont commis beaucoup d'exactions sanglantes contre leurs opposants sunnites. Ayant senti le vent de la victoire totale se lever en leur faveur, ils ont été ragaillardis par leurs conquêtes militaires et s'imaginaient que le pouvoir était mûr pour être cueilli, oubliant la capacité de résistance de leurs adversaires tant internes qu'externes au Yémen. Leur responsabilité dans l'anarchie et la guerre qui secouent le pays est grande, au même titre que le pouvoir central qui les a longtemps ignorés, en tant que minorité chiite.
De par leur appétit insatiable du pouvoir, ils ont semé l'inquiétude non seulement auprès de leurs adversaires internes mais aussi et surtout auprès des alliés de ces derniers, en premier l'Arabie Saoudite qui, certainement, ne pouvait rêver de meilleure opportunité pour agir en déclenchant l'opération «Tempête décisive».
C''est une opération militaire aérienne qui s'est étendue à l'espace maritime. Elle est menée par des pays arabes contre un autre pays arabe, membre de la Ligue arabe. Elle a été engagée le 26 mars 2015 par l'Arabie Saoudite et une coalition d'une dizaine d'Etats arabes, et soutenue par la Turquie, le Pakistan, voire aussi certains pays africains.
Il y a lieu de rappeler que l'Arabie Saoudite n'est pas à sa première intervention armée au Yémen. En effet, la monarchie des Ibn Saoud est déjà intervenue militairement dans ce pays, en 1934 contre les Houthis. Cette intervention avait pour prétexte un litige territorial, frontalier. En fait, elle visait essentiellement à empêcher des chiites de maintenir un Etat à la frontière du bastion du sunnisme.
De même l'Arabie Saoudite est intervenue militairement au Nord-Yémen et s'est confrontée à l'Egypte lors de la crise de 1962-1970. Les troupes saoudiennes soutenaient les royalistes, tandis que les troupes égyptiennes, les républicains. Le conflit qui a duré d'octobre 1962 à avril 1970 avait fait environ
40 000 victimes dont près de 1 000 Egyptiens. C'est à Djeddah que fut signé, le 14 avril 1970, l'accord de paix qui mit fin à ce conflit. Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler le rôle de médiateur joué en 1964 par l'ancien président algérien Ahmed Ben Bella de concert avec le président irakien Aref et la Ligue arabe, pour parvenir à un premier cessez-le-feu.
Enfin, en 2007, 2009 et 2011, les forces armées saoudiennes sont intervenues en appui aux troupes régulières yéménites pour réprimer les Houthis et les manifestants du «printemps yéménite».
Toutes ces interventions avaient été menées par l'Arabie Saoudite, en dehors de toute légalité internationale — l'agression américaine contre l'Irak en mars 2003 ayant fait école —, avec la bénédiction des puissances occidentales et le silence complice de la Ligue des Etats arabes. L'Arabie Saoudite agit au Yémen comme dans sa chasse gardée. Certaines sources indiquent que le «dossier Yémen» relève directement du monarque et échappe aux autres structures de l'Etat, y compris le ministère des Affaires étrangères.
Mettant l'essentiel de ses capacités militaires dans cette opération, Ryadh a mobilisé à elle seule plus de 150 000 militaires et 100 avions de combat. Une véritable armada pour contrer des insurgés !
Les initiateurs de la «Tempête décisive» semblent dans l'impossibilité de dire si elle s'inscrit dans une durée déterminée. Dès le départ, le porte-parole militaire de la coalition a déclaré qu'elle durera jusqu'à la reddition des rebelles et se limitera à l'action aérienne et maritime (ports yéménites soumis au blocus et bombardements à partir de la mer) et que, pour l'heure, l'intervention terrestre n'est pas à l'ordre du jour. Par contre le président Hadi et son entourage yéménite en exil insistent pour un déploiement de forces terrestres.
Mais les Saoudiens connaissent pertinemment la nature accidentée du relief yéménite qui offre des abris sûrs aux insurgés et sont conscients de leur capacité de résistance, même sommairement armés. Toute aventure sur le terrain serait hasardeuse et très coûteuse humainement et financièrement. Ils redoutent un bourbier yéménite où la guérilla leur ferait beaucoup de dégâts.
D'ailleurs, l'expert Frederic Wehrey, spécialiste des questions du Golfe à l'Institut Carnegie Endowment for International Peace, rappelle que «les raids aériens sans forces correspondantes sur le terrain ne produisent pas de victoire décisive».
D'autres, à l'image de Sultan Barakat, chercheur à l'Institut Brooklings, pensent que «les Saoudiens auraient dû intervenir bien avant et pas nécessairement en bombardant». Par ailleurs, les conséquences de la guerre sur la population — les fameux dommages collatéraux invoqués par les terroristes israéliens lors de leurs différentes agressions contre Ghaza — pourraient inciter celle-ci à se désolidariser de l'opération.
Les réactions à l'opération «Tempête décisive»
L'Arabie Saoudite, ses alliés de la coalition et le président Hadi accusent les Houthis d'agir pour le compte de Téhéran. Ce que démentent les Houthis qui déclarent revendiquer seulement une plus grande représentation de leur communauté au Yémen et souhaitent «une transition en douceur». Dans une réaction immédiate aux raids des coalisés, Abdelmalek Al Houthi a condamné l'agression et promis une riposte des Yéménites. A l'évidence, les manifestants houthis scandent des slogans anti-Américains et anti-Israéliens semblables à ceux entendus dans les rues iraniennes et lors des manifestations du Hezbollah libanais, surtout en période de l'Achoura. Mais est-ce suffisant pour être taxé de vassal de Téhéran ?
Pour les dirigeants saoudiens, si la région est en proie à des troubles politiques, confessionnels et sécuritaires, c'est l'Iran (et ses alliés) qui en est responsable. L'ambassadeur saoudien a Washington est on ne peut plus explicite à ce sujet, lorsqu'il déclare sur la chaîne TV américaine Fox News : «Les Iraniens s'ingèrent dans les affaires des pays arabes, que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak ou au Yémen. Ce que nous ne pouvons tolérer !»
L'opération «Tempête décisive» a engendré, dès le premier jour, une cascade de réactions officielles dont on ne retiendra que celles de l'Iran, des Etats-Unis et leurs alliés britannique et français, de la Turquie et de la Russie.
Téhéran, pour sa part, nie toute implication dans le conflit et condamne l'intervention. Les dirigeants iraniens évitent, dans leurs réactions, de mentionner un quelconque soutien aux insurgés houthis et récusent les accusations de soutien direct à ces derniers et de propagation de l'instabilité au Yémen
Dès le déclenchement des raids, le jeudi 26 mars 2015, le président Hassan Rohani a condamné «l'agression militaire contre le Yémen». Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Djawad Zarif, a averti que «si nous prenons cette route de la guerre par procuration, le conflit sera parti pour durer des années». L'ayatollah Kazem Sadeghi a appelé à «une cessation immédiate de toutes les agressions militaires et frappes aériennes contre le Yémen et son peuple».
Aussi, et si l'offensive houthie a dû être favorablement accueillie par les dirigeants iraniens, ces derniers ont par contre fait montre d'une grande prudence certainement pour ne pas compliquer leurs relations avec les Occidentaux, notamment les Américains, au moment où les négociations sur le programme nucléaire étaient sur la bonne voie pour aboutir. L'accord-cadre signé à Lausanne – Suisse — le 2 avril 2015 entre l'Iran et les 5+1 en est la preuve. Cette situation ne leur permet pas de prendre le risque de perdre les avancées acquises concernant ce programme qui est la hantise de tous les Etats du Golfe. Par ailleurs, le dialogue qui semble aisé avec l'administration Obama risque de cesser si le prochain titulaire de la Maison-Blanche est républicain. Les républicains ne cachent pas leur soutien à la stratégie des Israéliens tendant à faire échouer, coûte que coûte, ces négociations. Certaines sources occidentales et arabes indiquent que Téhéran apporte une aide financière aux Houthis. Mais rien ne transparaît outre que des déclarations d'indignation et des appels au dialogue inter-yéménite. L'arraisonnement, par les autorités yéménites, d'une cargaison d'armes en provenance présumée d'Iran en février 2013 et notifiée au Conseil de sécurité semble avoir été déjà oubliée par tous, y compris les Nations unies. Pour leur part, les Etats-Unis ont eu une réaction plutôt tempérée.
L'agenda des discussions sur le programme nucléaire iranien devait être pour quelque chose dans l'attitude américaine. Le Président Obama qui a échoué à mener les dirigeants extrémistes israéliens à la table des négociations avec les Palestiniens semble peser de tout son poids pour que son passage à la Maison-Blanche soit marqué au plan de la politique internationale par au moins deux succès historiques, à savoir le rétablissement des relations diplomatiques américano-cubaines et l'accord définitif sur le programme nucléaire iranien.
Néanmoins, le département d'Etat a publié un communiqué exprimant le soutien des Etats-Unis à «la légitimité du président Hadi» et réaffirmant leur appui à «ses efforts visant à sortir le pays de la crise». Le président Obama a annoncé un «soutien logistique et de renseignement» de son pays. Sur le terrain, Washington qui a fermé en février son ambassade à Sanaâ «en raison de la détérioration de la situation sécuritaire» a procédé à l'évacuation de son personnel civil et militaire «hors du Yémen», et affecté une dizaine de militaires dans une cellule de coordination avec la coalition, «chargés de maintenir les lignes de communication ouvertes par les Etats-Unis avec les pays du Golfe», selon le Pentagone. Il n'y a que du côté du Conseil de sécurité nationale où le ton est plus incisif à l'égard de l'Iran.
Le porte-parole de cette institution, Alistair Baskey, a fait part des «inquiétudes (américaines) concernant les activités iraniennes au Yémen et les informations de transfert d'armes qui contribuent à la déstabilisation et à la menace pesant sur le gouvernement légitime».
Parmi les alliés occidentaux de Washington, signalons le soutien britannique et français à l'opération «chargée de la restauration de la stabilité et l'unité du Yémen». La France «condamne les actions de déstabilisation conduites par la rébellion houthie et appelle ceux qui la soutiennent à s'en dissocier immédiatement et revenir au processus politique», selon un communiqué du Quai d'Orsay.
Ces trois pays ont fermé leurs ambassades en février 2015. Seuls les Américains ont laissé «quelques éléments des forces spéciales sur le terrain, dans le cadre de la poursuite de la lutte antiterroriste». Autre bastion du sunnisme, la Turquie a, par la voix de son président Recep Tayyip Erdogan, accusé l'Iran de «semer l'instabilité au Moyen-Orient». Dans un entretien à la chaîne de télévision française France 24, il a demandé que «l'Iran et les groupes terroristes se retirent du Yémen». Au lendemain du déclenchement de l'opération «Tempête décisive», la Turquie annonçait son soutien logistique à la coalition. Le ministre turc des Affaires étrangères a été plus précis en proposant un partage de renseignements avec le commandement de l'opération et l'envoi au Qatar d'une «mission de formation (militaire)». Il a ajouté que son pays restait à «l'écoute des pays du Golfe pour se déterminer».
Seule voix discordante, parmi les puissances de ce monde, la Russie a fait savoir son opposition à l'opération. Le jour même de son lancement, soit à la veille de la reprise des négociations sur le nucléaire iranien à Lausanne, en Suisse, le Président Poutine a eu un entretien téléphonique avec le président Rohani à l'issue duquel Moscou a publié un communiqué. Dans ce contexte, la «Russie insiste sur la nécessité de stopper immédiatement les hostilités et de relancer les efforts en vue d'une solution pacifique au conflit». De même, Moscou appelle «les parties en conflit et leurs alliés extérieurs à cesser toute action militaire».
Enfin, la Ligue des Etats arabes, qui n'a jamais été au-delà des communiqués rituels condamnant le génocide palestinien perpétré depuis le début du XXe siècle par Israël, s'est soudainement rappelé l'existence d'un pacte de défense commune vieux de plusieurs décennies pour parler d'un projet de force arabe commune ! Par la voix de son secrétaire général, l'Egyptien Nabil Al Arabi, elle a exprimé son soutien aux autorités légales du Yémen. Seule l'Algérie a émis des réserves à ce sujet rappelant le principe de non-intervention des troupes algériennes hors du territoire national.
Quelle issue pour la crise au Yémen ?
En fait, on pourrait parler de plusieurs scenarii de sortie, immédiate, à moyen et à long termes, mais rien de concret à ce jour où les combats se poursuivent.
Pour l'instant, l'opération «Tempête décisive», qui rappelle étrangement une certaine «Tempête du désert» américaine en Irak, reflète la tourmente dans laquelle se trouve la région du Moyen- Orient.
Il est évident que l'opération «Tempête décisive» reflète l'exaspération des monarchies du Golfe et leur crainte du débordement du conflit yéménite vers leur propre pays où résident de nombreuses minorités chiites, à l'exception de Bahreïn. D'ailleurs, la seule perspective de la présence d'un Etat dirigé majoritairement par des leaders chiites, même zaydites, constitue un cauchemar qui doit hanter la nuit des dirigeants arabes de la région, en particulier les Saoudiens.
L'intervention militaire saoudienne au Yémen répond aussi au souci de Riyad de redorer son blason de leader du monde musulman sunnite, terni en Irak et en Syrie. Dans ces deux pays, l'Arabie Saoudite et le Qatar qui ont largement contribué à la création et au financement d'organisations extrémistes armées sunnites comme Daech se sont retrouvés en première ligne de combat contre ces mêmes organisations sunnites. Et voilà que les Frères musulmans considérés par l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et l'Egypte de Sissi comme des terroristes deviennent des alliés dans la lutte contre les Houthis accusés d'être à la solde de Téhéran et du Hezbollah libanais.
De même, le poids politique acquis par les communautés chiites en Irak, au Liban et a Bahreïn a de quoi inquiéter les tenants d'un sunnisme rigoriste, wahhabite et fondamentalement anti-chiite.
De même que les revendications politiques et socio-économiques des communautés chiites bouleversent l'ordre établi par les tenants du pouvoir dans ces pays, notamment à Bahreïn où les pays membres du Conseil de coopération du Golfe avaient envoyé leurs troupes prêter main-forte au régime sunnite minoritaire pour mater les manifestants chiites, majoritaires dans ce pays.
Par ailleurs, les pétromonarchies et l'Egypte voient d'un mauvais œil le «rapprochement» irano-américain et insistent pour qu'aucune concession ne soit faite aux Iraniens sur la question de l'arme nucléaire. Ils estiment que celle-ci serait plus dangereuse que celle d'Israël. Ils accentuent les pressions sur leur allié et protecteur américain jusqu'à faire croire qu'à un programme militaire nucléaire iranien, répondraient des programmes nucléaires militaires arabes (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Egypte... notamment). En fait, Ils craignent que l'Iran, même sans arme nucléaire, ne reprenne progressivement le leadership régional qui leur serait catastrophique à tout point de vue. Aujourd'hui, les scenarii sur l'après- «Tempête décisive» des stratèges vont bon train.
Certains estiment que l'opération viserait seulement le retour en force de Mansour Hadi au pouvoir et le rétablissement des instances de transition, d'autres l'empêchement des Houthis d'aller plus loin dans leurs conquêtes pour les affaiblir lors d'éventuelles négociations futures, d'autres enfin l'installation d'une zone tampon entre les belligérants avant le début de ces négociations...
Il est même question que le Conseil de sécurité de l'ONU envoie une force d'interposition ou de maintien de la paix... Les supputations se succèdent et la guerre continue avec son lot de victimes surtout civiles et de destruction d'une économie qui a perdu ce sens depuis longtemps.
Mais, et le Yémen dans tout cela ?
On a déjà souligné que ce pays, aux ressources limitées est, depuis de nombreuses années, en proie à la misère et à l'instabilité. Il est maintenu à flot grâce au peu de pétrole exporté et à l'assistance internationale. Mais c'est aussi un pays qui occupe une importante position géostratégique dans une région par laquelle transite une grande partie des cargaisons de pétrole et de gaz exportées par les pays arabes du Golfe. Et l'éventualité que le Yémen devienne l'allié de l'Iran chiite est tout simplement inconcevable pour les pétromonarchies arabes.
Ce pays aurait pu réussir son «printemps arabe» et bénéficier d'un accompagnement économique, financier et politique de la part de la communauté internationale pour assurer sa transition démocratique. Mais ce ne fut pas le cas.
A ce propos, rappelons seulement que durant le sommet du G8 tenu les 26 et 27 mai 2011 à Deauville (France), le premier tenu en période de révolte démocratique dans le monde arabe, les participants avaient décidé d'allouer une assistance financière de l'ordre de 80 milliards de dollars aux pays arabes du Printemps.
Il était question de les assister dans leur «transition démocratique» avec la mise en place de l'Etat de droit et des institutions y afférentes, partant du principe que «la démocratie demeure le meilleur chemin vers la paix, la stabilité, la prospérité, la croissance partagée et le développement». L'économie de ces pays devait être soutenue par le G8 pour assurer la prospérité de ces jeunes démocraties.
Quatre années après, le bilan est plutôt mitigé, voire presque nul. C'est le président tunisien Caïd Essebsi en personne qui le déclare à une chaîne de télévision française. Le Yémen et les autres pays du «Printemps arabe», dont la Tunisie, peuvent attendre encore longtemps avec l'espoir que le G8 tienne ses promesses.
Le constat est aussi amer quant au Conseil de coopération du Golfe, créé par six monarchies de la région, le 26 mai 1981. Alors que récemment ce club fermé des riches de la région veut s'ouvrir à deux autres monarchies arabes lointaines, de Jordanie et du Maroc, il demeure fermé, depuis sa création, aux pays voisins, le Yémen et l'Irak républicains.
Au plan diplomatique, l'ONU a certes déployé un envoyé spécial au Yémen pour faciliter le dialogue inter-yéménite. Mais force est de constater que la démarche a été peu concluante faute d'un appui manifeste et concret de la communauté internationale.
Finalement et comme ce fut le cas dans d'autres pays arabes, le printemps yéménite a tourné en hiver rigoureux. Les forces rétrogrades internes et étrangères hostiles ont dévié la révolution de sa trajectoire démocratique initiale et installé le chaos. Alors, l'opération «Tempête décisive» est La Solution pour le Yémen ? Il y a de quoi en douter.


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