Le soir d'Algérie : Le compte à rebours pour le lancement de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe » est enclenché. A moins d'une semaine de cet évènement, estimez-vous que Constantine est enfin prête pour accueillir ses hôtes ? Samy Bencheikh El Hocine : Je pense raisonnablement que Constantine sera prête car, en tant que responsable de l'activité culturelle et donc du programme arrêté pour cet évènement selon les diverses disciplines, toutes les infrastructures et tous les espaces dont nous aurons besoin pour la mise en œuvre de notre agenda artistique seront prêts. Le palais de la culture Mohamed-El-Aïd-El-Khalifa, la maison de la culture Malek-Haddad pour les expositions et le Zénith, qui abritera les semaines culturelles des pays arabes et des 48 willayas du pays, seront au rendez-vous. Pour le cinéma, nous commencerons par la Cinémathèque avec son équipement traditionnel et nous aurons incessamment trois salles équipées en système digital (DCP) dans les structures sus-citées. Le théâtre, également, est aux dernières retouches et sera disponible pour son premier spectacle. Pas d'appréhensions ? Ma seule inquiétude, actuellement, est inhérente au spectacle et à la cérémonie d'ouverture et leur gestion d'un point de vue organisationnel et protocolaire, puisqu'il est question d'accueillir des invités étrangers, des personnalités, des walis et des hôtes de marque. Sinon, nous entamons le pavoisement de la ville annonçant le début de la manifestation de même que l'on prévoit la sortie du deuxième numéro de la revue Maqam consacrée à l'évènement et qui sera tirée à 15 000 exemplaires le 14 avril pour être distribuée avant la parade de mercredi prochain. Elle comprendra, notamment, le programme des activités avec des agendas, horaires et précisions sur les contenus des activités et spectacles. Aussi, autant je ne veux pas paraître autosuffisant, je peux dire que, par rapport aux contingences que nous avons connues il y a quelques mois, j'ai toutes les raisons d'être aujourd'hui optimiste. L'ampleur des chantiers lancés simultanément en perspective de cet évènement n'était-elle pas démesurée tant il est vrai que la majorité des projets inscrits n'a pas été achevée ? Avoir vu grand, c'est le propre de l'ambition, néanmoins, depuis l'annonce de la désignation de la ville Constantine pour abriter cet évènement, à la fin de l'année 2012, on aurait pu concrétiser beaucoup de réalisations. Je ne comprends pas, en fait, certains retards qu'on aurait pu éviter et enrayer les débats inutiles qui se sont greffés à la manifestation par rapport à des contrats, à des choix de bureau d'étude, de terrains et autres remises en cause. Des faits impromptus ont aussi empêché l'avancée de certains projets à l'instar de la découverte de vestiges sur le terrain destiné à abriter la bibliothèque de Constantine sans oublier que, durant cette période, Constantine était restée sans wali pendant plus de trois mois et que la nomination de l'actuel chef de l'exécutif est relativement récente. Autant de circonstances impromptues qui ont fait que les travaux démarrent à la hussarde et d'où l'hostilité d'une partie des Constantinois qui ont dû se réveiller un beau jour sur des désagréments et nuisances multiples en raison des travaux tous azimuts lancés simultanément dans leur ville. D'ailleurs, notre première communication à l'adresse des Constantinois a été un message d'excuses et de remerciements pour leur patience devant les ennuis qu'ils ont endurés ces derniers mois. L'évènement présuppose que ce sont toutes des cultures arabes qui seront à l'honneur avec une mise en évidence du patrimoine culturel national de toutes les régions du pays. Ne pensez-vous pas que l'on a tendance à trop focaliser sur Constantine au détriment de la richesse et de la diversité de la culture algérienne ? C'est vrai, et je ne cesse de le répéter aux gens qui ont compris qu'à travers cet évènement, Constantine allait être la capitale de la culture constantinoise seulement, que l'Algérie est l'un des rares pays qui ont une diversité et une richesse culturelles extraordinaires et que la circonstance sied parfaitement à la mise en valeur de tout le patrimoine culturel qu'elle recèle. Je ne vous cache pas qu'à ce propos, j'ai eu quelques soucis avec certaines personnes qui se sont posées en censeurs. Des surprises en perspective ? La première surprise sera indéniablement «l'Iliade de Constantine», un spectacle qui, de par son esthétique, son texte, les techniques de réalisation mises à contribution et la participation de près de 500 artistes issus de 23 wilayas pour son exécution, constitue une fresque de haute facture artistique et une hymne céleste pour Constantine. «Une épopée» qui se produira également à Alger et à Oran pour faire profiter un maximum de public d'un spectacle riche en couleurs et en enseignements. Aussi, les artistes qui se produiront aux festivals de Timgad et de Djemila feront, cette année, la jonction avec Constantine où ils donneront également des concerts à la faveur de l'évènement. Le salon du cheval, qui sera ponctué par un colloque international sur le cheval barbe et une immense fantasia qui connaîtra la participation de plusieurs pays, sera également l'une des attractions de cette année. De belles surprises sont attendues aussi des pays non-arabes qui ont émis le vœu de participer à cette manifestation puisque plus de 20 pays, en plus des 22 nations arabes, y prendront part, dont le Portugal qui donnera, dès mai prochain, un grand spectacle de fado, l'Allemagne, la France, l'inde, l'Indonésie... Vous n'avez pas échappé aux reproches et critiques, notamment pour votre manque de concertation avec les véritables représentants du «vivier» intellectuel et culturel constantinois. J'ai été désigné à mon corps défendant et très vite l'étau qui s'est mis en place m'empêchait de voir autour de moi, y compris afin d'élargir au maximum le champ de la concertation, ce qui justifie, peut-être, l'hostilité manifestée par certains, et les pressions exercées par d'autres. A présent, je pense avoir reconquis mon indépendance et la sérénité préside aux efforts que je consens en tant que commis de l'Etat, astreint au devoir de réserve.