Les douze nouveaux groupes industriels publics devraient être opérationnels dès juillet après l'examen de leurs plans d'actions par le Conseil des participations de l'Etat (CPE), même si le principe de leur autonomie reste encore à clarifier. La révision du code des marchés publics n'est pas écartée à terme. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) «Dans l'étape qui suivra, vous aurez la lourde tâche, chacun, de mettre en place son groupe et les imposer dans le paysage économique national, et pourquoi pas régional et international». C'est l'invite, l'«ambition» que le ministre de l'Industrie et des Mines a adressée, exprimée, jeudi dernier aux dirigeants des douze nouveaux groupes industriels issus de la réorganisation du secteur public marchand industriel, une réorganisation dont la seconde phase a été lancée hier. Installés à la fin février dernier, les managers de sept nouveaux groupes publics (agro-industrie, industries chimiques, équipements électriques, électro-domestiques et électroniques, industries locales, mécanique, industries métallurgiques et sidérurgiques et textiles et cuirs) et de cinq groupes déjà existants (SNVI, GICA, Saidal, SNTA et Manadjim Al Djazair) devront en effet s'engager dans «l'étape la plus dure, la plus importante qui reste à faire, la construction de ces groupes», pour reprendre les propos d'Abdesselam Bouchouareb. Il reviendra aux managers de «libérer les initiatives» Certes, le ministère de l'Industrie et des Mines a «accompli» la tâche qui lui «incombait totalement», celle de mettre en place ces groupes, de leur assurer «l'engineering», considérera son premier responsable. Il expliquera que le schéma adopté par son ministère, la réorganisation «par le haut» des Sociétés de gestion des participations (SGP) pour descendre ensuite vers les filiales, est un «choix conscient» qui «ne perturbe pas le fonctionnement des entreprises et n'entrave pas la dynamique de mise en œuvre de leurs plans de développement et d'investissement». Il revient néanmoins aux managers des nouveaux groupes industriels de «créer les conditions permettant aux entreprises d'activer dans la sérénité, à ne pas bousculer leur cycle d'exploitation par des décisions qui pourraient annihiler tout esprit d'initiative au sein de vos portefeuilles d'entreprises respectifs», «de libérer les initiatives, libérer totalement les énergies», relève M. Bouchouareb. L'élaboration de plans d'action enclenchée De fait, ces managers qui n'ont pas reçu des «groupes clés en main» devront durant les prochaines semaines élaborer une «feuille de route qui précise les tâches et les échéances de leur réalisation. Celle-ci représente en fait le premier contrat de performance des managers des groupes». Cette feuille de route, dont la mise en œuvre sera évaluée régulièrement et de manière globale à la fin mai 2015, s'articule autour de huit actions dont la plus importante est la préparation du plan d'actions de chacun des groupes et des mesures d'accompagnement. Ces plans d'actions qui pourront être élaborés avec le concours d'experts, selon des termes de références agréés, définissent essentiellement les périmètres finaux de chaque groupe, la stratégie de développement et le business plan pour les 5 prochaines années, le mode d'organisation et de restructuration retenu ainsi que le calendrier de déploiement avec indication des résultats. Ces plans d'actions devront être finalisés «au plus tard le 30 juin 2015» pour être présentés au Conseil des participations de l'Etat (CPE), précisera Abdesselam Bouchouareb. Les rapports administration-groupes industriels à clarifier Une fois ces plans de développement examinés et avalisés par le CPE et des contrats de performance signés par leurs managers, les douze nouveaux groupes publics devront être opérationnels dès juillet prochain, de manière effective et en «autonomie totale». Toutefois, le principe de l'autonomie des groupes publics reste encore à clarifier. «Nous avons engagé une réflexion pour clarifier la nature des rapports Administration-Groupe industriel par sa redéfinition et son adaptation pour concrétiser les notions de "fin du tutorat sur l'entreprise publique" et de "l'entreprise publique autonome", concepts fondamentaux du nouveau système de gouvernance de l'entreprise publique industrielle», observe ainsi Abdesselam Bouchouareb. Incitant les dirigeants des groupes à «manager, faire des choix et les assumer», dans la mesure où il s'agit d'éviter la réédition de «la situation où parfois une seule et même personne décide, exécute et contrôle», à agir «avec rigueur, détermination et clairvoyance» et à avoir «du courage et de la volonté», le ministre de l'Industrie relèvera le rôle des managers et des membres des conseils d'administration. Des administrateurs qui «sont entièrement responsables des résultats de leurs entreprises» et donc susceptibles d'être remplacés s'ils ont failli, déclare le ministre. Le secteur public a consommé seulement 30% des financements octroyés Dans cet ordre d'idées, Abdesselam Bouchouareb rappellera que les entreprises publiques ont bénéficié depuis 2010 d'un appui financier conséquent. Soit une douzaine de milliards de dollars dont seulement 30% (plus de 3 milliards de dollars) ont été «consommés», indiquera-t-il ultérieurement, tout en indiquant que l'enveloppe restante pourra être réaffectée aux nouveaux groupes. Considérant que l'Etat surveillera l'usage de ses deniers et «veillera, dans le cadre de ce que la loi lui a dévolu en qualité d'actionnaire, à ce que cet objectif soit atteint», M. Bouchouareb assurera néanmoins les managers que son ministère «vous accompagnera et vous soutiendra pour lever toutes les contraintes». A propos de la dépénalisation de l'acte de gestion Parmi ces contraintes, la pénalisation de l'acte de gestion. Considérant qu'il ne s'agit pas de «pénaliser l'acte de gestion, la prise de risques et d'initiatives mais de pénaliser le vol, la fraude conformément au Code du commerce», le ministre de l'Industrie relèvera lors d'une conférence de presse que la question de la dépénalisation a été traitée voilà un mois et demi en conseil interministériel. Or, «Nombre de problèmes pourront être réglés» lors de la prochaine réunion du gouvernement, laisse-t-il entendre. Assurant que l'Etat est «décidé à faire du secteur public le levier pour amorcer la construction de notre ambition industrielle», Abdesselam Bouchouareb observe, dans le contexte actuel, l'obligation pour les pouvoirs publics et l'entreprise de «ne pas être chancelants» et «d'atteindre la diversification de l'économie et la création de richesses hors hydrocarbures». La révision du code des marchés publics, possible Voire, le ministre de l'Industrie et des Mines n'écarte pas la possibilité de révision du Code des marchés publics, quoique ce dispositif a été déjà réaménagé et assoupli durant les deux dernières années. «Le plan d'action du gouvernement prévoit d'atteindre un taux de croissance de 7% à l'horizon 2019. Nous ferons tout pour atteindre cet objectif, même s'il faut passer par la révision de certains articles de ce texte», «en fonction de la situation et des besoins du marché», indiquera M. Bouchouareb lors de la même conférence de presse.