Dans la journée du samedi 18 avril, des femmes drapées du haïk ont paradé sur la fameuse avenue de la Macta, située en plein centre-ville de Sidi-Bel-Abbès et récemment réaménagée, dans un concert de tbal, youyous et crépitements des flashs des appareils photos des organisateurs et curieux. Cette manifestation a été organisée par deux associations, Richet el Ibdaâ (la Plume de l'innovation) et Ahlem avec l'assistance de la Maison de la culture pour faire revivre le haïk, une tenue bien de chez nous. En effet, les Belabbésiens étaient tous agréablement surpris à la vue du cortège précédé de deux montures de chevaux conduits par des hommes portant l'habit traditionnel (abaya et turban avec razza). Une soixantaine de femmes drapées du haïk ont arpenté la belle avenue, fierté de la capitale de la Mekerra. Par ce défilé, les associations ont voulu mettre en avant la résistance du haïk à travers le temps malgré l'invasion de la djellaba marocaine certes, plus pratique mais combien capricieuse dans ses modèles. La beauté, le mystique du haïk ne seront jamais égalés car il a été de tous les temps une référence de la société féminine et un complice durant la révolution algérienne dont des hommes et des femmes recherchés par l'ennemi ont pu échapper grâce à ce dernier. Ces manifestantes portaient des haïks divers : le mrama, un tissu fluide tissé de fil de soie mais combien coûteux, le achachi du nom de son tisserand de Tlemcen fait de fil acrylique, le magroun, la fierté des aînées, un carré de drap blanc de neige. Il ne manquait, hélas, à ce décor que la haïk ghouati, qui a été beaucoup plus porté par les femmes du Sud mais n'empêche qu'il fait partie de notre patrimoine. Il convient de rappeler que le phénomène du haïk a suscité beaucoup de curiosités et fait l'objet d'études édifiantes par des chercheurs. Ainsi, le grand sociologue Frantz Fanon, dans son ouvrage Sociologie d'une révolution, s'est longuement penché sur le haïk dans le contexte colonial.