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C'est ma vie
Lynda, une existence dédiée au mouvement associatif
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 05 - 2014

Lynda a un atout majeur : une double culture. Rurale de par ses origines (ses parents sont nés dans un petit village des Ath-Douala) et citadine car native de la ville de Tizi-Ouzou. De la première elle a hérité des valeurs anciennes, attachée qu'elle est aux traditions léguées par nos ancêtres, et de la seconde, de cette culture de la ville, une capacité d'abstraction et des aptitudes acquises grâce à la proximité des lieux de savoir. En un mot, une sagesse et une intelligence du bien, léguées par un milieu austère et rude avec, au bout, une grande force de caractère.
Lynda ne rate d'ailleurs aucune occasion pour se ressourcer auprès des siens dans son village adossé à la montagne. Elle a fait la corvée de l'eau en allant la chercher à la fontaine, écouté au coin du feu les contes de grand-mère de qui elle a acquis le sens de la narration, et appris à préparer les mets traditionnels avec des plantes fraîchement cueillies du jardin potager. C'est à Tizi-Ouzou qu'elle a fait ses études jusqu'au lycée. Elle décrochera son bac sans peine et optera pour le journalisme pour assouvir cette passion de l'événementiel et de l'écriture qui l'a toujours habitée.
Une passion décuplée qui la conduira indubitablement à créer une entreprise de communication pour être plus près des gens, partager leurs passions et en ressentir les pulsions, aidée en cela par le sens inné pour la communication. Mais qu'on se détrompe, ce n'est pas pour l'argent qu'elle s'est investie dans ce créneau. Fière et jalouse de sa liberté, elle s'est lancée dans cette aventure humaine qui lui permet d'assouvir cette soif de partage convaincue qu'elle est par ses principes intangibles, faisant ainsi sien ce postulat : seul on fait, mais ensemble on construit. Car son choix de travailler avec le mouvement associatif est fait depuis longtemps. Elle pense que c'est le seul moyen qui reste aux citoyens pour s'organiser, se prendre en charge et faire face aux multiples défis qui se posent à la société. Quelque chose qui n'est pas nouveau pour la région connue pour son organisation sociale et son concept de la djemaâ qu'il faut désormais adapter aux exigences de l'heure. Et depuis dix ans déjà, elle a sillonné toute la Kabylie, répondant aux appels des organisations de jeunes auxquels elle apporte son expérience et son savoir-faire, rompue qu'elle est aux arcanes de l'administration. Une fois saisie d'un événement, elle entreprend d'informer tous les journalistes de la région sur la date, l'heure et les détails du programme pour leur permettre de balancer leurs avant-papiers par l'annonce de l'événement. Parfois c'est elle-même qui s'occupe du transport avec les collectivités et les institutions en autant de prestations gratuites.
Sur place, elle accompagne les journalistes sur les sites, arrange les interviews et même les passages à la radio et à la télévision. Ceci pour donner une meilleure lisibilité et un sens à l'activité et à la vie villageoises en donnant la parole aux organisateurs qui ont à loisir de passer leurs messages. Il lui arrive même de confectionner à titre gracieux des revues de presse à ces villages pour leur permettre de pérenniser leurs actions. Ainsi, les actes de leurs colloques, fêtes, célébrations, et autres hommages et rendez-vous annuels comme la fête de Yennayer demeurent pour la postérité en autant d'activités de mémoire conservées et archivées pour les besoins de la recherche.
Très sensible au drame humain et aux maux dont souffrent les personnes en difficulté et les handicapés, elle a adhéré à une association activant dans l'action sociale depuis 2006 pour les soulager de leurs souffrances. Les jeunes figurent au premier rang de ses préoccupations. Avec son équipe, elle les accompagne dans leur quête d'une vie «normale». Soucieuse de leur transmettre son savoir-faire, l'un de ses objectifs est la confection d'un magazine au profit d'une vingtaine d'associations socioculturelles pour répercuter leurs efforts confinés dans l'anonymat de l'enclavement. Et c'est avec une grande et légitime fierté qu'elle se plaît à relater ce qu'elle considère comme sa meilleure œuvre humaine : faire sortir et participer les femmes d'une région de la Kabylie maritime à une activité sociohistorique et culturelle à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de la Révolution pour laquelle la région précitée a payé un lourd tribut.
Pour ce faire, elle a dû vaincre bien des réticences puisque les femmes de la localité ne faisaient pas encore usage de cette liberté de s'organiser. Elle menaça de rentrer avec tous les journalistes et de boycotter la cérémonie si on s'avisait à tenir la fête de la Révolution sans les femmes qui ont perdu qui un mari qui un frère ou un parent. Le responsable de l'événement entreprit alors de lancer un appel à participation pour les femmes et le lendemain elles furent nombreuses à répondre à l'invitation.
L'événement eut alors un succès retentissant avec leur participation. Elles s'affirmèrent enfin, elles qui prirent une part active à cette révolution qu'on fêtait enfin ensemble avec tous ses héros et héroïnes encore vivants.
Cette initiative a donné des ailes à ces femmes qui conquirent enfin leur place dans la société, ce qui leur permit de s'organiser par la suite loin de toute turbulence. L'exemple fit des émules dans la région, qui opéra une véritable révolution grâce à l'implication des femmes dans les futurs événements socioculturels historiques et sportifs. C'est ainsi que les fêtes suivantes revêtirent un cachet particulier avec la présence de toute cette gent féminine qui donna vie et couleurs à des événements villageois exclusivement masculins.
Ces femmes profiteront par la suite de conférences et autres séances de sensibilisation et de prévention des maladies comme le cancer du sein, et même du Sida, chose inimaginable il y a quelques années dans ces régions montagneuses. Lynda qui aime son pays regorgeant de sites touristiques a déploré le peu d'intérêt accordé à ce secteur.
Les touristes étrangers et même locaux ne trouvent aucun guide ou carte touristique pour s'orienter. C'est ainsi qu'elle s'est lancée dans la confection d'un guide touristique qu'elle a réalisé au prix de grands sacrifices, elle qui dut se résigner à se rabattre sur ses archives personnelles pour ce faire. Mais au bout, il y eut cette satisfaction d'avoir été utile à son pays. Dans son modeste bureau fourmillant de renseignements sur les associations de la région, Tanina et Salah qu'elle considère plus comme ses collaborateurs que comme ses employés épluchent les dossiers. Tanina eut cette réflexion : «Lynda m'a beaucoup appris, elle m'épate par son altruisme en nous livrant tous les secrets du métier. C'est formidable.»
Elle s'interdit de mélanger la politique à sa vie et à son travail. Pas étonnant alors qu'elle ait refusé de se porter candidate pour une élection locale. Elle préfère s'investir dans les actions qui revalorisent ses prochains. Cependant, elle ne se pose pas de questions sur celui qui est derrière une idée ou une initiative pour peu qu'il ait comme objectif l'intérêt général. Son humanisme ne s'arrête pas dans l'aide aux associations. Elle s'investit aussi dans le soutien aux malades qu'elle accompagne répétant qu'un être qui souffre a besoin de se sentir entouré et aimé afin de vaincre la maladie ou repousser ses échéances destructrices. Mina, sa copine, vous dira combien sa présence réconfortante l'a aidée à surmonter l'épreuve de sa maladie.
Un jour, Lynda piqua une crise en se rendant au chevet de son amie à l'hôpital. Le service où elle devait être hospitalisée pour recevoir ses soins allait renvoyer les malades faute de personnel. Révoltée, elle ameuta les journalistes et le problème trouva miraculeusement une solution le lendemain.
«Tu as raté ta vocation d'assistante sociale», lui ressasse sans cesse la présidente de l'Association des hémophiles de Tizi-Ouzou qu'elle soutient dans ses épreuves. Elle ne se contente pas d'accompagner les personnes en difficulté de la région, elle est aussi présente pour marquer les événements et autres journées nationales et internationales comme la journée du 8 Mars. Son intuition la conduit souvent à anticiper sur des thèmes qui font l'actualité bien après leurs projections. Le dernier exemple en date est la violence de genre. Un concept nouveau qui fait actuellement débat en France et sur lequel les politiques de ce pays se sont penchés à l'Hémicycle et même devant les plateaux TV. Ce thème a fait l'objet de trois journées thématiques organisées en 2006 par Lynda qui a pris l'initiative d'inviter tous les organes de presse de la ville pour profiter des communications d'une experte internationale sur ce sujet de la violence de genre qui s'exerce de façon horizontale et verticale (violence à l'égard de la femme par l'homme, à l'égard de l'homme par la femme et des enfants).
Car aujourd'hui que la tendance s'est renversée avec la place de plus en plus prépondérante qu'occupe la femme dans la société, il ne faudrait pas prendre le risque de voir s'inverser la tendance de la violence par une attitude revancharde. Flanquée d'une juriste, de psychologues et autres spécialistes, Lynda a également organisé des journées d'information sur les enfants en situation de handicap en s'interrogeant sur leur intégration dans la société.
Fervente de la protection de l'environnement, elle s'implique dans tout ce qui a trait à l'écologie et à la protection de l'écosystème. Au site protégé d'Ath-El Kaïd (Ouadhias), elle a organisé un volontariat de deux jours avec la communauté scolaire. En guise de récompense, elle a programmé une mémorable excursion au profit des participants. Le village classé patrimoine national a ainsi été réhabilité dans sa vocation de village mémoire et d'histoire. Comme elle projette de le faire avec les villages Moknéa et Achallem dans la commune d'Ifigha qui doivent absolument être protégés d'autant qu'ils ont suscité l'intérêt de représentants de l'Unesco. Ne s'arrêtant pas là, elle s'est également investie dans le projet de tourisme solidaire, idée qu'elle a portée à bras-le-corps en la transformant en réalité. D'autres daïras ont eu ainsi la chance de bénéficier de cette expérience tendant à sortir les villages de l'anonymat par leur implication directe dans une initiative économique salvatrice pour les villages pour peu que tout le monde en comprenne l'enjeu.
Première du genre à Tizi-Ouzou, la revue touristique Guide Touristique de la Wilaya de Tizi-Ouzou éditée à compte d'auteur par Lynda jouera de ce fait un rôle de premier plan et ses deux années et demie de galère pour réaliser le guide indispensable pour la mise en place d'une politique touristique de la région ne seront qu'un mauvais souvenir pour elle, qui a sillonné toute la Kabylie afin que son projet qui lui a coûté une petite fortune voie le jour.
Il fallait bien ça, vu le peu d'engouement porté à son idée par les autorités et les institutions sollicitées pour un éventuel sponsoring ou tout au moins une collaboration pour la base de données fiables par secteur, au motif de manque de moyens. Mais hélas, elle ne recevra aucune réponse à l'exception de l'APW de Tizi-Ouzou et du musée du Moudjahid, ainsi que de l'ex-directeur de l'environnement de l'époque en 2010. Ce qui l'avait incitée à se référer à ses archives personnelles. Elle avait même proposé aux directions concernées de leur remettre gratuitement le produit une fois achevé, cela pour défendre l'image d'une wilaya en quête de redorer son blason de potentiel touristique. Mais en vain, déplora-t-elle encore. L'aide aux jeunes créateurs figure également dans les perspectives de Lynda qui a accompagné bon nombre de jeunes porteurs de projets d'écriture comme ce jeune handicapé qui a écrit un livre autobiographique d'un pathétisme bouleversant. Après la sortie de l'ouvrage, Le marginalisé, elle lui a organisé une séance de vente-dédicace et l'a accompagné à la radio pour faire sa promotion avec, à la clé, une proposition de scénario par une réalisatrice séduite par l'histoire qui parle d'un déni parental. Cette initiative qui entre dans le cadre de l'aide aux jeunes auteurs et au mouvement associatif désirant s'investir dans le domaine de l'écriture n'est donc pas qu'un vœu pieux chez cette généreuse fille. Mohand Soulali, un spécialiste des maladies psychiatriques établi en France, vous en dira plus, lui dont l'ouvrage intitulé Le non de ce village parle d'un pan de notre histoire, à savoir la manifestation des femmes contre le référendum du 28 septembre 1958 dans un village kabyle. L'écriture dans les deux langues tamazight et français constitue une autre passion pour cette fille-courage qui a recensé les sites historiques de la région et les spécificités socioculturelles des villages dans les domaines de l'artisanat et de l'histoire. Elle se lance aussi dans l'expérience de l'écriture encouragée qu'elle est par Lynda Koudache, première romancière kabyle primée en France qui décela en elle un indéniable talent qui ne devrait absolument pas se perdre.
Raison aussi pour laquelle Lynda accompagne les jeunes créateurs dans leur exaltante aventure intellectuelle désireux d'assouvir leur soif de création. Parmi ses projets figure la dotation des bibliothèques communales de ses archives personnelles et des revues éditées par les différents organismes et autres institutions de l'Etat comme l'APW, la wilaya et la direction de la culture. La femme traditionnelle a toujours pesé dans la défense des valeurs morales et humaines et dans les décisions engageant la communauté, argumente-t-elle. Chose que le pouvoir patriarcal lui dénie sournoisement. Le projet de Lynda participera ainsi de cette volonté de concilier les rôles de chacun dans une société en perte de repères.


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