De notre envoyé spécial à Blida, Mehdi Mehenni La neuvième journée du procès Khalifa, qui s'est ouverte ce jeudi au tribunal criminel près la cour de Blida, a été d'une cadence marathon. Plusieurs responsables d'OPGI et d'entreprises publiques ont commencé à se succéder à la barre, après la très longue audition de l'ex-directeur de l'Ecole de police de Aïn-Benian, Adda Foudad, ainsi que le très attendu ex-directeur de Saidal, Ali Aoun. L'audition de Adda Foudad, ex-directeur de l'Ecole de police d'Aïn-Benian, qui a débuté mercredi en fin d'après-midi et s'est poursuivie jeudi dans la matinée, a été particulièrement longue. Le juge s'est beaucoup intéressé au dépôt par l'accusé de 600 000 euros à Khalifa Bank Paris, et leur supposé transfert à l'agence des Abattoirs d'Alger. Le juge a fait rappeler à Adda Foudad que l'équivalent de cette somme en dinars a été récupéré à Alger sans le moindre respect des procédures de transfert. En clair, il n'y a pas eu de procédures. L'argent n'a jamais été transféré de France alors que le montant a été récupéré en Algérie. L'accusé reste évasif face aux questions du juge et affirme que les responsables de l'agence des Abattoirs lui ont présenté des documents justifiant la légalité de la transaction. Mais le juge revient à la charge et indique à l'accusé qu'un relevait bancaire trouvé lors de la perquisition de son domicile prouve que les 600 000 euros n'ont jamais été déplacés de la banque Khalifa Paris. Là encore, Adda Foudad ne livre pas plus d'explications. Celui qui était également membre du conseil d'administration de la mutuelle des travailleurs de la Sûreté nationale procédait à des dépôts au niveau de Khalifa Bank. Le juge lui a rappelé qu'il procédait à ces dépôts en contre-partie de voyages gratuits sur les différentes lignes qu'offrait Khalifa Airways ainsi qu'une carte de crédit alimentée en devises. Le juge n'obtient toujours pas d'aveux. Le procureur général prend la relève et interroge l'accusé sur les biens immobiliers qu'il a pu acquérir pendant son passage à la tête de l'Ecole de police de Aïn-Benian. Il s'agit, en effet, de plusieurs lots de terrain notamment au profit de son fils à Aïn-Benian, ainsi que deux villas et une dizaine d'appartements acquis à travers le pays. La seule explication que l'accusé donne au trafic d'influence qu'il lui est reproché est qu'il est plutôt victime d'une cabale. Le très attendu ex-directeur de Saidal, Ali Aoun, est passé, lui aussi, à la barre, pour répondre de ces actes. L'accusé a commencé par nier le dépôt de l'argent de Saidal à Khalifa Bank. Il explique qu'il n'avait pas de raison pour le faire, puisque c'est le CPA (Crédit populaire algérien) qui avait soutenu financièrement son groupe pour sortir de la crise. A savoir, la dissolution de Saidal, qu'il a lui-même fait éviter après son installation à la tête du groupe. Néanmoins, il précise que des comptes d'exploitation ont été ouverts à Khalifa Bank pour faciliter les transactions avec les grossistes du médicament qui s'alimentaient auprès de Saidal. Il ira encore plus loin, devant les insistances du juge, en révélant qu'il a fait plusieurs fois l'objet de pressions venant d'en haut, pour le dépôt de l'argent du groupe chez Khalifa Bank. Le juge demande des noms, et Ali Aoun cite celui de l'ex-directeur de holding chimie et pharmacie, Abdelmadjid Attar. Des pressions auxquelles il n'a pas cédé, dit-il, mais que, par conséquent, il a été plusieurs fois blâmé. Le juge l'interroge également sur une autre affaire, à savoir la signature d'une convention entre une filiale de son groupe (Pharma) et Khalifa Rent Car (KRC), pour la fabrication de médicaments. Le juge veut savoir si ce n'est pas cette convention qui lui a permis l'acquisition d'une luxueuse C5 auprès de KRC. La voiture, mise à sa disposition pour un premier temps, a fini par lui être totalement cédée. Là encore, il crie au complot, puisque il explique que son chauffeur l'a approché pour lui demander un certain nombre de papiers personnels pour mettre la voiture en son nom. «Je ne savais rien», tente-t-il de convaincre. Enfin, il est à signaler que le directeur d'OPGI de Relizane, celui de l'Agence foncière d'Aïn-Temouchent, ainsi que la P-dg de l'entreprise publique de réalisation de grands œuvres sont également passés à la barre. Accusés tour à tour d'avoir procédé à des dépôts d'argent contre des privilèges, ces derniers ont catégoriquement nié les faits, soutenant que les placements ont été effectués conformément à des conventions signées entre les deux parties.