«Qui n'a pas l'esprit de son âge, de son âge a tout malheur.» (Voltaire) L'alternance qui s'impose aujourd'hui au sein du Rassemblement national démocratique est pour certains «incontournables» du parti l'occasion (encore une !) de se repositionner, se replacer, dire, médire... Ces comportements condamnables aussi bien par la morale que par l'éthique n'ont qu'un seul qualificatif : opportunisme. Les changements annoncés aujourd'hui au niveau de ce parti ne sont certainement pas les premiers comme ils ne seront pas les derniers. L'éternité n'appartient qu'au Seigneur, le Miséricordieux. Qualifier de redressement une passation imposée par les circonstances et souhaitée par la majorité du staff dirigeant du parti n'est qu'imposture. Aussi, comment peut-on parler de révolution de palais ou de pronunciamiento, une succession dictée par un souci de sauvegarde du rôle et de la place du parti dans un environnement politique en perpétuelle mutation, en continuelle remise en cause. Rappelons-nous le partant d'hier. Ne l'a t-il pas fait sans heurts, sans fracas ; mieux encore, dans un esprit de responsabilité qui avait évité à notre formation politique des déchirements, voire même une implosion dont aucun militant n'en serait sorti grandi ? Monsieur Ouyahia, porté à la tête de la direction du parti par voie démocratique, avait accepté de faire des concessions (se démettre) du fait qu'il s'était toujours battu pour défendre une cause qui allait bien au-delà de l'intérêt personnel, au moment où nombreux sont ceux qui n'auraient pas accepté de tels renoncements parce que leur présence au sein de notre formation politique n'est motivée que par des considérations d'ego : arriver. La vertu intellectuelle permet d'énoncer le vrai et d'évaluer ce qui est bien ou mal pour le parti afin d'opter pour des actions à mener en fonction de leurs conséquences. Monsieur Bensalah a suffisamment d'expérience, de perspicacité et de sagesse pour ne pas se laisser entraîner dans un conflit de succession qui ne profiterait qu'à ceux qui, pour se refaire une virginité politique, sont prêts à s'allier avec le diable s'il le fallait. Messieurs Bensalah et Ouyahia furent deux immenses acteurs de cette transition qui a permis à la République et à ses institutions de transcender la décennie noire, au moment où beaucoup de ceux qui s'érigent, aujourd'hui, en donneurs de leçons avaient négocié pour leur propre survie, au détriment de l'Algérie (Etat et nation). L'opportunisme est un mal qui ronge profondément nos mœurs, notre vécu. En politique, les pseudo-militants qui agissent en fonction des circonstances et savent exploiter les occasions sont légion. Leur ligne de conduite ne se détermine que d'après les circonstances et les opportunités, en transigeant, si nécessaire, sur les principes. Ne nous interrogeons pas sur les valeurs morales et les règles d'éthique qui orientent leurs actions. Pour ces gens-là, le terme «opportunisme» est beaucoup plus synonyme de prudence, de compromis et de réalisme. Connaître la mesure de l'occasion, c'est cela la prudence. Pour ces hommes de cour à défaut d'être des hommes de parti, seules les transactions peuvent amener des résultats. Les indignes d'hier font l'objet de toutes les miséricordes, de toutes les compréhensions, de tous les pardons. Rien qui soit juste ou injuste avec les opportunistes. Mais ce que ces bravaches ignorent, c'est que le temps (ou l'usure du temps) finit par corroder leurs masques pour les faire apparaître sous leurs vrais visages. Dans l'adversité ne faut-il pas reconnaître que la constance ? Monsieur Ouyahia, que Dieu s'occupe de vos amis (ou ceux qui prétendent l'être), vos ennemis, je sais qu'ils feront amende honorable et auront le courage de reconnaître leurs torts. Je sais aussi que vous avez énormément de respect pour ceux qui se sont opposés ouvertement à vous, qui se sont affichés publiquement, qui se sont assumés. Que les perfides qui causent tant de mal à notre parti se rebiffent. L'alternance au RND se fera encore une fois en termes de responsabilité et non en termes de confrontation. Que les militants loyaux et sincères ne se laissent pas affecter par les petitesses et les mesquineries dont ont fait preuve certains. A les entendre parler de sacrifices consentis pour la pérennité du parti, on ne peut s'empêcher de se poser des questionnements sur la solidité de son organisation et sur la profondeur de sa représentativité. Ces opportunistes, qui n'ont d'existence publique qu'à travers leur formation politique, pérorent à longueur d'année que si le RND survit ce n'est que grâce à leurs sacrifices (!). D'ailleurs, la démesure et le ridicule n'ont jamais étouffé ces prétentieux. Ils n'ont fait qu'amplifier leurs ambitions, à telle enseigne que des «objets tournants non identifiés», parce qu'à un moment ou à un autre projetés au-devant de la scène publique, se découvrent des aspirations à diriger le RND. Aussi, mettre un terme à ces états d'esprit ne sera certainement pas chose aisée. Si nos militants veulent d'un parti fort et représentatif, il faudrait qu'ils affrontent la vérité. La vérité et la liberté sont les deux plus grandes forces d'un parti politique. Elles seules lui permettront d'avancer, de mobiliser, en d'autres termes de REUSSIR. La COMPLAISANCE n'engendre que médiocrité et régression. Le dogme entrave l'action, alors que la bureaucratie ne génère que conservatisme. Permettons donc à nos militants de s'exprimer sur le fonctionnement de leur parti, sur ses méthodes et sur cette pratique dite du «consensus», source de beaucoup de mécontentement et de malaise. Le sens de l'engagement intellectuel ne réside-t-il pas dans la lutte constante et acharnée pour la concrétisation des idéaux du parti et non de desseins inavoués de zaïmisme ? Défendre une éthique de responsabilité, c'est savoir avant tout faire preuve d'humilité et céder, au moment voulu, sa place. Dépassons le stade du pinaillage et sortons de l'exaspération ambiante générée par ces remises en cause à répétition (à la moindre déception individuelle ou collective). Nos militants savent qu'à l'ombre de la félonie beaucoup de sans-scrupule se sont épanouis. Mais ils sont aussi conscients que la force de leur parti réside, en particulier, dans la qualité de son encadrement, qui, à sa volonté de promouvoir, en son sein, l'alternance en vertu cardinale, s'ajoutent une FOI inébranlable de bâtir des institutions républicaines pérennes, une loyauté à toute épreuve vis-à-vis de notre Etat et une conviction inflexible que seule la cohabitation de toutes les sensibilités politiques dans un climat empreint de respect mutuel, de convivialité, de courtoisie et de saine compétition peut assurer un avenir radieux à une Algérie une et indivisible. Que les opportunistes de tous bords sachent qu'«il n'est bon à rien de n'être bon qu'à soi». A. S. * Militant RND, et vice-présidentde l'APW d'Alger