Résultats en demi-teinte de l'enquête menée par l'Unicef sur la situation des femmes et des enfants. Si les efforts en matière de scolarisation au primaire, de vaccination ou d'analphabétisme sont salués par l'enquête, il reste beaucoup à faire en matière de mortalité néonatale, de travail des mineurs, de parité garçons-filles et de violence faite aux enfants. L'Unicef pointe du doigt les disparités régionales. Nawal Imès- Alger (Le Soir) - Restitution hier des résultats de l'enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS) sur la période 2012-2013 menée par l'Unicef, en passant au crible pas moins de 100 indicateurs. Il en ressort un bilan plutôt mitigé. Des avancées ont été réalisées sur certains chapitres mais pas sur d'autres. De l'aveu même du représentant de l'Unicef en Algérie, «tout n'est pas rose» et certains indicateurs donnent, dit-il, à réfléchir. C'est le cas de la mortalité néonatale qui, dit-il, reste un défi : 16 000 enfants meurent avant d'atteindre une année. Il en est de même pour la surcharge pondérale qui, en dépassant le taux des 12% chez les enfants, inquiète l'Unicef au même titre que la violence faite aux enfants. Selon les résultats de l'enquête, 86% des enfants questionnés affirment avoir reçu dans les deux semaines avant l'enquête une punition sévère. Le travail des enfants fait partie des situations qui inquiètent l'Unicef avec une prévalence de 6%, soit une progression de 1% par rapport à l'enquête menée en 1997. Idem pour les disparités au niveau de la déperdition scolaire et la qualité des soins pour laquelle, a affirmé le représentant de l'Unicef, il reste «le dernier kilomètre à franchir ». Thomas Davin salue néanmoins les efforts faits par l'Algérie dans pas moins de huit chapitres parmi lesquels la réduction de 30% de la mortalité infantile, la scolarité dans le primaire, la lutte contre l'analphabétisme et la parité dans le secteur de l'éducation. Ce sont, d'ailleurs, ces aspects positifs qu'a préféré retenir le ministre de la Santé. Abdelmalek Boudiaf reconnaît l'existence de disparités entre régions en matière d'accès aux soins mais affirme que son département avait ouvert le chantier pour pallier les insuffisances. Il préfère, néanmoins, retenir que l'Algérie avait atteint la majorité des objectifs du millénaire notamment en ce qui concerne la santé de la mère et de l'enfant ce qui, dit-il, est confirmé par l'enquête. Il s'agit de la quatrième enquête menée par l'Unicef en Algérie dans le cadre des objectifs du millénaire. 28 000 ménages ont été concernés à travers le nord et le sud du pays dont 41 184 femmes et plus de 15 000 enfants entre 0 et 4 ans, soit un total de plus de 150 000 personnes sondées. Selon les résultats de ladite enquête, près d'un tiers des chefs de ménage sont sans instruction. Les maladies chroniques qui prévalent sont le diabète et l'hypertension avec une prévalence de 1% des handicaps. 39% des handicaps sont d'origine congénitale. Les enquêteurs se sont intéressés à l'utilisation du sel iodé. Les ménages du sud du pays et des Hauts- Plateaux ne l'utilisent qu'à hauteur de 24 % contre plus de 80 % dans le nord du pays. La polygamie représente 3% du total des ménages alors que 43% des femmes mariées ont des conjoints plus âgés qu'elles de 5 à 9 ans. Concernant la fécondité, le nombre d'enfants par femme est estimé à 2,6 enfants par femme en urbain. 57 % des femmes interrogées affirment utiliser une contraception avec une préférence pour la pilule. L'accès aux soins prénatals est en amélioration aussi bien en urbain qu'en rural. Deux tiers des femmes ont effectué quatre visites ou plus chez un médecin au cours de leur grossesse. 97% des accouchements se font en milieu hospitalier mais la plus grande majorité ne fait plus de consultations après les avoir quittés. L'enquête révèle néanmoins un net recul en matière d'informations relatives au sida. Seules 9% des femmes ont une parfaite connaissance des modes de transmission. En matière de violence, 37 % des femmes vivant en urbain disent accepter d'être violentées si elles sortaient sans l'aval de leur époux contre 55 % en milieu rural. Les femmes du sud du pays acceptent moins cet état de fait que celles du Nord.