Un journaliste enquête discrètement sur une affaire. Il est, sans le savoir, au cœur d'une vaste manipulation. L'ancien journaliste Mustapha Yalaoui parle de «la Manipulation» au Café littéraire de la Fondation Casbah. Mustapha Yalaoui est assis à une table, une pile de livres devant et tout autour de lui. La séance de vente-dédicace n'a pas encore «officiellement » commencé, mais les premiers arrivés veulent être les premiers servis. de bonne grâce, l'auteur signe de temps en temps un exemplaire de son livre aux lecteurs. Belkacem Babaci, président de la fondation Casbah, est assis à sa gauche, un bouquin ouvert devant lui. Quelques passages, dans les deux pages, sont soulignés au stylo-feutre. Mustapha Yalaoui, ancien journaliste, était l'invité, samedi, du Café littéraire de la fondation Casbah à Alger. Cette rencontre littéraire est l'occasion de présenter le livre «la Manipulation», publié chez l'harmattan en france et réédité, tout récemment, par Paper Library Art. Le public est venu nombreux, femmes, hommes, jeunes, moins jeunes et personnes âgées. Babaci donne le coup d'envoi «officiel» à la rencontre littéraire. Il rappelle que Yalaoui avait quitté le journalisme après l'assassinat du Président Mohamed Boudiaf. Babaci prend le bouquin posé devant lui : «Le livre a été écrit il y a plusieurs années de cela, mais il est toujours d'actualité. Je vais vous lire quelques passages», dit-il à assistance. Il se met à lire les passages soulignés au feutre. on dirait un édito politique paru dans un journal aujourd'hui ! Belkacem Babaci donne la parole à Mustapha Yalaoui. L'ancien journaliste, comme beaucoup de belles plumes, est peu loquace. Mais son langage sobre est très précis. Il rappelle que «la Manipulation » est un roman. L'histoire se déroule durant les fameuses «années de plomb» où le parti unique régnait sur l'Algérie. Lhadi, un jeune journaliste, est envoyé en reportage à El-Kahira , une ville (fictive) de l'intérieur du pays tenue d'une main de fer par une poignée de tyranneaux locaux. officiellement, Lhadi est chargé de couvrir les préparatifs des premières élections dites «libres et démocratiques» dans la région. Mais en réalité, est venu enquêter discrètement sur la mort mystérieuse de Mehdi, un héros mythique de la Révolution algérienne, retrouvé mort dans un endroit isolé, une corde autour du cou. suicide ou assassinat politique ? Le journaliste veut connaître la vérité. Après une brève présentation, Yalaoui sourit : «Je ne peux pas vous en dire plus, sinon vous n'allez pas lire le roman», fera-t-il remarquer tout en soulignant que l'œuvre s'inscrit dans le combat contre l'oubli. Il ajoutera que l'argent récolté lors de la vente- dédicace sera versé intégralement au compte de la fondation Casbah. Le débat est ouvert. Pourquoi «la Manipulation» comme titre L'auteur répond que c'est parce que les personnages sont pris dans un «tourbillon» d'événements. Ce n'est pas une autobiographie, bien qu'il y ait «une partie autobiographique» dans l'histoire. Certainement malgré lui, Yalaoui est obligé de répondre à plusieurs questions sur «l'affaire» de l'assassinat de Boudiaf. «Ce sont les historiens qui doivent donner la réponse et la vérité sera certainement connue un jour», répondra-t-il, à un certain moment. Autre question «classique», celle relative aux influences. Mustapha Yalaoui citera Louis-ferdinand Céline, Garcia Marquez, Mario Vargas Llosa et la littérature latino-américaine, en général) ainsi que Kateb Yacine, surtout dans les techniques théâtrales. «L'écriture n'est pas un métier, mais un plaisir », dira-t-il en conclusion. La séance de vente-dédicace reprend. Une vingtaine de minutes plus tard, il ne reste plus un seul exemplaire du livre sur la table. Le siège de la fondation Casbah, situé dans la haute-Casbah, organisera des rencontres littéraires et des soirées artistiques durant le mois de Ramadhan. Au début du Café littéraire de samedi, Belkacem Babaci s'est excusé de recevoir le public en plein chantier. Mais ces travaux au siège de la fondation visent aussi à ouvrir une salle de lecture et une bibliothèque au profit des enfants de La Casbah. C'est un peu ça le vrai travail de proximité !