Les Verts n'avaient pas droit à l'erreur. Après la mauvaise CAN-2015, et la controversée tournée du Qatar, les troupes de Gourcuff se devaient de se reprendre à l'occasion du lancement de la campagne africaine pour Gabon-2017. Devant une sélection seychelloise par trop limitée, la victoire seule ne pouvait réconcilier les camarades de Mandi avec leur public. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - Le 4-0 de samedi soir, infligé aux Seychellois, était-il conforme à la production d'ensemble des hommes de Christian Gourcuff ? C'est la question que se posaient nombre d'observateurs au sortir de cette première sortie officielle de l'EN algérienne dans les éliminatoires pour le 31e rendez-vous continental de 2017. S'il est vrai que le score paraît suffisant pour empocher les premières unités dans l'optique de la phase finale, il n'en demeure qu'il (le résultat positif) n'est pas tout à fait rassurant. Samedi, dans le temple blidéen inhabituellement dégarni, les joueurs de Gourcuff ont paru évoluer à l'économie. Une autosuffisance qui se dégageait particulièrement en seconde période où les coéquipiers de Bentaleb usaient continuellement de passes latérales, souvent inefficientes pour désarçonner une arrière-garde adverse ultra-renforcée. Une production que le seul motif lié à la programmation du match durant la phase de régénération post-compétition n'explique pas totalement. Certains aspects du jeu développé par la formation drivée par l'ancien coach de Lorient laissent à penser que la mayonnaise entretenue depuis l'arrivée de Gourcuff, en juillet 2014, n'a pas encore pris. Surtout qu'à l'occasion de l'entame de cette qualification pour le tournoi de Gabon-2017, plusieurs habituels titulaires faisaient défaut. Gourcuff ne semble en tout cas, pas en mesure de penser des doublures assez capables d'appliquer son système, le fameux 4-4- 2 à la Sacchi, comme peuvent l'enchaîner les Verts composés des Brahimi, Lacen et autre Feghouli. Le come-back du virtuose Boudebouz, par trop altruiste samedi contre les Seychelles, ne serait pas, en définitive, la solution recherchée par Gourcuff. Ce dernier reconnaît le bon talent du meneur du SC Bastia, mais il explicite qu'il n'est pas tout à fait satisfait de son rayonnement sur le jeu de l'équipe. «C'est la première fois que je le fais jouer, sur le plan technique, il est intéressant, c'est un bon joueur de foot, dans ce qu'il propose, il est bon», a-t-il concédé devant les journalistes qui lui demandaient ce qu'il en pensait réellement du retour de Boudebouz en sélection. Problèmes physiques ou relâchement mental ? Plus expressif sur sa «déception » contenue par le 4-0 infligé aux modestes Seychellois, Gourcuff ne comprenait pas tellement la baisse de régime de ses poulains en seconde période. «En deuxième mi-temps, on pouvait faire la différence, de marquer encore plus de buts, mais les joueurs avaient besoin de souffler. Globalement, je dirai qu'on a vu de belles choses», a-t-il suggéré. Une retenue confortée par les propos du nouveau capitaine de la sélection, Carl Medjani, qui avouera que l'EN «doit faire mieux devant un adversaire d'un autre calibre que les Seychelles (...) L'adversaire ne nous a pas inquiétés ». En fait, pas inquiétés, les Algériens ont proposé quelques belles facettes sans jamais parvenir à transpercer davantage le frêle rideau défensif seychellois. Déchets, facilité dans l'exécution du dernier geste et manque de concentration à l'approche de la zone de vérité adverse : cela faisait beaucoup d'ingrédients nocifs à la conclusion du très remarquable travail entrepris par l'entrejeu des Verts, le seul d'ailleurs à avoir tiré son épingle de jeu, en sus d'un couloir gauche dans lequel Ghoulam a brillé par ses incessantes montées. Si la défense ne peut être sérieusement et raisonnablement jugée, l'adversaire n'ayant proposé aucune forme d'explosivité dans ses maigres rushs en direction de Doukha, l'attaque paraît coupable de négligence. En dépit d'un but signé Slimani et du doublé du revenant Soudani. Une paire qui a, certes, fait parler la poudre mais qui pouvait, avec un minimum de sérieux et d'application, exploser l'arrière-garde seychelloise. D'ailleurs, le buteur du Dynamo Zagreb, se disait navré des multiples ratages. «Nous avons eu beaucoup d'occasions que nous n'avions pas su exploiter», admet-il. Peut-être bien, comme l'affirmait le Rémois Aïssa Mandi qui a réussi sa reconversion en défense centrale, que cette victoire en appellera d'autres. «C'est une victoire rassurante pour nos débuts même si l'adversaire n'est pas un foudre de guerre. Je suis content d'avoir évolué dans l'axe de la défense, mon poste de prédilection», confiait-il. Comme pour dire que le «chantier» de Gourcuff, lancé au lendemain du Mondial brésilien, ne fait que se poursuivre. L'étape de septembre prochain, verra l'EN algérienne rendre visite au Lesotho. M. B. Fiche technique Blida, stade Mustapha-Tchaker, temps clément, affluence moyenne, pelouse en bon état, arbitrage de M. Mohamed Hamada (Mauritanie), assisté de MM. Cheïkh Mamadou Pene et Boubou Cheikhna Demba (Mauritanie). Buts : Slimani (21'), Soudani (33', 47'), Bentaleb (90+1). Avts : Belfodil (73') Algérie, Jones Joubert (79') Seychelles. Algérie : Doukha, Zeffane, Ghoulam, Mandi, Medjani, Taïder (Chenihi, 75'), Bentaleb, Mahrez, Boudebouz, Slimani (Abeid, 85'), Soudani (Belfodil,64'). Entraîneur : Christian Gourcuff. Seychelles : Jose Euphrasie, Yannick Manoo, Ronny Hoareau (cap), Jones Joubert, Benoit Marie (Ryan Antat, 80'), Gervais Hive, Gerard Basset, Karl Hall (Achille Henriette, 59'), Bertrand Esther, Geno Agathine, Sunky Vidot. Entraîneur : Jemmy Adela.