Pour la première fois de son histoire, le Chili domine le football sud-américain après son sacre à domicile dans la Copa America 2015 devant l'Argentine, qui a encore échoué en finale, samedi à Santiago. Après 99 années d'attente et quatre finales perdues, le Chili a enfin inscrit son nom au palmarès de la Copa America. Il lui a fallu passer par les tirs au but (0-0 après prolongations, 4 tab à 1) pour en arriver là, mais son sacre est logique, car la «Roja» a dominé son sujet depuis le début de «son» tournoi. Elle avait terminé à la première place de son groupe avec deux victoires et un nul, puis éliminé le tenant du titre, l'Uruguay (1-0), avant de venir à bout en demi-finale du Pérou (2-1). La finale n'a guère tenu ses promesses avec une rencontre fermée à l'exception d'un premier quart d'heure enlevé, mais les 17 millions de Chiliens ne faisaient pas la fine bouche. En prenant à contrepied Sergio Romero, Alexis Sanchez a délivré son équipe, les 45.000 spectateurs de l'Estadio Nacional et tout un pays, et accessoirement prolongé le cauchemar de l'Argentine qui, un an après la finale perdue du Mondial-2014, attend toujours un premier trophée majeur depuis 1993. Oubliées les polémiques Vidal et Jara Sanchez, relativement discret depuis le début du tournoi, a fait oublier les polémiques Arturo Vidal et Gonzalo Jara: le premier avait été arrêté le 17 juin pour conduite en état d'ivresse après avoir détruit sa Ferrari dans les faubourgs de Santiago, le second était devenu en quelques minutes une célébrité mondiale pour son geste obscène — un doigt dans les fesses — à l'égard de l'Uruguayen Edinson Cavani. «L'heure était venue pour cette génération de remporter un titre et de mettre fin à une histoire négative», a résumé le capitaine et gardien du Chili, Claudio Bravo. «C'est ma troisième défaite en finale de la Copa America (2004, 2007, 2015, NDLR et, je n'ai pas d'explications», lui a répondu, interdit, Javier Mascherano. Ce titre, le Chili l'a décroché grâce à sa solidarité et sa discipline qui ont permis d'étouffer Lionel Messi. Le capitaine argentin, étincelant lors de la demi-finale contre le Paraguay (6-1), n'a pas eu un rendement similaire en finale. La décision de Jorge Sampaoli de titulariser Jean Beauséjour et d'aligner une défense à trois joueurs, y a été pour beaucoup. Dans un milieu de terrain très encombré, la «Pulga» n'a pas trouvé les espaces dont il raffole tant et s'est étiolé pour complètement disparaitre des radars en seconde période et en prolongations. La star du FC Barcelone a tiré à la 19e minute le coup franc qui a débouché sur l'occasion la plus nette de la première période. Mais la tête de Sergio Agüero à bout portant a été détourné par Bravo. Avec deux, voire trois joueurs sur le dos et privé du soutien d'Angel di Maria, sorti sur blessure dès la 29e minute, Messi s'est contenté d'éclairs, mais sans jamais aller jusqu'au bout. Ratés de Higuain et Banega La solution a failli venir de Javier Pastore, dans l'ombre de son capitaine mais auteur d'une excellente Copa 2015 : dans le temps additionnel de la première période, il a adressé un centre en retrait pour son coéquipier du Paris SG Ezequiel Lavezzi, dont la reprise a été boxée par Bravo. Le Chili a pris l'ascendant physiquement en seconde période, mais sans concrétiser à l'image de cette reprise de volée de Sanchez sur une ouverture astucieuse de Charles Aranguiz à la 82e minute. Romero semblait battu, mais le ballon manquait de peu le cadre. L'Argentine a bien failli réduire au silence l'Estadio Nacional dans le temps additionnel sur une accélération de Messi qui a trouvé Lavezzi dont le centre fuyant repris par Higuain a échoué dans le petit filet (90+2). Durant la prolongation, Sanchez encore lui, sur un dégagement de Bravo, a pris de vitesse la défense argentine, mais son tir a fusé juste au-dessus de la transversale (105) Si Messi a réussi son tir au but, Higuain et Ever Banega, entrés en cours de match, ont manqué leur tentative. Fernandez, Vidal, Aranguiz et Sanchez, eux, ont fait mouche et fait chavirer tout un pays, champion d'Amérique du Sud seulement pour un an, jusqu'à l'édition du centenaire en 2016 aux Etats-Unis.