La clôture hier de la session de printemps au Sénat a confirmé les craintes des associations se battant pour les droits des femmes. Le texte modifiant les dispositions du code pénal fait l'objet de blocage mais le collectif d'associations ne compte pas baisser les bras. Une campagne de sensibilisation sera menée. Le président du Conseil de la nation a déjà été saisi. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Indignation chez le collectif d'associations mis en place pour faire pression sur les pouvoirs publics afin que le texte de loi modifiant le code pénal et contenant des articles criminalisant la violence faite aux femmes soit programmé au Sénat dès la reprise des travaux. Les nouvelles émanant de l'institution présidée par Bensalah ne sont pourtant pas bonnes. Il semblerait que le texte ne soit même pas programmé pour la session d'automne. C'est ce qui explique la mobilisation d'une douzaine d'associations (Réseau Wassila, Femmes en communication, SOS enfance en détresse de Tiaret, Rafd d'Oran, Rachda, le Ciddef, SOS femmes en détresse...) pour exiger la programmation de ce texte objet de blocages. S'exprimant au nom du collectif, Soumia Salhi a rappelé qu'en date du 29 juin dernier, les associations avaient écrit à Bensalah qui n'a jusque-là pas encore répondu à leur sollicitation. Elle s'interrogeait hier sur le message véhiculé à travers la clôture de la session de printemps : serait-ce celui de la consécration de l'impunité ? Le gouvernement est également mis devant ses responsabilités : il ne peut, selon Soumia Salhi, se dérober et cautionner la violence alors même que la Constitution consacre le droit à la protection. Les statistiques, dit-elle, sont effrayantes : durant les neuf premiers mois de 2014, plus de 6 000 cas de violences à l'égard des femmes ont été recensés. Pas moins de 4 000 cas sont à classer dans la case des violences familiales. Le collectif écrit dans son manifeste que «tous les jours, des femmes sont victimes de violences. Des enfants assistent à cette violence, grandissent et en souffrent. S'il était nécessaire de démontrer la nécessité de cette loi, et les conséquences de la non-protection des victimes. Des femmes sont en danger. Cette violence provoque chaque année des mortes, des milliers de blessées, sans compter les traumatisées à vie. Elles attendent cette loi qui les encouragera à se protéger sinon on est en situation de non-assistance à personne en danger. Des femmes osent maintenant déclarer cette violence, ne pas les prendre en charge, c'est les laisser soumises à l'arbitraire et aux représailles des agresseurs.» Le collectif note que «malgré la clause du pardon qui risque d'être obtenue par les pressions sur une victime fragilisée psychologiquement et matériellement, par la peur de se retrouver à la rue, nous avons estimé que cette loi est le premier recours pour la victime, en attendant les mesures concrètes de prise en charge des victimes».