C'est dans les villes historiques de Cherchell et de Koléa, traditionnellement consacrées dépositaires de la musique et de la chanson andalouse de la région, que se déroule, jusqu'au 6 août 2015, la 7e édition du Festival maghrébin de la musique. Ce festival est aussi composé d'orchestres maghrébins formés de troupes mixtes comprenant des musiciens et interprètes algériens, tunisiens et marocains qui feront la clôture de cet évènement. Rappelons à ce titre que le choix des villes de Koléa et de Cherchell comme sites de l'organisation de cet évènement international est d'abord historique. En effet, n'oublions pas que la première édition du Festival maghrébin de musique andalouse s'est déroulée à l'Institut des finances de Koléa du 22 au 27 mars 2010 et avait vu la participation de grands artistes et chanteurs de la musique andalouse, à l'image de Beihdja Rahal, accompagnée de l'Orchestre régional d'Alger sous la direction de Mokdad Zerrouk et où furent conviés à ce premier festival maghrébin, la chanteuse marocaine Baha Ronda et Abdou Essalem Sefiani, ainsi que la soliste tunisienne Sirine Benmoussa, une spécialiste du malouf qui avait impressionné l'assistance de Tipasa durant le colloque international de la musique andalouse qui avait eu lieu dans cette ville en 2009. En effet, cette digne héritière du maître du malouf tunisien, Tahar Gharsa, maîtrise les secrets de la composition. Experte en oud et en malouf et ses dérivés, elle reste la légataire consacrée du maître Tahar Gharsi. Quant au choix de Cherchell, cette ville connue pour abriter quatre associations qui activent et qui préservent jalousement l'art andalou est, elle aussi, réputée pour être un haut lieu de la culture et de la tradition musicales andalouses, haouzi et chaâbi. Pour preuve, les prestigieuses formations de la musique andalouse, que cette ville abrite, à l'instar de El Kaïssaria, El Rachidia, Nassim Essabah et El Manara, comptent également les chantres de la chanson et de la musique andalouses, en l'occurrence cheïkh Hakem et cheïkh Annabi qui restent des références musicales et dont la participation à ces festivals crédite le patrimoine musicale andalou ; cela sans omettre l'irremplaçable Abdeldjelil Ghobrini, un autre artiste émérite de la chanson andalouse, au talent incomparable, un virtuose du violon et de la mandoline. Toujours à titre de rappel historique, signalons que lors du premier festival de Koléa de 2010, on a vu se produire l'ensemble régional de Tlemcen ainsi que l'orchestre féminin de l'association El Fen oua Nachat de Mostaganem, on a vu aussi la participation d'un panel de formations musicales provenant des associations El Bachtarzia de Koléa, El Kaïssaria et Errachidia de Cherchell, ainsi que El Fen el Acil et El Gharnatia, toutes deux de Koléa. La ville de Tipasa s'était, quant à elle, distinguée avec élégance dans l'art de la musique et de la chanson andalouses, sachant qu'elle compte à son actif d'importantes manifestations musicales, à l'instar de celle qui s'était déroulée au complexe touristique la Corne d'Or de Tipasa du 16 au 19 juin 2009, où nous avons vu la participation des ensembles régionaux d'Alger, de Constantine et de Tlemcen, ainsi que des troupes maghrébines de Tunisie et du Maroc. La prestation de l'ethnomusicologue algérien Rachid Guerbas a été remarquable et majestueuse lors de cet évènement. Un autre nom d'envergure mondiale de la musique andalouse avait alors en cette période marqué de sa présence ce colloque international de la musique andalouse qui eut lieu à Tipasa, il s'agit du Marocain Hadj Ahmed Piro, un pionnier et virtuose originaire de Rabat, un maître de la musique andalouse gharnatie et grand ami du défunt Samy al Magharibi qui avait impressionné l'assistance lors du festival de Tipasa. En cette même période, une autre célébrité fut présente à Koléa, il s'agissait de Ronda Bahaa, une chanteuse marocaine, élève du maître Hadj Ahmed Piro. Une soliste initiée au melhoun, au chant arabo-andalou et gharnati, elle-même spécialiste du chant gharnati. A l'observation de ce large éventail des maîtres de l'andalou, il convient de reconnaître que notre pays et notre région disposent d'un immense vivier de formations artistiques avérées, telles les solides formations koléennes, blidéennes et algéroises qui restent toujours appréciées et attendues par les irréductibles mélomanes de l'andalou, à l'instar de la prestigieuse formation de Dar Gharnatia, des fabuleuses formations de Bachtarzia et celle de El Fen Al Acil de Koléa, qui rivalisent valablement avec les célèbres formations de Sandoussia et de la remarquable Moussalia d'Alger. Il convient de rappeler, par ailleurs, que l'antique ville arabo-musulmane de Cherchell s'était distinguée dans le passé par l'organisation de plusieurs festivals à l'instar du deuxième Festival régional de musique andalouse en 2013, où sept wilayas prirent part à cet évènement précédé par les 6e et 7e éditions des «Nuits andalouses», organisées en 2010 et 2011 à Cherchell. Cherchell et Koléa seront, quant à elles, animées presque toutes les soirées et jusqu'au 6 août 2015 par des orchestres venus pour la première fois de Turquie et de Tunisie. Au festival de Cherchell et de Koléa, on verra aussi le Portugal et l'Espagne. Pour la participation locale, le festival verra la présence de quelques associations de la musique andalouse de la wilaya de Tipasa dont Dar El Gharnatia de Constantine dans le malouf et Alger dans le type sanaâ. Ces soirées seront animées également par des galas et une troupe mixte composée d'artistes issus de plusieurs associations locales de la wilaya de Tipasa. Le malouf constantinois sera aussi présent avec la troupe Signi, ainsi qu'une troupe portugaise, de la troupe Meriem Beldi de France et une troupe turque.