Pour marquer la célébration du 60e anniversaire du Congrès de la Soummam, une journée hautement symbolique, un hommage a été rendu aux chahids Zighoud Youcef et Abane Ramdane. C'était aussi l'occasion de rendre hommage au moudjahid Belkacem Fantazi. Cet événement a eu lieu au forum d'El Moudjahid, organisé en coordination avec l'association Mechaâl Echahid. Il s'est déroulé en présence d'anciens moudjahidine, familles et proches des martyrs, ainsi que les enfants du sud du pays venus en colonie de vacances à Alger. Nadia Medjdoub - Alger (Le Soir) - A cette occasion, les médailles de la reconnaissance (ainsi que des bouquets de fleurs) ont été décernées à Chama, la fille unique de Zighoud Youcef, et à Amira, la petite-fille de Abane Ramdane. Quant à Belkacem Fantazi, premier secrétaire général de l'Organisation des moudjahidine, un burnous blanc des Aurès lui a été offert en reconnaissance de son parcours. Il a tenu à remercier au cours de cette conférence les présents, en déclarant : «Vous m'avez honoré, que Dieu vous honore également». Il évoquera par la suite quelques-uns de ses fidèles compagnons de combat avec émotion. Intervenant à cette occasion, l'historien Mohammed Lahcène Zeghdi rappelle que : «Le 23 septembre 1956, tombait au champ d'honneur Zighoud Youcef, l'architecte de l'offensive du Nord constantinois, du 20 août 1955. Il avait à peine 35 ans. Il a eu un parcours héroïque, l'enfant de Smendou, ce village qui porte aujourd'hui son nom. C'était un combattant chevaleresque qui forçait le respect même des ennemis qui ont eu à l'affronter. Zighoud Youcef marquera toute une génération de moudjahidine. Il a également donné à la Wilaya II un style de commandement singulier.» L'historien Mohamed Lahcène Zeghidi a réussi, hier, à capter l'attention des présents au forum, dont les enfants des wilayas de Tamanrasset et Illizi séjournant en colonie de vacances à Alger. Lors de la conférence, M. Zeghidi est remonté jusqu'à la naissance de ce forgeron qui a été à l'origine du déclenchement de la Révolution. Pour ceux qui ne le savent pas, Zighoud Youcef est né le 18 février 1921 à Smendou, un village qui porte aujourd'hui son nom (au nord-est de Constantine). Comme tous les jeunes Algériens, Il fréquente en même temps l'école coranique et l'école primaire française. Il abandonnera ses études du fait des contraintes imposées par les autorités coloniales aux Algériens, et aussi parce que, orphelin, il devait travailler pour aider sa famille. Ses activités politiques attirent l'attention des autorités coloniales. Il sera arrêté en 1950 et incarcéré à la prison d'Annaba. Il s'en évade en avril 1954 d'une manière spectaculaire. Grâce à ses talents de forgeron, il fabriquera, à partir d'une cuillère, une clé «passe-partout» et réussira ainsi à ouvrir toutes les portes de la prison. Il trouvera refuge dans la région des Aurès, devenue l'asile de tous les «fugitifs». C'est là qu'il tissera des liens forts avec Mustapha Ben Boulaïd. Ensuite, il s'engagera dans l'action militante du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) dès sa création. Il fera par la suite partie du «groupe des 22» réuni au Clos-Salembier. Zighoud avait un seul rêve, tomber au champ d'honneur, déclare l'historien. Il remplace Didouche Mourad, à sa mort, à la tête de la Wilaya II. C'est dans cette fonction qu'il organise et dirige la fameuse offensive du 20 août 1955. Un an jour pour jour après cette offensive, le 20 août 1956, a lieu le Congrès de la Soummam qui met définitivement en place les structures organiques et politiques de la Révolution de Novembre. Zighoud Youcef, qui en est l'un des initiateurs, est nommé membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), élevé au grade de colonel de l'ALN et confirmé comme commandant de la Wilaya 2. C'est au cours d'une tournée d'explication et d'organisation dans les unités placées sous son autorité que Zighoud Youcef tombe dans une embuscade tendue par les forces françaises à Sidi Mezghiche (wilaya de Skikda) le 25 septembre 1956. El hadj Abdelmalek, ancien moudjahid, a déclaré dans son intervention que « la Révolution doit beaucoup à Abane Ramdane. Il précise que dans ce monde, il existe deux catégories d'hommes, ceux qui font l'histoire et ceux qui la subissent. Dès son jeune âge, Abane Ramdane a déjà choisi son camp, celui de suivre les traces de ses aînés résistants tels que l'Emir Abdelkader et El Mokrani, car il a su que l'indépendance de l'Algérie ne s'octroie pas, mais elle s'arrache par le sacrifice.» Figure du nationalisme algérien, Abane Ramdane a levé le voile sur un important pan de l'histoire de notre glorieuse Révolution dont il fut le stratège et l'organisateur. Figure emblématique de la Révolution de Novembre 1954, Abane Ramdane demeure, selon les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé et connu, comme un homme de dialogue mais surtout un véritable stratège qui ne connaît pas de repos. Véritable théoricien et penseur, Abane Ramdane était en avance sur son temps, devaient reconnaître ses deux compagnons de lutte.