«L'Algérie traverse la période la plus difficile de son histoire», observait hier la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Appréciant positivement la réaction du Premier ministre concernant la polémique sur la derdja, Louisa Hanoune s'interroge néanmoins sur la cohérence de la position des deux partis membres du gouvernement. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - C'est au Village des artistes à Zeralda, à l'ouest d'Alger, que se déroulent depuis hier vendredi 21 août 2015 et pendant quatre jours les travaux de l'Université d'été 2015 du Parti des travailleurs (PT). Lors de son discours d'ouverture, un laïus de plus de deux heures pour ne pas faillir à l'habitude, Louisa Hanoune a évoqué évidemment la situation internationale mais surtout le contexte interne. Ainsi, la dirigeante du PT considérera que l'indépendance nationale, la construction de l'Etat algérien et le développement social et économique, des objectifs revendiqués notamment lors du Congrès de la Soummam tenu le 20 août 1956, un an après l'offensive héroïque du Nord- Constantinois le 20 août 1955, sont menacés. Evoquant les conflits régionaux et les menaces qui en découlent pour l'Algérie, Louisa Hanoune évoquera notamment la problématique libyenne. Convaincue que l'Armée nationale populaire ne peut et ne doit intervenir en Libye, la secrétaire générale du PT invitera la diplomatie algérienne à clarifier sa position. Dans ce contexte, Louisa Hanoune considère que le pays traverse la période la plus difficile de son histoire dans la mesure où l'unité Etat-Peuple, assez vivace durant la décade 1990, ne l'est plus, l'Etat étant menacé de dislocation, la situation politique assez fragile et les acquis socio-économiques remis en cause, au-delà de l'absence de planification... Ainsi, la dirigeante du PT considérera que les dispositions de la Loi de finances complémentaire pour 2015 et les autres mesures financières, économiques et administratives décidées par l'exécutif dans le contexte de chute des cours du pétrole, démontrent le cap pris pour l'austérité. Une austérité pourtant écartée par le discours de l'exécutif, relève Mme Hanoune qui invitera ce dernier à revoir le cap et à ne pas porter atteinte aux acquis des travailleurs et à la cohésion sociale. Où sont les promesses du président de la République concernant le développement économique et social, la création d'emplois et l'abrogation effective de l'article 87-bis du Code de travail ?, s'interroge-t-elle. Mais également Louisa Hanoune de craindre l'aggravation du chômage, l'amenuisement du pouvoir d'achat, l'inflation, l'érosion des classes moyennes et autres difficultés découlant de la mise en œuvre de la LFC et de ces mesures. Outre de craindre une colère du peuple suite à ces mesures «cyniques», elle estimera que la mise en œuvre de l'amnistie fiscale constitue un encouragement à l'évasion fiscale. Cela étant, le laïus d'ouverture de Louisa Hanoune n'a pas également dérogé à l'habituelle incrimination de l'«oligarchie» qu'elle dissocie certes du secteur privé actif et de la petite bourgeoisie mais laquelle selon la dirigeante du PT entend conquérir, s'accaparer des leviers du pouvoir et des institutions politiques et économiques. Une oligarchie qui, expliquera-t-elle, craignant un scénario à la somalienne, a pu émerger grâce à «ses relations au sein du pouvoir» et qui œuvre, de manière résolue depuis l'été 2014, à «caporaliser» la vie politique, les centres de décision, le gouvernement et même les organisations patronales dont le Forum des chefs d'entreprises (FCE), à «détricoter les institutions», à «tétaniser». D'autre part, la secrétaire générale du PT a semblé apprécier positivement la réaction du Premier ministre concernant la polémique sur la Derdja. En effet, Abdelmalek Sellal qui, la veille à Constantine et à l'occasion de la célébration du double anniversaire du 20 août, a affirmé que la langue arabe est «une référence constitutionnelle, civilisationnelle et culturelle et un principe tranché de manière définitive», appelé à «ne pas faire l'amalgame entre les propositions d'une commission de pédagogues et d'enseignants et les décisions de l'Etat», et considéré qu'il «n'est dans l'intérêt de personne d'instrumentaliser les débats (de la Conférence nationale d'évaluation du système éducatif) à des fins politiques et de les sortir de leur contexte éducatif et culturel», a suscité l'assentiment de la dirigeante du PT. Ce faisant, Louisa Hanoune qui exprimera vivement son soutien à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, aux compétences avérées mais qui subit une cabale fomentée à des fins idéologiques, voire de diversion, relève cependant une contradiction. Ainsi, la secrétaire générale du Parti des travailleurs s'interrogera sur la cohérence de la position des deux partis présidentiels, le FLN et le RND qui font partie du gouvernement et qui se sont empressés de participer à cette cabale fomentée contre la ministre de l'Education nationale.