La pièce théâtrale Liqaâ fi Cirta (une rencontre à Cirta) du Théâtre régional de Skikda, présentée vendredi soir sur les planches du Théâtre régional de Constantine (TRC), a suscité émotion, et pour s'être retrouvée au cœur des intrigues politiques, a entraîné l'admiration du public par sa thématique liée à un pan de l'histoire de la capitale de la Numidie. Mise en scène par Azzedine Abbar sur un texte de Chahla Harkat, la pièce aborde la vie de la princesse carthaginoise Sophonisbe, fille d'Hasdrubal Gisco, qui dut choisir entre sa passion et sa patrie. Le rideau s'ouvre sur un palais de Carthage où Sophonisbe, célèbre pour sa grâce et sa beauté, éprise de Massinissa, le roi numide, a dû se résigner à épouser Syphax, l'autre roi numide, pour sceller l'alliance entre son père et Syphax qui s'est rangé du côté des Carthaginois, à la veille d'une énième guerre contre Rome, ennemi juré de Carthage. Dans un jeu d'intérêts sans fin, Massinissa offre alors son soutien à Scipion, le général romain qui ne tarda pas à infliger une défaite cuisante à Carthage, au grand désarroi de Sophonisbe (campée par Dalila Nouar) qui craignait de subir le sort des vaincus et être emmenée à Rome, après la capture de Syphax (joué par Abderaouf Boufenez). Tantôt passionnée, tantôt patriote, par moment animée par un sens politique aigu, la princesse fait face à un vrai dilemme et la proposition de Massinissa (dont le rôle a été confié à Ahmed Azila Fethi) de l'épouser et devenir la reine de Cirta aiguise ses frayeurs. De scène en scène, dans un voyage intemporel, les acteurs se donnent la réplique et lancent une profonde réflexion sur le pourquoi des guerres, la soumission, le sacrifice et l'attrait du pouvoir où les intrigues politiques, les stratégies et les intérêts s'imbriquent et s'entremêlent. Le rideau tombe quand Sophonisbe, qui ne pouvait pardonner à Massinissa d'avoir sacrifié Carthage, préféra la mort plutôt que de tomber aux mains de ses ennemis romains. Les douze comédiens qui ont interprété cette pièce présentée en arabe classique ont réussi à capter l'attention des spectateurs dès la première scène et ont pu traduire sur les planches l'intensité dramatique et émotionnelle de l'œuvre. Après le spectacle, le metteur en scène a rappelé que la pièce Liqaâ fi Cirta est un hymne à Constantine, soulignant que l'adaptation pour les planches d'un pan de l'histoire du l'antique Cirta est une «invitation» aux intellectuels pour se pencher davantage sur l'histoire de la ville bimillénaire et des personnages qui ont façonné sa destinée. Inscrite dans le cadre du programme du département Théâtre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», cette pièce du Théâtre régional de Skikda, dont la scénographie est signée Abderrahmane Zaâboubi, sera présentée, dans les jours qui viennent, dans plusieurs wilayas.