Wesmet aar (L'opprobre), pièce de théâtre de la coopérative Sindjab de Bordj Ménaïel, a été présentée samedi soir à la maison de la Culture Ould-Abderrahmane-Kaki. La particularité de cette représentation, c'est d'inviter à la réflexion autour d'un sujet qui demeure encore socialement tabou. C'était lors de la deuxième journée de compétition du 48e Festival national du théâtre amateur de Mostaganem (FNTA), que les troupes «A» sont entrées en compétition. Devant un public nombreux et attentif, une dizaine de jeunes comédiens dont une femme (Aïcha Issad dans le rôle de l'infirmière) se sont donné la réplique, durant plus d'une heure, pour offrir un spectacle intelligemment écrit et conçu par Rafik Fetmouche, un jeune metteur en scène en devenir, certainement promis à une belle carrière. La scène s'ouvre sur une surface commerciale où chacun vaque à ses occupations. Brahim (le personnage principal campé par Islam Rebai) et un ami à lui cherchent dans des ordures des objets de récupération pour les vendre. C'est alors qu'il se fait piquer accidentellement par une seringue. Il se dirige vite à l'hôpital pour désinfecter sa blessure et se faire soigner. Il est aussitôt confronté à un tas de négligences et de manquements, ce qui rend sa prise en charge quasi impossible. La rumeur et la médisance faisant ensuite leur effet, Brahim est suspecté d'avoir contracté le virus du sida, ce qui provoque son rejet immédiat et sa mise en quarantaine par ses propres voisins devenus de véritables ennemis. La jeune infirmière entre alors en scène. Elle tient un discours scientifique censé convaincre du caractère infondé de toute la cabale menée contre le pauvre Brahim, affaibli et de plus affecté par les regards accusateurs et obliques de ses amis. Servis par une scénographie fonctionnelle faite d'abris amovibles pouvant facilement suggérer plusieurs situations de jeu, les comédiens ont réussi à porter le texte avec une intensité dans les échanges qui a donné lieu à un rythme ascendant et soutenu. L'éclairage a également été d'un apport favorable au spectacle, générant les atmosphères nécessaires aux différentes phases de la trame. Il en est de même pour la musique, œuvre du grand Bazou, soutenue par de belles figures chorégraphiques.A l'issue de la représentation, le jeune Rafik Fetmouche a rappelé que «la force de ce travail réside dans le groupe qui l'a porté, ainsi que dans la complémentarité de la scénographie et de la bande son avec la mise en scène, elle-même faisant corps avec le scénario». Dix-sept troupes théâtrales sont au programme de ce 48e Festival national du théâtre amateur de Mostaganem qui se poursuit jusqu'à demain 2 septembre.