Les scandales majeurs dans le domaine des commandes publiques en Algérie sont fréquents et leurs conséquences désastreuses : tous les secteurs d'activité sont touchés, tant au niveau central que local. Le processus d'attribution et d'exécution des contrats publics permet à de nombreuses formes de corruption de se développer : favoritisme, fraudes et détournements en tous genres. Les responsables publics, qui engagent les deniers de l'Etat, en sont tout autant responsables que les acteurs du secteur privé, national et international, qui cautionnent et perpétuent ces pratiques malhonnêtes. Contre la corruption, l'Etat en Algérie ne produit que de mauvais discours et des lois médiocres, l'entretien de la non-moralisation de la vie publique est son fonds de commerce ! Si on ne parvient pas à contrôler la corruption, les institutions démocratiques et le fonctionnement de l'économie de marché voient leur survie menacée, les personnes sans scrupule se voient récompensées, tandis que les personnes honnêtes sont démoralisées. La légitimité de l'Etat en est affectée. C'est méconnaître le risque de corruption que comporte le processus de transition, que de croire que la libéralisation et la privatisation de l'économie, à elles seules, permettent de réduire la corruption. Ce risque est tel que les sociétés émergentes n'arrivent jamais à jouir des bénéfices inhérents à la démocratie et à l'ouverture des marchés dans un environnement corrompu. Par ailleurs, les ressources seront affectées à des secteurs improductifs, comme la police, les forces armées ou d'autres organes de répression sociale, dans la mesure où les élites tendent à se protégerelles-mêmes, leur position et leur bien-être matériel. Cela peut à son tour ébranler les institutions démocratiques et provoquer la fin de la société civile, dans la mesure où la corruption prévaut dans l'action publique sur la libéralisation, en se transformant en la principale source de recettes. Le ver est dans le fruit et la descente aux enfers ne fait que commencer.