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Les problèmes provoqués par la chute du prix du pétrole et leurs solutions
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 09 - 2015


Par Badreddine Nouioua,
(ex-gouverneur de la Banque d'Algérie)
L'Algérie est confrontée, au même titre que les autres pays, à des problèmes. Toutefois, les siens se sont accumulés, sont devenus multiples, enchevêtrés et difficiles à résoudre. Les responsables dans les gouvernements qui se sont succédé évoquent, bien sûr, ces problèmes et insistent sur la nécessité de leur trouver des solutions. Beaucoup d'entre eux font même état d'adoption de stratégie (terme très galvaudé) dans leur secteur, ce qui fait croire que les problèmes vont être résolus d'une manière radicale.
En fait, en dehors de la mise en place d'infrastructures économiques et sociales, qui restent cependant insuffisantes, et de quelques réalisations dans les secteurs productifs, beaucoup de domaines continuent à connaître des difficultés. Les projets d'investissement productif qui ont été entrepris et qui commencent à produire sont dus en partie à l'armée et tous nécessitent le déploiement de beaucoup d'efforts pour assurer leur viabilité et leur rentabilité. Les raisons qui sont à l'origine du manque d'empressement pour aborder sérieusement plusieurs des problèmes qui se posent au pays et engager des actions en vue de les régler effectivement sont nombreuses. Il faut dire que l'abondance, jusqu'à une date récente, des ressources en devises et de celles en dinars qui en résultent, ressources provenant de l'exploitation et de l'exportation des hydrocarbures, a favorisé le statu quo. Le niveau des réserves de change a permis l'expansion des importations qui ont suppléé toutes les insuffisances. Elles ont répondu, jusqu'à présent, aux besoins de la consommation et de la production.
Les marchés sont inondés de marchandises de toutes sortes, bien qu'elles soient souvent de qualité médiocre. Mais leur disponibilité donne satisfaction à tout le monde et surtout aux importateurs qui, sous prétexte de rendre service au pays, continuent à s'enrichir et à garder une partie de leurs capitaux à l'étranger.
D'un autre côté, les énormes dépenses publiques, faites souvent sans contrôle très strict, ont propulsé les activités, engendré des revenus et contribué de la sorte à améliorer le niveau de vie des citoyens et à créer ce qu'on croit être de la prospérité.
Il s'agit en réalité d'une prospérité quelque peu factice, puisqu'elle ne repose pas sur l'extension d'activités productives et n'entraîne pas surtout un développement économique effectif et durable.
La production agricole reste stagnante (8% à 9% du PIB), la production industrielle a décliné (5% du PIB) et la double dépendance vis-à-vis des hydrocarbures et de l'étranger s'est accentuée.
Les autorités préfèrent retenir de cette situation les aspects qu'elles considèrent comme positifs tels que l'augmentation des revenus et l'amélioration du niveau de vie. Leur souci majeur reste la préservation de la paix sociale grâce à la distribution généreuse des revenus issus de l'exportation des hydrocarbures. Il est, bien entendu, très important que le pays bénéficie de la stabilité que lui procure la paix sociale et qu'il évite, de la sorte, d'être confronté à des troubles qui peuvent facilement dégénérer et devenir incontrôlables. Cette paix sociale est, toutefois, obtenue par le recours à des moyens qui sont à l'origine de préjudices qui se manifestent sur les plans économique, social, moral, etc. L'utilisation de ces moyens semble d'autre part dispenser ces mêmes autorités de mettre en œuvre des mesures d'assainissement et de redressement ainsi que des réformes structurelles vitales et indispensables, réformes qui finiront, un jour ou l'autre, par s'imposer à nous ou à nous être imposées. La paix sociale est, en outre, fragile et précaire puisqu'elle ne peut être maintenue que si les ressources financières sont élevées.
Or ces dernières, comme tout le monde le sait, dépendent de l'exportation des hydrocarbures, produits non renouvelables et dont le prix est très volatile. Ce qu'on craignait, c'est-à-dire la baisse de ces ressources, a commencé à se produire dès le second semestre 2014.
Le prix du baril de pétrole qui a évolué entre 107,3 dollars et 115 dollars au cours du premier semestre, est tombé à 57,9 dollars fin décembre et a atteint même 45 dollars durant le premier trimestre 2015. Depuis, il continue à fluctuer mais il est resté à des niveaux qui sont loin de répondre aux besoins actuels en ressources de l'économie nationale.
De ce fait, le pays va se retrouver en face d'une crise et les problèmes qui se posent à lui sont principalement d'ordre financier. Comment diminuer les importations et mettre fin aux transferts illicites de capitaux pour limiter les sorties de devises ? Comment en même temps augmenter les exportations hors hydrocarbures pour compenser, ne serait-ce qu'en partie, la diminution des recettes en devises ? Comment, d'autre part, limiter les dépenses publiques étant donné la diminution des recettes provenant de la fiscalité pétrolière qui constituent les 2/3 environ des recettes budgétaires ? Comment en même temps accroître les recettes que procure la fiscalité ordinaire pour compenser en partie cette diminution ? Comment mobiliser les banques et activer le marché financier de façon à disposer de ressources qui se substituent aux fonds publics lesquels se raréfient ? Ce sont là autant de questions qui attendent des réponses appropriées.
Or, il se trouve que certaines des mesures à prendre pour tenter de résoudre ces problèmes mettent en cause les dispositifs en place, qui assurent la paix sociale telle qu'elle est conçue par les pouvoirs publics. Est-il en effet possible de réduire les importations sans supprimer le système d'assistanat et de subventions directes et indirectes, lequel provoque, tel qu'il est pratiqué, la surconsommation, le gaspillage, la contrebande, etc. des produits importés sur une grande échelle ? De même, est-il possible de réduire les dépenses publiques tout en maintenant en place ce même système qui grève le budget de l'Etat ? Les autorités sont, de ce fait, devant un véritable dilemme puisqu'elles considèrent que le maintien de la paix sociale est une nécessité et qu'il ne peut être assuré que par l'application des dispositifs existants.
Si malgré tout, les autorités acceptent ou sont contraintes de revoir ces dispositifs pour les rendre plus rationnels et plus efficaces, les effets des actions à engager ne seront pas immédiats : certains sont à court terme, mais d'autres sont à moyen et long termes. C'est là une difficulté supplémentaire. Il y a lieu de souligner qu'il n'est pas question de supprimer le système d'assistanat et de subventions mais de l'appliquer à ceux qui en ont besoin, c'est-à-dire les couches les plus défavorisées de la population, tout en veillant à ce que les listes des bénéficiaires soient rigoureusement contrôlées. La paix sociale qui est essentielle peut être d'ailleurs préservée sans préjudices par l'application d'autres moyens, qui sont plus efficaces et plus satisfaisants. On peut citer, entre autres, la réalisation effective de projets productifs qui procurent des emplois notamment aux jeunes et qui créent des richesses. Il y a également l'exercice de l'autorité de l'Etat avec équité et rigueur de façon à mettre fin au climat délétère marqué par l'incurie, le laisser- faire, l'extension des pratiques malsaines, etc. D'autres mesures qui vont dans le même sens seront abordées par la suite. Pour l'instant, commençons par examiner l'espoir partagé par beaucoup de monde de voir la baisse du prix de pétrole limitée dans le temps.
1) La diminution du prix de pétrole serait-elle temporaire ?
Si un tel espoir se réalisait, comme c'était le cas en 2009, cela dispenserait de recourir à des mesures qui dérangent. Il est connu que les prévisions concernant l'évolution du prix de pétrole se sont souvent révélées hasardeuses et inexactes. Cependant, les éléments de la situation prévalant à l'heure actuelle laissent prévoir ou supposer que dans le cas où il y a une augmentation du prix, elle serait réduite. Le prix ne dépasserait pas les 70 $ le baril. Ce qui entraînerait dans notre pays un important déficit de la balance des paiements et du budget de l'Etat, si les importations et les dépenses publiques restaient sans réduction majeure.
Le prix de pétrole continuera probablement à être relativement faible parce que l'Arabie Saoudite et les autres pays de la région qui la soutiennent (Emirats arabes unis, Koweït et Qatar) refusent de réduire leur quote-part de production. Leur priorité étant de garder leurs parts respectives du marché, ils acceptent la baisse du prix en vue d'empêcher les pays producteurs hors-Opep et les nouveaux venus, plus particulièrement les Etats-Unis, de s'en emparer. Ils sont décidés à conserver leur position, selon les déclarations de leurs responsables, cela d'autant plus que leurs réserves en pétrole et en gaz sont considérables et que leurs prix de revient sont beaucoup plus bas que ceux de la plupart des autres pays producteurs.
Par ailleurs, les perspectives de la levée des sanctions contre l'Iran et celles, bien que plus incertaines, d'une limitation des conflits en Irak et en Libye, qui n'utilisent pas leur pleine capacité de production, laissent entrevoir le risque d'une augmentation de l'offre sur le marché qui est déjà abondante. Ce qui ne manquerait pas de peser sur les prix. C'est dire qu'il faudrait tabler plutôt sur la persistance de la faiblesse du prix de pétrole et ne plus continuer de nourrir l'espoir de le voir s'améliorer dans un proche avenir.
2) Dévaluation du dinar
La possibilité d'une hausse prochaine et conséquente du prix du pétrole étant écartée, des appels émanant de divers milieux en faveur du recours à la solution miracle, c'est-à-dire à la dévaluation du dinar, se multiplient. Cette solution qui n'exige qu'une décision officielle de réduire la valeur de la monnaie nationale par rapport à celles des monnaies étrangères, présenterait, selon ses partisans, plusieurs avantages. Elle provoquerait, en premier lieu, une diminution des importations et une augmentation des exportations.
Les produits étrangers renchérissent du fait de la baisse du cours du dinar par rapport aux devises et leur demande diminuerait par conséquent automatiquement. Par contre, les produits locaux deviendraient plus compétitifs à la suite de la baisse de leurs prix exprimés en devises et se vendraient ainsi plus facilement à l'étranger. La dévaluation entraînerait aussi des rentrées de devises provenant des investissements directs étrangers, de l'émigration, des touristes, etc. Elle inciterait même certains nationaux qui détiennent des capitaux à l'extérieur à les rapatrier. Elle mettrait fin également à la plaie représentée par le marché parallèle de devises, selon toujours ses promoteurs. Ces mêmes résultats devaient se réaliser à la suite des fortes dévaluations du dinar, qui représentaient l'une des mesures essentielles, retenues dans les programmes d'assainissement et d'ajustement structurel mis en place dans les années 1990 sous l'égide du FMI et de la Banque mondiale. Tout ce qui était escompté de positif n'a pas vu, pour ainsi dire, le jour. Par contre, les conséquences ont été désastreuses. La monnaie nationale a perdu l'essentiel de sa valeur. Le taux de change du dollar américain par rapport au dinar qui était de 7,60 DA en 1989 est devenu 75,25 DA en 2000. L'inflation est restée plusieurs années à deux chiffres et elle s'est élevée jusqu'à 30%.
Il en a été de même pour le chômage qui a atteint lui aussi 30%. Le Produit intérieur brut (PIB) exprimé en dollars était de 55,47 milliards en 1989, il est tombé à 42,07 milliards en 1995 et à 48,64 milliards en 1999.
Par tête d'habitant il était de 2 272,5 dollars en 1989, il a chuté à 1 499,6 dollars en 1995 et à 1623,3 dollars en 1999.
Une grande partie de la population s'est appauvrie. Ces données montrent quel a été le résultat des dévaluations notamment.
Le fait d'ignorer ou d'oublier le passé et le fait de ne pas tenir compte des enseignements de nos mauvaises ou de nos bonnes expériences constitueraient une grave carence, laquelle ne nous aiderait pas à progresser.
La dévaluation de la monnaie peut avoir des effets positifs dans un pays qui dispose de capacités de production qu'il peut utiliser pour satisfaire les besoins locaux et pour exporter. C'est loin d'être le cas pour notre pays qui est dépourvu de moyens à même de produire des marchandises diversifiées et compétitives qu'il peut exporter en dehors des hydrocarbures. La dévaluation ne devrait pas servir à masquer les insuffisances et les dysfonctionnements dont souffre notre économie et qui vont s'aggraver à la suite de l'effondrement du prix du pétrole. Au lieu de proposer la dévaluation du dinar, il serait préférable de trouver des remèdes appropriés aux facteurs qui sont à l'origine des difficultés que connaît notre pays, tels que l'absence de produits exportables à l'exclusion des hydrocarbures, la faiblesse de la productivité, le soutien apporté aux produits d'importation par le biais des subventions, l'importance de la monnaie fiduciaire (billets de banque et pièces de monnaie métallique) en circulation qui favorise la demande de marchandises, notamment celles qui sont importées, l'inexistence de circuits d'exportation organisés et fluides, etc.
3) Diminution des importations et augmentation des exportations
a) Les importations couvrent les besoins de consommation notamment en produits de première nécessité (céréales, légumes secs, lait, huile, sucre, etc.) et des besoins de production qu'il s'agisse de production dans le domaine de l'agroalimentaire, celui de la mécanique, celui de l'électronique ou celui de l'électroménager, etc. Toutes ces activités sont très faiblement intégrées et il leur faut des intrants importés pour se maintenir. Cette forte dépendance vis-à-vis des importations rend leur réduction problématique surtout en ce qui concerne ces catégories de produits.
Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas des marges pour limiter l'importation d'autres catégories de produits. Cependant les hésitations, les demi-mesures pour éviter de mécontenter les importateurs et d'indisposer les pays exportateurs qui font du nôtre un débouché pour leurs produits n'aideront pas à régler le problème. Ce qu'il faut c'est de la fermeté, c'est l'application de mesures adaptées, susceptibles d'induire des effets à court terme et d'autres à moyen et long termes sur les importations.
Il convient de commencer par interdire l'importation des marchandises produites localement ainsi que des produits congelés, ne serait-ce que pour des raisons sanitaires, comme il faut prohiber l'importation des produits emballés pour la vente au détail (importer par exemple de petits paquets de légumes secs est non seulement coûteux mais constitue une aberration) et celle des produits superflus.
Il faut en même temps mettre en place des normes et des standards stricts à faire respecter aussi bien en ce qui concerne les importations que les productions locales dont il importe d'accroître le taux d'intégration sur la base de programmes à engager en accord avec les entrepreneurs.
Est-il acceptable que le jus d'orange par exemple ne contienne comme composant local que de l'eau et que le reste, c'est-à-dire le concentré d'orange, les ingrédients chimiques, le sucre, soit importé ?
b) C'est seulement en augmentant les productions, en les diversifiant, en améliorant la qualité des produits, en élevant le taux d'intégration qu'on peut promouvoir et accroître les exportations hors hydrocarbures. Ces actions doivent être accompagnées par une série de mesures comprenant la disponibilité de conditionnement adéquat, des facilités de transport, une extension par les banques de leurs réseaux de correspondants, la simplification des formalités douanières, l'établissement de relations avec des agents intermédiaires et des organismes acheteurs à l'étranger.
Notre longue absence des marchés extérieurs en tant qu'exportateur, exige qu'un travail sérieux et de longue haleine soit entrepris dans plusieurs domaines pour créer les conditions favorables en vue de donner une impulsion à l'exportation des produits algériens, encore faut-il commencer par les rendre disponibles, comme cela a été déjà mentionné.
4) Réduction des dépenses publiques et accroissement des ressources budgétaires
a) La baisse importante des ressources budgétaires à la suite de la diminution des recettes provenant de la fiscalité pétrolière va se traduire par un déficit élevé. La réduction des dépenses pour limiter le déficit budgétaire touche essentiellement les dépenses d'équipement alors que les besoins dans les domaines du transport urbain et interurbain, de l'habitat, de la santé, de l'enseignement, etc. ne font qu'augmenter en relation avec l'accroissement de la population. Ce qui importe davantage, c'est de réduire les dépenses de fonctionnement.
Les dispositions à prendre à cet effet sont nombreuses si on veut obtenir des résultats consistants. Il s'agit d'abord de réformer profondément le système de subventions pour que ces dernières ne soient attribuées, en adoptant un ciblage rigoureux, qu'à ceux qui en ont besoin. Il faudrait aussi entreprendre le regroupement de certains services, supprimer les organismes dont l'utilité n'est pas avérée, limiter les effectifs là où ils sont en surnombre.
D'un autre côté, la manière dont le budget est préparé mérite d'être revue pour ne pas continuer à reconduire les crédits d'une année à l'autre, sans examiner leur justification, sans fixer la réalisation d'objectifs à leur attribution. Il convient, d'autre part, d'élargir les pouvoirs des contrôleurs financiers et d'assurer leur indépendance. Les autorités comptent sur les ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) pour combler le déficit du budget et celui des opérations du Trésor afin d'éviter de la sorte de recourir à des réductions substantielles des dépenses notamment en matière de fonctionnement. Ces ressources ont été déjà amputées de plus de 1 000 milliards de dinars en 2014 et il est probable qu'elles s'épuisent en 2017 ou même à la fin de 2016 si des mesures courageuses ne sont pas prises pour faire face à la crise.
b) L'augmentation des recettes budgétaires, autres que celles fournies par la fiscalité pétrolière, dépend en grande partie de l'intégration et du contrôle des activités informelles et de l'efficacité des services des impôts. Ces derniers, étant l'instrument de l'établissement et de la collecte des impôts, ne peuvent accomplir convenablement leurs missions que dans la mesure où ils sont dotés à la fois de moyens humains suffisants, qualifiés, motivés et intègres et des équipements nécessaires comportant du matériel de transport, du matériel informatique, des locaux adéquats, etc.
L'informatisation complète de ces services, qui tarde à se faire, leur permet de recenser et de suivre tous ceux qui sont imposables. Une meilleure collaboration des différentes structures relevant de la Direction générale des impôts, entre elles et avec les services des Douanes, et ceux des banques aidera, de son côté, à mieux saisir la matière imposable. En ce qui concerne les collectivités locales, il serait souhaitable de leur accorder plus de pouvoirs pour lever des taxes. Il est toutefois indispensable de combattre au préalable sérieusement la corruption qui sévit à ce niveau pour que les autorités locales fassent preuve d'engagement, de responsabilité et d'imagination pour mobiliser des ressources et les utiliser utilement sans trop compter sur l'aide provenant du budget de l'Etat.
5) Participation plus active des banques dans le financement des investissements
Toutes ces dernières années, la croissance de l'économie bien que modeste (entre 3% et 4% par an en moyenne) a été tirée par les investissements financés par le budget de l'Etat, notamment en matière d'infrastructures économiques et sociales. Les banques bien qu'ayant été en excès de liquidités du fait qu'elles disposaient de dépôts importants qu'elles n'arrivaient pas à utiliser totalement, avaient manqué de dynamisme. Ces dépôts sont en effet restés supérieurs aux crédits à l'économie durant toute la période antérieure et même au cours du premier trimestre 2015.
Les interventions des banques se faisaient au début des années 2000 plutôt en faveur du commerce extérieur qui drainait des commissions importantes, comportait peu de risques et n'exigeait pas d'efforts d'étude et d'analyse. Elles n'ont commencé à augmenter leur financement des investissements que ces derniers temps et à la suite d'instructions données par les pouvoirs publics. Jusqu'à présent, les efforts fournis pour améliorer la qualité de leurs services et se doter de structures leur permettant d'agir plus activement et plus efficacement en matière d'octroi de crédits aux investissements productifs sont restés insuffisants. La lenteur et le manque de précision continuent à caractériser leurs opérations, et la faiblesse de leurs départements chargés de recenser et d'évaluer les risques est flagrante.
L'absence de structures capables d'entreprendre des études de qualité pour accompagner leurs clients et les orienter dans leurs choix et la mise en œuvre de projets productifs constitue un handicap sérieux. De même l'absence de structures, notamment au niveau des banques publiques, susceptibles d'aider les clients à s'adresser au marché financier, limite leur rôle. Comment nos banques peuvent-elles contribuer à promouvoir les exportations par exemple si elles n'élargissent pas et ne diversifient pas leurs réseaux de correspondants en Afrique, au Moyen-Orient et ailleurs pour ne pas continuer à dépendre des grandes banques occidentales et à leur payer des commissions ? A la décharge des banques, en ce qui concerne la non-utilisation de la totalité de leurs dépôts, il faut mentionner l'insuffisance de projets d'investissement éligibles au crédit, présentés par les entreprises du secteur public et celles du secteur privé. Les multiples déclarations des responsables au niveau des deux secteurs sont rarement suivies d'effets dans ce domaine vital. En supposant qu'une action efficace soit menée pour drainer une partie de la monnaie fiduciaire en circulation vers le circuit bancaire, les montants collectés risquent seulement d'accroître les dépôts bancaires inutilisés tant que des projets d'investissement ne sont pas préparés avec soin et soumis aux banques. Il est urgent donc que des études de faisabilité portant sur des investissements à réaliser dans les différents branches (industrielles, agricoles, touristiques, etc.) soient entreprises pour combler les lacunes graves existant à l'heure actuelle.
6) Rendre le marché financier plus actif
On compte beaucoup sur le marché financier pour mobiliser des fonds qui répondent aux besoins des entreprises publiques et privées ainsi qu'à ceux de l'Etat. Comme tout marché, le fonctionnement du marché financier s'effectue sur la base de l'offre et de la demande, lesquelles dans ce cas portent sur des titres ou valeurs mobilières, c'est-à-dire des actions et obligations notamment.
Les actions sont émises par les entreprises, soit pour céder une partie de leur capital, soit pour l'augmenter, soit pour le constituer lorsqu'il s'agit d'entreprises nouvelles. Ceux qui achètent les actions détiennent des parts du capital, deviennent en quelque sorte des associés et perçoivent sous forme de dividendes une partie des bénéfices que réalise l'entreprise.
Les obligations sont des parts d'emprunts émis par les entreprises, les institutions bancaires et financières, l'Etat et ses institutions pour obtenir les ressources dont ils ont tous besoin. Ceux qui achètent des obligations reçoivent, en tant que rémunération, des intérêts dont le taux est fixé à l'avance. A l'échéance de l'emprunt, les obligations font l'objet de remboursement. Le marché financier, qui a pour centre la bourse, offre ainsi, au moyen d'instruments financiers souples et pratiques (actions et obligations notamment), la possibilité à ceux qui les émettent de diversifier leurs sources de financement, et à ceux qui les acquièrent de diversifier les placements de leurs liquidités monétaires en vue de les faire fructifier.
Les opérations se déroulent dans un cadre strictement réglementé pour imposer la transparence qui est un aspect important dans ce domaine et pour éviter les irrégularités, les abus, les fraudes, etc. Elles font d'autre part intervenir un grand nombre d'acteurs lesquels contribuent notamment à préparer les dossiers d'introduction en bourse, à effectuer les transactions en tant qu'intermédiaires, à promouvoir les activités, etc. La bourse a été mise en place chez nous en 1995. Bien que vingt ans se soient écoulés depuis, elle n'arrive pas à décoller. Certes, il y a la constitution de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB), laquelle a pour mission d'élaborer les textes réglementaires requis et d'exercer les fonctions de surveillance, de contrôle et d'arbitrage. Mais les structures dont elle s'est dotée restent sous-utilisées parce que l'essentiel, c'est-à-dire la multiplication des émissions d'actions et d'obligations, ne s'est pas produit. A l'heure actuelle, seules quelques sociétés sont cotées, deux publiques et deux privées. Bien que ces sociétés réalisent des bénéfices et distribuent des dividendes, le cours de leurs actions a baissé.
La dynamisation de la bourse implique que l'Etat soumette une part du capital des entreprises publiques bénéficiaires à la souscription du public. Une telle opération crée de l'activité au niveau de la bourse sans faire perdre à l'Etat le contrôle des entreprises concernées dans la mesure où la proportion du capital proposée à la souscription ne dépasse pas par exemple 25%. Le secteur privé devrait de son côté accepter qu'un plus grand nombre d'entreprises soit coté en bourse. Les entreprises introduites en bourse seront tenues d'être transparentes, de communiquer régulièrement des informations sur leurs activités. Mais en contrepartie elles se font mieux connaître et peuvent bénéficier de sources de financement plus avantageuses que celles fournies par les banques. En ce qui concerne les obligations, il faudrait que l'Etat, les institutions publiques et les entreprises privées émettent plus d'emprunts.
En face d'une offre plus importante et plus fréquente d'actions et d'obligations, il importe qu'il y ait une demande aussi importante. Celle-ci peut provenir de particuliers, détenteurs d'avoirs monétaires, de fonds commun de placement, créé par les banques et les institutions financières, et surtout d'investisseurs institutionnels c'est-à-dire les caisses de retraite, les caisses de sécurité sociale, les compagnies d'assurances, etc.
L'intervention des investisseurs institutionnels devrait être non seulement autorisée mais également encouragée par l'Etat de façon qu'ils consacrent une proportion de leur trésorerie à la constitution de portefeuilles de valeurs mobilières. Il y a lieu de souligner la nécessité d'offrir, du moins les premiers temps, des rémunérations très attractives, bien supérieures à celles proposées par les banques pour les dépôts à terme.
D'autre part, les acquéreurs d'actions notamment, espèrent toujours réaliser des plus-values. C'est pourquoi les entreprises cotées en bourse doivent être innovatrices et présenter des perspectives d'évolution et de meilleures performances. Ce qui rend leurs actions plus recherchées, et leurs cours plus élevés. Un autre aspect préoccupe également les détenteurs de valeurs mobilières, c'est d'avoir la possibilité de les mobiliser c'est-à-dire de les céder rapidement en cas de besoin. D'où l'utilité d'un marché secondaire. Un marché financier ne s'improvise pas. Il se constitue graduellement dans la mesure où des actions sont menées d'une manière judicieuse de façon à accroître les transactions tout en les rendant attractives aussi bien pour ceux qui font l'offre que pour ceux qui font la demande. En devenant actif, le marché financier fournira de nouveaux instruments financiers susceptibles de drainer vers les entreprises, l'Etat, les institutions publiques de substantielles ressources.
Celles-ci, alors qu'elles étaient inutilisées ou mal utilisées, vont ainsi servir à développer les activités au profit de l'économie nationale. Encore une fois, on ne peut pas envisager d'utiliser le marché financier pour obtenir des fonds, sans prendre au préalable toutes les dispositions qu'implique sa création.
Conclusion
Les problèmes qui se posent vont certainement s'aggraver à la suite de la chute du prix du pétrole et de sa persistance qui semble très probable. Les mesures prises jusqu'à l'heure actuelle ne paraissent pas tout à fait appropriées pour redresser la situation.
La disponibilité des réserves de change qui restent élevées et des avoirs du Fonds de régulation des recettes (FRR) permettent d'éviter pendant un certain temps (mais qui est limité) des difficultés en matière économique et sociale. Faudrait-il attendre que ces ressources s'épuisent pour songer à prendre les actions qui s'imposent ? Retenir une telle approche n'est pas judicieux et risque d'exposer le pays à des dangers.


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