Le général Benhadid, arrêté mercredi soir alors qu'il rejoignait son domicile, se trouve, depuis jeudi soir, à la prison d'El-Harrach où il a été déféré suite à «une pénible journée au tribunal de Sidi-M'hamed», a-t-on appris hier auprès de son avocat Me Mecheri. Abla Cherif - Alger (Le Soir) - «Pénible», déclare celui-ci car le mis en cause a été entendu à 23h30, or «il s'agit d'un homme âgé dépassant les 70 ans et très malade de surcroît. Il est regrettable qu'un tel traitement lui ait été réservé car il faut aussi savoir qu'il a été contraint à gravir quatre étages à grand-peine en se traînant avec sa canne pour pouvoir comparaître. Il était vraiment très fatigué». Le général Benhadid a été accusé de «tentative d'atteinte au prestige de l'ANP et détention illégale d'arme à feu». Me Mecheri s'étonne sur le fait qu'un «général ayant combattu dans le cadre de la lutte antiterroriste, un général tout court soit soumis à une quelconque autorisation de port d'arme». Jeudi, avons-nous constaté sur place, une perquisition a été effectuée par des éléments de la Gendarmerie nationale au domicile des Benhadid. Sur place, il régnait une atmosphère très lourde. La résidence Les Pins, le lieu où il réside, a été placée sous surveillance d'une équipe de la gendarmerie depuis la matinée. Des véhicules civils ont investi les lieux avec à bord des hommes en lunettes noires donnant l'impression de n'avoir aucune mission précise. Des jeunes, des membres du voisinage alertés par le manège tentaient de se faire discrets. Tous regardaient en direction de la fenêtre de l'appartement du général Benhadid où se déroulait la perquisition. Mais très vite, un mouvement de véhicules qui quittent les lieux écarte le groupe de jeunes curieux qui se voulaient discrets. Les langues se délient. «Ils (les gendarmes) ont investi son domicile au cours de la matinée (...) ils fouillent tout (...) on est branchés sur internet pour savoir ce qui se passe réellement, on a uniquement vu des hommes sortir de chez lui avec des petits cartons blancs, apparemment pleins de documents.» Des amis au fils du général Benhadid se demandent cependant pourquoi il a fait «lui aussi les frais d'une lutte qui le dépasse». A ce moment, des informations contradictoires circulent au sujet de l'arrestation du jeune Benhadid qui se trouvait, en effet, en compagnie de son père lorsque ce dernier a été sommé de descendre de son véhicule. Selon Me Mecheri, le fils Benhadid a tenté de s'emparer de l'arme de son père avant d'être rapidement maîtrisé par les forces de l'ordre. Il a été placé mercredi soir sous mandat de dépôt et conduit à la prison d'El-Harrach où il a passé la nuit. Vers 16h, le véhicule de la gendarmerie posté devant la résidence Les Pins a finalement quitté les lieux suivis par d'autres véhicules civils. La porte de l'appartement des Benhadid où nous pouvions accéder était doublement fermée par une porte en fer. Personne à l'intérieur. Plus de jeunes non plus devant l'immeuble. Le dernier à quitter l'endroit s'enferme chez lui pour aller, dit-il, s'enquérir de ce qui se passe en consultant internet. L'absence de communication officielle sur les évènements graves qui s'enchaînent en Algérie se fait extrêmement ressentir. Ici comme ailleurs, on sait seulement que le général Benhadid a été arrêté suite aux fameuses interviews qu'il a livrées à Radio M et la chaîne télévisée El-Magharibia au cours desquelles il a vertement fustigé le frère du président de la République, Saïd Bouteflika. Cette arrestation intervient également au moment où le patron du FCE Ali Haddad annonce avoir déposé une plainte en diffamation contre le général. De Sétif, le ministre de la Justice a enfin annoncé hier que «la justice allait s'appliquer en toute transparence» en faisant allusion à «ces voix qui s'élèvent ces derniers temps pour faire des déclarations qui ne respectent pas la loi». Me Mecheri annonce, quant à lui, qu'il fera appel dans les prochaines heures afin de tenter d'obtenir la libération de son client malade car la loi autorise «au moins sa mise sous contrôle judiciaire en raison de son âge».