Les élections portant renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation auront lieu dans moins de trois mois. Il s'agit du second renouvellement de cette instance parlementaire, depuis les élections locales de 2012. Il reste à savoir si la composante actuelle sera reconduite ou alors des changements sont attendus. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Le prochain renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation est considéré comme un «important» enjeu politique national. Il interviendra dans un contexte politique particulier marqué notamment par l'échéance de la révision constitutionnelle. Toutefois, l'enjeu primordial réside dans le rapport de force politique qui verra le jour au lendemain du scrutin. Une chose est certaine : la bataille autour de ces joutes sénatoriales se joue entre le tandem traditionnel, en l'occurrence le FLN et le RND. Les autres formations politiques verront pour leur part leur rôle très limité, voire circonscrit à l'enjeu d'alliance. Il faut reconnaître que depuis les législatives et les locales de 2012, la cartographie politique au sein des assemblées locales n'a pas connu beaucoup de chamboulements. C'est ce qui explique le peu d'engouement enregistré jusque-là au niveau des états-majors des partis traditionnels. «Il est encore prématuré d'évoquer cette question. Il reste devant nous trois mois pendant lesquels on procédera à l'étude des dossiers des différentes candidatures. Une fois cette étape passée, on procédera au choix de nos candidats au niveau des 48 wilayas», nous confie une source de la fédération d'Alger du parti d'Ahmed Ouyahia, le RND. Ce dernier qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat est un potentiel candidat au poste de sénateur au niveau de la wilaya d'Alger. Son rival, le parti du FLN qui a perdu la bataille de 2012, veut reconquérir la première Chambre. Mais pour éviter une énième crise interne, le FLN, dont le secrétaire général vient de «remporter une énième bataille organique», va opter, selon une source sûre, pour l'option des primaires. Primaires au FLN «C'est dans la transparence la plus totale que seront choisis nos candidats et ce sont leurs collègues et amis élus qui vont élire leurs représentants. Nous avons opté pour cette stratégie concernant le renouvellement des instances de la Chambre basse et par voie de conséquence, la même démarche sera initiée pour les sénatoriales», explique un proche du chargé de communication de ce parti. Il est à noter que les membres du Conseil de la nation sont élus au scrutin plurinominal majoritaire à un tour au niveau de la wilaya, par un collège électoral composé de l'ensemble des membres de l'Assemblée populaire de wilaya et des membres des Assemblées populaires communales de wilaya, comme le stipule l'article 105 de la loi électorale de janvier 2012. Lors de cette élection, le parti du RND avait décroché la première marche du podium grâce à son jeu d'alliance avec le Parti des travailleurs (PT). A ce titre, le RND qui veut maintenir sa position de force lors du prochain renouvellement partiel de la Chambre haute du Parlement a, d'ores et déjà, entamé des contacts au niveau de la base pour consolider ses alliances, notamment auprès des élus indépendants. Le poste de membre du Conseil de la nation ou sénateur attire, faut-il le rappeler, tous les élus locaux choisis parmi ceux qui justifient d'une expérience et d'un parcours dans leurs partis respectifs. Toutefois, la situation politique actuelle marquée par un manque de visibilité risque de créer des surprises. Un outsider né d'une alliance de partis non majoritaires au niveau des collectivités locales risque de fausser tous les pronostics. FFS, RCD, MPA et le PT : une alliance à la base ? La loi électorale portant régime électoral indique dans son article 104 que «les membres élus du Conseil de la nation sont élus pour un mandat de six ans, le scrutin se déroule au chef-lieu de wilaya». C'est à ce niveau que se contractent les alliances et autres enjeux pour ces élections. En effet, la cohabitation au niveau municipal entre les différents courants politiques pourrait déboucher sur des alliances au niveau des wilayas où la spécificité de chaque région déterminera la nature de ses alliances. Le rapprochement au niveau de la base pourrait contraindre les états-majors de certains partis politiques à contracter des alliances de conjoncture dans notamment certaines wilayas du centre et de l'ouest du pays. C'est le cas notamment pour des partis comme le FFS, le RCD, le MPA et le PT. D'ailleurs, il n'est pas exclu que la seule alliance rendue publique et contractée en 2012 entre le RND et le PT ne soit plus reconduite. «Il ne saurait y avoir d'alliances avec ceux qui sont contre la préférence nationale, qui œuvrent à la destruction de l'économie nationale», nous a indiqué un député du Parti des travailleurs rencontré en marge de la tenue du comité central de son parti le week-end passé. Pour les observateurs, l'alliance politique au niveau de la base à l'occasion de cette élection pourrait ratisser encore large. Les directions politiques pourraient laisser le soin aux élus locaux de définir et situer la particularité de ces alliances. Et c'est dans cette optique que des partis comme le FFS, le RCD, le MPA et le PT veulent constituer un front face aux grands favoris de cette élection, en l'occurrence le FLN et le RND. Enfin, l'équation islamiste représentée notamment à travers l'Alliance de l'Algérie Verte (l'AAV) reste dans tout ce conglomérat politique, la seule inconnue des sénatoriales de fin 2015.