Votre journal du mardi 3 mars 2015 reproduit l'essentiel de la déclaration d'Abdelkader Bensalah, secrétaire général du RND et président du Conseil de la nation, à l'occasion d'une réunion avec les parlementaires de son parti. Parlant de certaines dérives inacceptables il a déclaré : «Que chacun respecte son poids réel sur la scène politique... Il Faut dire que certains se donnent un poids politique qu'ils n'ont pas. Le peuple, lui, sait qui pèse quoi dans ce pays... Il sait à qui il a donné sa confiance». C'est la langue de bois dont on fait les flûtes qui chantent. Le RND, qui devait prendre la place du FLN, est né en février 1997 avec des moustaches, parce qu'il a obtenu en juin 1997, c'est-à-dire trois mois après, 156 députés aux élections législatives. La victoire du RND lors des élections locales du 23 octobre 1997 est due à une fraude généralisée. Des partis, toute tendance politique confondue, ont condamné cette fraude. La marche des députés qui ont condamné la fraude a été sévèrement réprimée par la police. Le Président Abdelaziz Bouteflika a déclaré à la communauté algérienne établie en Amérique lors de l'Assemblée générale de l'ONU, en septembre 1999, selon le journal El Watan du 15 octobre 1999, et Liberté du 23 septembre 1999 : «C'est le président qui a refusé de rendre public le rapport de l'APN sur la fraude électorale aux élections locales pour sauver la crédibilité du Conseil de la nation. La fraude, a-t-il dit, est prouvée à 100%». L'APN a été dessaisie de son droit constitutionnel de débattre du rapport établi par sa commission d'enquête sur la fraude électorale sans évoquer la moindre protestation, particulièrement la séparation des pouvoirs prévue par la Constitution de novembre 1996. Le Conseil de la nation est composé de 96 membres élus par les élus locaux à raison de deux sénateurs par wilaya, pour chacune des 48 wilayas, et de 48 membres choisis par le Président (tiers présidentiel). La répartition des sièges aux élections du 23 octobre 1997 donne : «80 sièges sur 96 au RND qui fait main basse sur le Sénat. 10 au FLN, 4 au FFS et 2 au MSP qui a fait les frais de cette élection». Il faut parler des évènements du récent passé avec le plus grand souci de la vérité. Le Président maintient son hégémonie en s'appuyant sur les partis du pouvoir qu'il s'agrège par des privilèges, et les éloges des courtisans zélés dont il s'est entouré et qui sont à la tête de ces partis. Il y a deux catégories de dirigeants ; ceux qui ont tout sacrifié à l'Algérie, et les dirigeants du pouvoir qui ont sacrifié l'Algérie à leur carrière et à leurs intérêts. Ils ne cherchent qu'à conserver leur pouvoir, leurs prérogatives, et leurs privilèges. La personnalisation excessive du pouvoir rend intouchable celui qui l'exerce, et fait de ceux qui le servent des courtisans plus préoccupés des situations de rente et de monopole, que des droits de l'Homme au service de l'homme et de la femme, de leur dignité et de leur droit, matrice de toutes les revendications démocratiques. Tenu par son allégeance au Président, le RND est devenu son otage car il est condamné à soutenir sa politique. Son ossature est constituée de fonctionnaires coupés des masses populaires. Implanté dans l'administration, il se place en position d'hégémonie. Le RND est comme la crevette, quand on lui arrache la tête il ne reste plus rien. Un dirigeant peut-il s'apercevoir en conscience qu'il n'a pas les aptitudes nécessaires pour assurer les charges du pouvoir législatif ? Le Conseil de la nation, inutile et budgétivore, qui a été créé pour jouer le rôle de contre-poids à l'APN, doit être dissous dans les meilleurs délais et remplacé par une assemblée économique et sociale, élue démocratiquement et composée de femmes et d'hommes qualifiés par leurs compétences dans le domaine économique et social.