L'entraîneur Jürgen Klopp, tout sourire et se présentant comme un «mec normal», a distribué les bons mots lors de sa présentation hier à Liverpool, enclenchant ainsi son opération séduction dans ce club si «spécial». «Je suis un gars complètement normal, un mec de la Forêt noire, alors disons le Normal One, peut-être», a-t-il répondu quand on lui a rappelé que Jose Mourinho s'était décrit comme le Special One à son arrivée à Chelsea en 2004. «J'étais un joueur moyen, je suis juste un entraîneur». Arrivé la veille d'Allemagne, l'ex-entraîneur charismatique du Borussia Dortmund, s'est présenté hier matin à Anfield où une foule de curieux l'attendait pour entendre sa profession de foi, savoir comment il allait s'y prendre pour relever le 10e de Premier League. La prestation du jour du technicien de 48 ans, qui remplace Brendan Rodgers limogé dimanche, n'a déçu personne dans un club à la fibre ouvrière, chevillé au corps. «Là, il faut gagner, prendre des points, a-t-il tranché. Ce n'est pas le temps des promesses. D'abord on bosse et ensuite on parlera. Ce jeu, c'est le fighting spirit, des tirs. Le résultat n'est que la conséquence de tout ça». Sur le fond, «honoré et fier» d'être là, il a martelé qu'il voulait que son équipe, comme Dortmund avant, joue «pied au plancher». De quoi ravir les supporteurs de ce club si «spécial», l'un des «plus grands du monde»... Souriant, agréable, arborant une barbe faussement négligée, sa veste de costume noir laissait apparaître une chemise ouverte au niveau du cou: le signe d'un homme décontracté. Le fin liseré jaune sur ses grosses lunettes renvoyait à sa période «Dortmund» et le seul reproche à lui faire c'est qu'il n'y avait aucune touche de rouge dans sa tenue. Un palmarès qui commence à jaunir Selon le site allemand Sport1, le Borussia a d'ailleurs souhaité bonne chance à son ancien coach sur twitter, postant un montage photo du légendaire album Abbey-Road où Klopp dévale le passage clouté à la place des Beatles... Ce tweet n'a pas échappé à Liverpool qui a répondu en postant : «Thank you BVB ! You'll never walk alone». Ses quatre mois sans travail, depuis son départ du Borussia, n'ont pas traumatisé Klopp : «dans ma vie, je n'ai pas souvent eu de l'argent pour partir en vacances et ensuite je n'avais pas de temps. Là, ces quatre mois, c'était sympa». Mais place donc désormais au travail pour des Reds, au passé prestigieux, bercés par la légende du club, ces joueurs merveilleux, ce palmarès long comme le bras... qui commence à jaunir depuis le dernier titre en Premier League en 1990. «S'il vous plait, donnez-nous du temps, a-t-il juste supplié pour calmer la ferveur des attentes. Si vous êtes patients et préparés à travailler, on peut avoir des succès à la façon de Liverpool. Si je suis là dans quatre ans, on aura gagné un titre. Sinon, ce sera le tour d'un autre et moi je serai peut-être en Suisse». Une intervention suivie de son habituel rire sonore pour dédramatiser tout de suite une question qui reste sensible. «On cherchait quelqu'un que l'on pensait capable de ramener le succès, saisir ce que représente ce club, sa puissance et ses ambitions, s'est félicité à ses côtés Ian Ayre, le directeur général des Reds. Jürgen remplit tout ça, c'était bien de pouvoir le sentir». Parfait dans son rôle, l'Allemand n'a lui pas raté l'occasion de saluer en retour l'importance de ses dirigeants, même si la ficelle semble un peu grosse puisque la cote locale de Fenway Sports Group n'est pas des plus élevées actuellement. «J'ai bien senti les choses avec FSG (le propriétaire, ndlr). Tout le monde sait à Liverpool que John, Tom et Michael (respectivement Henry, Werner, Gordon, les trois dirigeants, ndlr) sont des mecs sympas». «On m'a beaucoup parlé de la presse anglaise, a-t-il ajouté ensuite. C'est à vous de me montrer que ce sont des mensonges». Et cette fois-ci, c'est lui qui a fait rire l'assemblée.