Plus que trois mois avant le début annoncé de la CAN-2015 que le Maroc n'est pas certain d'abriter à la date prévue (17 janvier-8 février). Un tournoi qui continue d'alimenter les débats aussi bien des sportifs que des politiques. Ces derniers, appuyés par les services de santé de leurs pays, plaident le report de la 30e édition de la CAN tandis que les sportifs, joueurs et entraîneurs, semblent moins chauds à voir leur fête biennale recalée. Dimanche soir, deux entraîneurs et non des moindres se sont exprimés sur les plateaux de télévision sur le sujet. Il s'agit du sélectionneur de l'EN du pays organisateur, Badou Zaki, et celui des Verts, première équipe à composter son billet pour le tournoi final, le Français Christian Gourcuff. L'ancien gardien des Lions de l'Atlas était l'invité de Medi1tv, au cours de l'émission hebdomadaire «l'match» animée par notre confrère Jalal Bouzrara, tandis que l'ex-coach de Lorient répondait à l'invitation de Canal Algérie et son émission «Canal-foot» présentée par notre ancien correspondant à Constantine, Smaïn Benkaïdia. Sur le plateau de la chaîne méditerranéenne, Badou Zaki, interrogé sur ses appréhensions si la CAN venait à être reportée, ne manquera pas de souligner son désarroi même s'il se dit «solidaire» de la démarche des responsables du gouvernement marocain. «Je ne sais pas quoi vous répondre sincèrement», avouera l'entraîneur de la sélection marocaine à propos de laquelle il dira qu'elle «a atteint un niveau de préparation de 70 à 80%» en vue de la CAN-2015. L'animateur de «l'match» demandera alors à Zaki s'il était possible d'imaginer un scénario-catastrophe, en l'occurrence le report de la trentième édition. Là, l'ancien keeper du RCD Majorque confiera qu'il n'a pas de plan B. «J'ai peaufiné mes prévisions pour la préparation de la sélection pour que cette dernière soit prête le 17 janvier (date du début de la CAN-2015, Ndlr). Nous aurons deux matches amicaux en novembre, contre le Bénin et le Mozambique respectivement, puis une dernière phase avant le début de la compétition. Si le report de la CAN se confirme lors de la réunion de la CAF, le 2 novembre, notre programme doit être reconsidéré», assure-t-il non sans préciser qu'il lui sera difficile de remobiliser ses joueurs. Une motivation qui pourrait être entretenue par la programmation de quelques matches amicaux face à des sélections huppées d'Europe et d'Amérique du Sud (Argentine et Mexique cités). L'ex-driver du WAC, qui dit avoir réussi à remobiliser ses troupes depuis son come-back, il y a sept mois, à la barre technique des Lions de l'Atlas «pour l'objectif rêvé par tous les Marocains», en l'occurrence le titre africain, a estimé que cette consécration est «possible» dans la mesure où son équipe, pas trop fringante lors des matches préparatoires face au Qatar, le Kenya et autre RCA, «sait se montrer conquérante quand il s'agit de rivaliser avec les grands. A ce titre, Badou Zaki donnera l'exemple de la Mannschaft incapable de se défaire facilement du Ghana et de l'Algérie lors du Mondial mais qui a infligé un sévère 7-1 au Brésil, favori de sa Coupe du monde». Une manière de «chauffer» davantage les fans marocains très peu nombreux à venir suivre la préparation des Lions de l'Atlas qui vont évoluer à Marrakech «si la CAN-2015 est maintenue au Maroc», conclut-il. Gourcuff serein, pas Klopp Moins stressé par les risques du renvoi de l'édition de la CAN-2015 à une date ultérieure, décision qui «me permettra d'assurer une meilleure progression du jeu de mon équipe», le sélectionneur algérien Christian Gourcuff s'est dit aussi serein. «Je ne vois pas en quoi ça va nous perturber (le report de la CAN-2015, ndlr) dans la mesure où on sait que la décision sera prise le 2 novembre prochain. Je pense que nous aurons l'occasion de nous adapter aux conditions. Le Maroc, c'est bien pour nous, c'est tout près. J'espère que la compétition se déroulera dans des conditions optimales», dira le technicien breton au cours de l'émission de la télévision algérienne. Gourcuff, questionné sur les vraies raisons qui auraient inspiré les Marocains à demander le report, se montrera évasif. «Je ne peux pas répondre parce que ça dépasse mes compétences. Je ne connais pas le bien-fondé de cette histoire. Je préfère parler de l'aspect footballistique», a-t-il répondu. La réponse de Gourcuff contraste mal avec les impressions du coach du Borussia Dortmund, l'Allemand Jürgen Klopp qui s'est dit «inquiet» par le maintien, par la CAF, de la compétition. «Le fait est que je m'interroge beaucoup à ce sujet. Si un pays a le sentiment qu'il ne peut pas trouver une bonne solution alors il faut s'inquiéter. On n'a pas le droit de fermer les yeux et dire: on continue comme ça. Je n'ai rien à dire d'une décision qui ne m'appartient pas. Mais quand on voit quels pays sont affectés, ce n'est plus le moment de parler de sport», fera savoir l'entraîneur de l'attaquant gabonais Emerick Aubameyang dont la sélection est proche d'accrocher le wagon pour la phase finale. Ce qui perturberait grandement les plans de son club allemand qui souffre depuis le début de saison de l'absence d'un certain nombre de ses joueurs à vocation offensive victimes de blessures à répétition. Le départ à la CAN d'Aubameyang, et de beaucoup d'autres footballeurs africains exerçant en Europe, serait donc une raison valable pour le report, voire l'annulation, de la compétition continentale dont la tenue, à cette période de la saison, a souvent fait l'objet de critiques et de réticences de la part des clubs européens. Ebola qui vient, selon l'OMS, de «déménager» du Nigeria ne serait alors qu'un prétexte pour faire plier la CAF dont les finances sont, comme les grands clubs d'Europe, intimement liées au respect du calendrier sportif et aux engagements avec les sponsors et autres parrains.