Quelques audaces dans la recherche de nouvelles formes thématiques et de représentation qui tentent d'échapper au réalisme ethno et folkloriste qui continue à inspirer la majorité des productions filmiques en compétition, un potentiel d'acteurs émergents et qui peuvent constituer un vivier pour le cinéma national et des projections ponctuées de débats vifs et animés. Ce sont les quelques enseignements de la quatorzième édition du festival du cinéma d'expression amazighe qui vient de s'achever dans la soirée de jeudi dernier, à Tizi-Ouzou, en présence de Hamid Grine, ministre de la Communication, et de Ould Ali L'hadi, ministre de la Jeunesse et des Sports. «Désormais quand j'aurai besoin d'acteurs, je viendrai à Tizi-Ouzou.» Même optimiste et réconfortante pour les jeunes comédiens n'ayant que la passion du cinéma comme viatique, cette réflexion prononcée par le cinéaste et membre du jury, Djamel Bendedouche, au moment de la remise des prix récompensant les meilleurs acteurs féminins (Soraya Aït Abderahmane, Thiziri dans Awhid (le fils unique, de Djamal Guenif) et Chérif Azrou, Juba dans Le chant des cigales d'Ali Berkennou ne peut constituer l'amorce d'une rupture épistémologique attendue par le cinéma d'expression amazighe. Un cinéma qui souffre de plusieurs tares : l'amateurisme, l'absence de scénarios de qualité, le déficit de formation dans l'ensemble des métiers du cinéma des intervenants dans «la fabrication» de films amazighs, le recours à l'autofinancement dans la production de ces derniers. «Le cinéma d'expression amazighe aujourd'hui est dominé par l'autoproduction amateur.» Les mots sont de l'universitaire Tahar Boukella, président du Fdatic et membre du jury du FCNAFA. Selon lui, le film amazigh est touché par la tare congénitale qui frappe le cinéma algérien : l'absence de scénarios de qualité. «Seulement une soixantaine de scénarios ont été déposés au niveau de la commission du Fdatic durant l'année écoulée (2014) dont cinq écrits en tamazight et seul un scénario parmi ces derniers, celui de Ali Mouzaoui, a été subventionné et les quatre autres rejetés pour la faiblesse de l'écriture», regrettera Tahar Boukella, lors d'une conférence donnée le premier jour du festival. On est loin du cinéma amazigh voulu et pensé par ses pères fondateurs, entre autres, Bouguermouh, Belkacem Hadjadj et Azedine Meddour. Nous sommes en présence «d'autoproductions de jeunes amateurs qui tournent des films avec des caméras vidéos qu'ils vendent sous forme de DVD et qu'ils arrivent parfois à faire passer à la télévision. Ces films ne sont pas des productions cinématographiques, vu qu'ils ne répondent pas au format du cinéma ; ce sont des vidéo de qualité technique assez médiocre et une écriture assez basique et pas très élaborée», jugera encore l'universitaire. Un jugement qu'il s'empresse, cependant, de nuancer. «Plutôt que de mépriser ce travail d'amateurs, de passionnés d'audiovisuel qui montre qu'il y a une jeunesse qui veut faire du cinéma, il faut donner les moyens à ces jeunes afin de leur permettre d'accéder à une production professionnelle par la formation et les subventions de l'Etat, assurés par le biais du Fdatic», dira Tahar Boukella. «Les jeunes porteurs de projets de films doivent se rapprocher du Fdatic pour financer de véritables travaux cinématographique de cinéma», ajoute-t-il encore lors de la remise de l'Olivier d'or dans la catégorie long métrage remporté par Ali Reggane pour son film, Justice rendue, un triller qui raconte les vicissitudes de Tahar, un écrivain spolié par son éditeur. Celui-ci sera kidnappé par le fils de l'écrivain, Moh, qui trouvera un comparse en la personne d'un policier qui l'aidera dans sa quête de vengeance. Dans sa catégorie, le film d'Ali Reggane est le plus abouti sur le plan cinématographique parmi les films en compétitions, dira Abdelkrim Tazarout, pour justifier la décision du jury de la section long métrage dont il est président et qui a émis des recommandations aux organisateurs du festival pour donner une autre dimension à celui-ci, il faut instituer deux sections, lors des prochaines éditions : l'une pour l'audiovisuel et l'autre pour le cinéma». S. A. M. Palmarès Prix Olivier d'or du meilleur long métrage : Justice rendue, Ali Reggane Olivier d'or du meilleur court métrage : Chabanou, Mourad Bouamour Meilleur documentaire : Cheikh El Hasnaoui, de la Maison blanche à l'océan bleu, Adrazak Larbi Cherif Meilleur film d'animation : Innocence, Ifaz Matob Meilleur rôle féminin : Soraya Aït Abderahmane, dans Awhid Meilleur film masculin : Chérif Azrou, dans Le chant des cigales.