Ce furent huit conférenciers étrangers de niveau mondial et douze universitaires algériens de rang doctoral qui animèrent ce premier colloque international relatif à «la mémoire populaire face aux défis contemporains». La présence à Tipasa de ce panel d'universitaires, conviés par l'Institut de la littérature arabe de l'Université de Tipasa, pour animer une série de conférences dans le cadre d'un colloque international, fut un événement qui a mis en évidence la richesse du terroir algérien, maghrébin et arabe avec son lot de pratiques rituelles, de croyances, de coutumes et de traditions. Le Marocain, Dr Hassan Bahraoui de l'Université de Rabat, présenta à ce titre une communication relative à «la mémoire populaire depuis le colonialisme jusqu'à nos jours», suivi par le Libanais le Dr Ali Baziri qui évoque la mémoire populaire et son mode de transmission et de préservation. Mais ce fut l'universitaire Imène Sebbagh, qui se complaisait à citer des dictons populaires très éloquents de la région de Tipasa, mais dont la symbolique est en fait représentative des dictons du centre algérien. Quant au Dr Chaouch Yelles Merad,qui a évoqué la mémoire poétique et le processus créatif dans le champ littéraire maghrébin, avait permis à l'assistance d'avoir droit à un véritable séquençage de la notion de tradition, où le populaire et le classique s'entremêlent, malgré un constat qui met en évidence le mépris du melhoun, malgré aussi, qu'il soit perçu comme agréable et mélodieux à l'oreille, mais malheureusement déconsidéré par rapport au «hadri» et au «bédoui». Le Dr Yelles, qui a présenté hardiment son exposé en français, malgré un auditoire principalement arabophone s'est évertué à des efforts de traduction, où sont représentés «l'exil», puis le texte émouvant de «hyzia»,mais aussi le chant et la poésie de l'anthropologue Ahmed Benaoum. La littérature égyptienne s'est aussi distinguée pour sa part avec le troublant exposé du Dr Samih Chalan, qui a mis en évidence les rôles populaires dans la société égyptienne soumise aux contradictions de la réalité économique et sociale. Le Dr Abderahmane Ayoub de l'Université de Tunis a, pour sa part, subjugué son auditoire avec, un exposé présenté en français et traduit simultanément en arabe et portant sur «la mémoire collective-imaginaire et transmission», un sujet qui aborde «la transmission mémorielle» de l'image et du discours, où «se représente la mécanique qui cumule une interactivité entre le présent et la mémoire collective, qu'on veut à tort ou à raison figer». L'hypothèse présentée par le Dr Ayoub est la suivante : «l'homme, en toute situation est en même temps dans le passé et dans le présent.» Au-delà de ces concepts philosophiques de la mémoire populaire, l'auditoire a eu droit à un exposé exclusif, présenté par le docteur Bourdouze Abdelnacer concernant «les exemples populaires en tant qu'éléments représentatifs de la mémoire collective». Dans son exposé, le Dr Bourdouze a pris comme outil le parler berbère des régions de Gouraya, Damous, Cherchell et Menaceur en tant que véhicules expressifs de la mémoire collective d'une culture, de traditions, de chants, et de mœurs spécifiques à une région berbérophone. Ainsi, la richesse et l'art culturel propres à ces régions , traduisent en fait l'urgence et la nécessité de mieux approfondir des études dans ce contexte, en vue de préserver cette richesse mémorielle tel que requis par les recommandations de ce premier colloque, qui préconisent la mise en place d'un fonds en vue de l'archivage et de la documentation numérisée. Ces recommandations suggèrent aussi la création de projets de recherche dans le cadre de LMD ; d'établir un réseau de recherche dans le domaine du patrimoine culturel immatériel.