A 34 ans, un âge qui sonne plutôt la retraite, Khaled Lemouchia a décidé de revenir à la compétition après une période d'arrêt volontaire. Mais que reste-t-il du milieu défensif qui récupérait tout et colmatait les brèches aussi bien sous le maillot de l'ESS que celui de l'EN ? C'est toujours un guerrier et sa grande expérience ne sera pas superflue pour aider un MCO à remonter la pente. Le Soir d'Algérie : A 34 ans, vous revenez dans le championnat algérien. Vous vouliez relancer votre carrière ? Khaled Lemouchia : Non, pas du tout. D'ailleurs, j'avais décidé d'arrêter parce que j'avais ras-le-bol des difficultés extra-sportives qui existent en Afrique, en Tunisie ou en Algérie. Donc, j'en ai profité pour voyager et me consacrer à ma famille. Après, la passion m'a regagné et j'avais un manque et je suis revenu. A un certain moment, vous étiez consultant. Avez-vous aimé cette parenthèse médiatique ? Oui, mais je crois qu'il vaut mieux être consultant lorsqu'on arrête sa carrière. Quand on est en activité, on a des amis et des coéquipiers et on ne peut pas tout déballer. Avec presque le même effectif et surtout le même staff technique, le MCO se retrouve relégable alors que la saison dernière, il jouait les premiers rôles. Pourquoi ? D'abord, je dirais que c'est la faute à un calendrier très défavorable. Lors des quatre premières journées, on se déplace trois fois, et pas n'importe où, à Sétif, à Constantine et à Bologhine pour affronter l'USMA et on reçoit le MOB qui est un peu la bête noire du MCO. Et on sait qu'en Algérie, un bon début est toujours déterminant pour acquérir un capital-confiance. Donc, on n'a pas pu enchaîner avec des victoires et le doute s'est installé avec le temps. Il y a aussi ces éternels problèmes extra-sportifs que vous venez d'évoquer. C'est vrai, mais en principe, nous en tant que joueurs, on n'est pas là pour commenter la situation en dehors du terrain. En vous regardant, on pensait que le MCO allait acquérir un peu plus de rigueur défensive au détriment de l'aspect offensif après le départ de Bezzaz. On a l'une des plus mauvaises défenses du championnat mais la première attaque avec celle de l'USMA paradoxalement. On marque beaucoup, mais on encaisse également. C'est une question d'équilibre qu'il faut trouver. La saison dernière, le MCO ne marquait pas souvent mais il était plus imperméable, et il parvenait toujours à préserver un score de un but à zéro. Maintenant, c'est à nous les joueurs de réagir ! Comment jugez-vous ce championnat algérien que vous connaissez bien maintenant ? Depuis mon départ, je constate que le niveau n'a pas du tout évolué. Il stagne et même, par moments, il régresse. Est-ce la faute aux joueurs ? Non, ce n'est pas la faute des joueurs. Par exemple, on a joué au stade Brakni de Blida sur une pelouse dans un état catastrophique. Alors, comment voulez-vous développer un jeu de qualité sur une telle surface ? C'est un championnat professionnel par écrit, sur le papier seulement. D'ailleurs, même l'équipe nationale est ballottée entre le stade du 5-Juillet et Tchaker. Ce n'est pas normal, que dans un pays comme l'Algérie, l'EN a du mal à trouver un stade convenable et aux normes. L'EN fuit le 5-Juillet à cause de l'hostilité des supporters, vous y croyez ? Non, parce que c'est aux joueurs internationaux de mettre le public, quel que soit le stade où ils évoluent, dans leur poche. C'est vrai que les supporters algériens sont exigents et peuvent se montrer impatients au bout de 20 minutes, mais à eux de les séduire. Comment l'ex-international que vous êtes juge l'EN actuelle ? C'est une nouvelle génération et une autre mentalité. Après, il y a pas mal de joueurs qui évoluent dans de grands clubs européens et c'est vraiment une belle équipe ! Même après ses récentes contre-performances ? L'après-Coupe du monde est toujours très difficile à gérer. Bon, c'est vrai que l'EN n'a pas été très performante mais il y a un groupe de qualité avec un bel avenir. Vous vous attendiez à ce que l'EN passe au second tour lors de la dernière Coupe du monde ? Honnêtement, après le premier match contre la Belgique, je doutais parce que ce jour-là, l'EN n'avait rien démontré. Heureusement, il y a eu une bonne réaction contre la Corée et la Russie et elle a fait son meilleur match contre l'Allemagne, le vainqueur logique de la Coupe du monde. En fait, l'EN n'est jamais excellente que lorsqu'elle est dos au mur ou qu'elle affronte un gros calibre. Quand elle a le costume de favori, elle n'est pas à l'aise. Vous avez également porté le maillot de l'USMA qui est en finale de la LDC. Un commentaire sur ce très bon parcours ? Déjà, c'est un peu le rêve de Haddad qui se réalise. Quand il est arrivé, il y a quelques années, il avait clairement déclaré que son objectif était de gagner la LDC. Vous êtes de la ville de Lyon où vous avez joué dans le deuxième club de cette ville. Quel est votre avis sur la décision de Nabil Fekir d'opter pour la sélection française ? Sincèrement, je peux comprendre son choix, mais après, il y a la manière. Pour moi, l'EN ce n'est pas un choix. C'est oui ou c'est non. Je n'ai jamais compris pourquoi il a hésité. Les couleurs nationales, ça ne se négocie pas. Bien sûr, il a eu une énorme pression de la part des médias français et de l'Olympique lyonnais, mais il n'avait pas à souffler le chaud et le froid. Il aurait pu apporter un plus à l'EN ? Certainement, parce que c'est un grand joueur. Moi, il me fait penser à un Eden Hazard gaucher, car il a la même morphologie et la même vivacité. Certains prétendent que si l'Algérie avait de bons centres de formation, on n'aurait plus besoin d'aller chercher des Fekir, Feghouli ou Brahimi ailleurs. D'accord ou pas ? Je suis tout à fait d'accord avec cela. Il y a un tel vivier en Algérie que c'est maintenant un gâchis de ne pas avoir de centres de formation. Il n'y a pas de mauvais élèves, mais de mauvais maîtres. Mais a-t-on de bons entraîneurs capables de dénicher et de former des pépites ? Il y en a, bien sûr, même si dans le championnat, on tourne avec les mêmes entraîneurs depuis plusieurs années. Moi, j'aimerais bien que de nouvelles têtes apparaissent. Bon, il y a Billal Dziri qui est en train de faire son apprentissage ainsi que Mounir Zeghdoud. C'est bien. Cavalli a déclaré qu'il ne s'est jamais inquiété pour son avenir mais par contre, il craint pour l'avenir du MCO. Qu'en pensez-vous ? S'il a déclaré cela, c'est qu'il doit avoir des informations que nous n'avons pas nous autres les joueurs et qu'il est peut-être dans le vrai. Propos recueillis par