De retour en Algérie pour diriger le MCO après avoir drivé l'EN en 2006, Jean-Michel Cavalli a vite fait d'imposer sa méthode avec un effet positif immédiat puisque après avoir frôlé la dernière place, le club d'El Hamri pointe à la sixième place avec deux points et n'a pas connu la défaite depuis l'arrivée du technicien corse qui, contrairement aux idées reçues, ne pratique pas «l'omerta» (loi du silence) mais est toujours aussi affable et agréable à écouter. Le Soir d'Algérie : Depuis votre arrivée à Oran, le MCO se porte bien. C'est l'effet Cavalli ? Jean-Michel Cavalli : Je me souviens que lorsque j'étais venu pour la première fois en Algérie pour diriger l'EN, on avait débuté par deux victoires. Peut-être que je porte bonheur au-delà de la potion magique (rires). Au départ, vous avez trouvé un MCO en crise totale... Vous savez, en général, quand on fait appel à un entraîneur en pleine saison, peu importe le club, c'est qu'il y a le feu à la maison. Et qu'est-ce qu'on vous a fixé comme objectif ? Le premier objectif, c'était de remonter au classement. Il fallait s'extirper de cette avant-dernière place et ce n'était pas évident parce qu'on devait affronter le CSC, un club qui vise le titre et derrière on jouait le NAHD qui est certes lanterne rouge mais demeure une bonne équipe et sa victoire contre le CRB l'a prouvé. Quand vous dites remonter au classement, c'est jusqu'à quelle place ? Après avoir tiré le club des profondeurs du classement, maintenant on va essayer, avant tout, de faire du très bon travail. Mais avez-vous de bonnes conditions de travail ? Sur ce plan-là, je n'ai pas à me plaindre. Le président du club m'a donné carte blanche. On s'entraîne sur le terrain principal, ce qui est bien. Au niveau de la gestion et de la composition de l'équipe, je travaille vraiment en paix, et c'est très bien ainsi. Avec l'EN, vous aviez introduit une nouveauté pour les joueurs, la pratique du vélo. Allez-vous la reprendre avec le MCO ? Non, parce que j'avais prescrit la pratique du vélo uniquement pendant le mois de Ramadhan, vu qu'il fallait trouver un autre moyen de s'entraîner et que nous étions en pleine phase de qualification de la CAN. Quelle est la différence entre diriger une sélection nationale et un club ? Quand on entraîne une sélection, on entraîne tout un peuple. Et là, on n'a plus affaire à une région et des journalistes d'une partie du pays mais à toute la presse nationale et internationale. En plus, il faut faire honneur au président de la République parce qu'il faut porter très haut les couleurs du pays. C'est une grosse responsabilité. D'autre part, en sélection, vous avez un large choix de joueurs locaux et expatriés en Europe. Que pense l'ancien coach national que vous êtes de l'EN actuelle de votre compatriote Gourcuff ? Incontestablement, elle ne mérite que des éloges. Aujourd'hui, elle est devenue la meilleure équipe d'Afrique. Elle est reconnue et on ne peut en penser que du bien. Huit ans après votre passage, pourriez-vous revendiquer une part dans cette belle réussite ? Une part, non je ne pense pas. Moi, j'avais trouvé une sélection en mauvais état et on avait su relever le défi de lui redonner des couleurs. Depuis, l'EN n'a cessé d'avancer et c'est ce qui est le plus important. Qu'est-ce qui a changé entre l'EN de 2006 que vous dirigiez et celle d'aujourd'hui ? Ce qui a changé, ce sont les infrastructures et les conditions de travail nettement meilleures. En plus, aujourd'hui, les joueurs ne sont plus à découvrir, ils se présentent eux-mêmes pour porter le maillot national parce que l'Algérie est devenue une très grande nation de football. Est-ce que Cavalli a changé depuis 2006 ? Non, pas du tout. J'ai vieilli et, sur ce plan, on ne peut pas lutter ; par contre, au niveau du travail, je suis resté le même. Cinq clubs du championnat sont drivés par des techniciens français en plus de l'EN. Qu'en dites-vous ? L'école française est bonne et elle a fait ses preuves. Elle l'est toujours avec Didier Deschamps qui est notre porte-drapeau. J'ajoute que je suis également le coach de la sélection corse et nous venons de battre la Bulgarie d'un certain Lothar Matthäus. Que ce soit en Corse ou en France, il y a de bons joueurs et de bons techniciens.