Issad Rebrab est finalement rentré à Alger. Son retour a eu lieu ce samedi 30 octobre mais le patron de Cevital a manifestement opté pour la discrétion. Toutes les tentatives de le contacter ont échoué. Rebrab, affirment des informations sûres, préfère ne pas répondre pour l'instant à toutes les questions qui l'assaillent d'Alger et d'outre-mer pour éviter d'en rajouter à la polémique brûlante dont il fait l'objet depuis plus d'un mois et éviter d'aborder dès lors les «raisons qui l'ont amené à rentrer au pays» du moment qu'il avait exigé des garanties des plus hauts représentants de l'Etat pour un retour sans histoires. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les mêmes sources affirment, cependant, que Issad Rebrab a bel et bien reçu les «garanties» posées comme préalables à son retour en Algérie suite à des informations faisant état de l'existence d'un mandat d'arrêt contre lui. Ces garanties lui auraient été fournies au cours de ces derniers jours alors qu'il se trouvait dans la capitale française après une mission de plusieurs semaines au Brésil. Lui-même avait déclaré à plusieurs reprises et à différents médias algériens son intention de retarder son arrivée à Alger, voire même de la reporter si des assurances émanant du président de la République ou du chef d'état-major de l'ANP ne lui étaient pas fournies. La raison, on la connaît : Rebrab avait révélé au début du mois d'octobre dernier être en possession d'informations sûres faisant état de l'intention de l'arrêter à l'aéroport lors de son retour. Selon lui, cette volonté faisait suite aux propos qu'il avait tenus au cours de plusieurs interviews durant lesquelles il avait dénoncé «les blocages et accusations inadmissibles dont il faisait l'objet». Le patron de Cevital avait, en effet, été accusé publiquement par Bouchouareb d'avoir procédé à un «transfert illicite de devises» et d'avoir fait de «fausses déclarations». Le ministre de l'Industrie et des Mines avait notamment déclaré qu'il avait «introduit du matériel usé estimé à 5,7 millions d'euros alors que sa valeur réelle ne dépasse pas les 2,5 millions d'euros». Rebrab avait, de son côté, affirmé au Soir d'Algérie que son groupe faisait l'objet d'énormes pressions parmi lesquelles des enquêtes répétées sur l'origine des fonds dont il dispose. Mais il avait créé l'évènement en informant l'opinion de la volonté des autorités de procéder à son arrestation d'autant qu'elle intervenait dans un contexte marqué par une sourde confusion où se mêlent la mise sous mandat de dépôt d'un ancien général de l'ANP, Benhadid, pour avoir dénoncé les pratiques du frère du président de la République et du chef d'état-major, la fermeture d'une télévision privée (El-Watan TV), l'arrestation et la mise sous ISTN (interdiction de sortir du territoire national) de hauts gradés de l'armée... Les révélations de Rebrab font l'effet d'une bombe. Dans les heures qui suivent, les autorités, habituellement peu enclines à polémiquer sur ce genre de sujets, réagissent. Le ministre de la Communication avait affirmé ne pas être au fait de l'existence de ce mandat d'arrêt et avait appelé Rebrab à se montrer «responsable de ses propos. Qu'il vienne s'expliquer en Algérie si la justice a quelque chose à lui reprocher». Plus catégorique, le général Hamel a démenti l'existence d'un mandat d'arrêt contre le patron de Cevital annonçant que ce dernier était libre d'entrer et sortir comme il le voulait du pays. Aucune de ces déclarations n'a cependant convaincu Rebrab qui a créé encore une fois l'évènement en affirmant à partir du Brésil : «J'ai énormément de respect pour le général Hamel, mais tout le monde sait que les véritables responsables sont le Président Bouteflika et le chef d'état-major de l'ANP.» Il exige des garanties émanant de ces hautes autorités pour rentrer. L'affaire se corse. Officiellement, la fin de la mission à l'étranger de Rebrab est fixée au 16 octobre. Mais un long silence s'installe. Aucune information ne filtre. On sait seulement qu'il quitte le Brésil pour se rendre à Paris où il séjourne quelque temps avant son retour. Les jours prochains nous en diront certainement plus. A. C. Issad Rebrab dans le même avion que Boudjema Talai Issad Rebrab était hier dans le même avion que le ministre des Transports qui effectuait une visite de travail à Béjaïa. Le patron du groupe Cevital a accompagné la délégation officielle jusqu'au salon d'honneur de l'aéroport où il s'est entretenu avec Boudjema Talai. On ignore néanmoins la teneur des discussions entre le ministre des Transports et Issad Rebrab. Issad Rebrab qui s'est ensuite rendu à son complexe Cevital devrait recevoir une délégation d'hommes d'affaires étrangers aujourd'hui mardi pour un éventuel partenariat. Issad Rebrab a aussi remercié le collectif des travailleurs de son complexe pour leur soutien, a-t-on appris.