Les initiateurs de la lettre au président de la République, communément appelés groupe des 19, se réuniront en fin de semaine afin d'évaluer la portée de leur démarche et décider de la suite à donner à l'initiative, avons-nous appris auprès de l'une des personnalités signataires de la missive. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Selon Khalida Toumi, il s'agira de débattre de la marche à suivre mais aussi d'étudier les réactions enregistrées depuis la publication de cette lettre, il y a une semaine maintenant, puis de décider de la manière dont doit être poursuivie cette démarche. A la question de savoir quelles pourraient être les décisions ou actions à mener, Mme Khalida Toumi a tenu à rappeler que le groupe «n'est pas un parti politique, mais un ensemble de personnalités que réunit l'inquiétude pour l'Algérie». «Aujourd'hui, ajoute-t-elle, se taire, c'est se rendre complice». Complice, peut-on lire dans cette même lettre, d'une situation de «dégradation du climat général dans le pays» caractérisé notamment par «la déliquescence des institutions, l'abandon du droit de préemption de l'Etat, la grave dégradation de la situation économique et sociale, l'abandon des cadres de l'Etat livrés à l'arbitraire, aux sanctions partiales...» Autant de craintes que les signataires de la lettre veulent partager avec le premier responsable du pays. Aucune réaction officielle n'a cependant été enregistrée jusqu'à l'heure. On se souvient que Mme Louisa Hanoune avait déclaré à la presse que le groupe allait patienter quelques jours et non pas des semaines avant de décider de la démarche à suivre en cas de refus ou d'absence de réponse. Le Parti des travailleurs tient cependant à éviter toute confusion entre le parti et l'initiative individuelle de son leader. M Taazibt déclare à cet effet : «Tout en soutenant cette démarche, il faut savoir que le parti n'est pas partie prenante dans l'initiative. Mme Louisa Hanoune a signé cette lettre en tant que personnalité, le PT ne peut pas s'immiscer dans cette lettre même si elle n'est pas contradictoire avec la vision politique du parti.» M. Taazibt a cependant réagi aux réactions ayant suivi la publication de cette lettre en déclarant que «nous assistons actuellement à la "criminisalisation" de l'acte politique». Il est vrai que l'initiative en question a suscité des réactions très dures émanant du cercle politique qui semble actuellement détenir le monopole de la communication d'Etat. Mme Louisa Hanoune a été particulièrement critiquée par Ammar Saâdani et Ouyahia qui l'ont tour à tour fustigée pour sa position et ses déclarations offensives. Alors que le responsable du RND l'a qualifiée de «déchaînée contre l'Etat et son Président», Saâdani, lui, l'accuse d'avoir «perdu l'équilibre et la boussole depuis qu'elle n'est plus soutenue». Plus globalement, Saâdani a appelé les signataires de la lettre à aller voir les officiels étrangers pour obtenir les réponses aux questions qu'ils se posent. «Ceux qui ont des doutes, a-t-il déclaré, n'ont qu'à demander ce qu'il en est aux étrangers reçus par le président de la République.» Ouyahia lui a axé sa réponse sur le fait que les 19 «mettent ainsi en doute la capacité de Bouteflika à diriger le pays». Le Premier ministre, qui ne s'est pas exprimé depuis plusieurs semaines a, quant à lui, profité de sa sortie à Blida pour déclarer que «le Président est la seule garantie constitutionnelle pour la continuité de l'Etat et sa stabilité», ajoutant : «Je ne connais personne qui veille plus que le Président sur la stabilité du pays.» Réagissant à tous ces propos, le professeur Aberkane estime, de son côté, qu'«il n'y a rien de plus noble de dire que des personnes inquiètes pour l'Algérie ont été reçues et écoutées».