La pétrochimie et les services constituent des niches de diversification de l'économie nationale, considère l'économiste Rafik Bouklia-Hassane. L'universitaire Mohamed-Cherif Belmihoub lie l'amélioration de la compétitivité des entreprises au développement de la compensation, l'exploitation des offsets. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - «Le défi majeur de notre pays pour les prochaines années tient dans l'impérative nécessité de diversifier son économie, dans la nécessité vitale de sortir rapidement de sa dépendance externe», observait hier à l'hôtel El Aurassi le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Ouvrant les travaux de la 4e édition des Journées de l'Entreprise algérienne, Ali Haddad a cependant estimé qu'il ne s'agit pas de sortir de cette dépendance externe par «un repli sur soi» mais d'«éviter tout risque de rééditer nos erreurs passées» et «en engageant des réformes courageuses et déterminées qui assureront le développement à long terme de notre économie». Ce qui implique «l'approfondissement des réformes, la restructuration de l'économie nationale, la transformation du mode de croissance qui donnera au secteur privé son rôle légitime dans l'édification d'une économie moderne», relèvera le président du FCE lors de cette conférence. Mais au-delà de la nécessité de «mettre l'entreprise au centre de la politique économique», Ali Haddad évoquera «le besoin de se rassembler autour d'un consensus sur les choix de long terme». Or, quels choix s'offrent pour concrétiser cet objectif de diversification de l'économie, dans le contexte de chute des cours du pétrole et de leur impact négatif sur les finances publiques et le commerce extérieur ? A ce questionnement et à d'autres, des réponses ont été avancées par plusieurs participants et notamment par deux économistes et universitaires. Présentant les résultats d'une étude, sur laquelle nous reviendrons, l'économiste et universitaire Rafik Bouklia-Hassane considère que l'économie nationale a été notablement marquée durant les trois dernières décades par «une désagriculturisation sans industrialisation», l'affaiblissement de la couverture de la demande domestique par la production locale et des faiblesses en termes d'exportation... Au-delà du rôle incontournable de l'Etat, en matière d'innovation et de coordination notamment, il s'agira de développer des politiques sectorielles ciblées, d'identifier des filières où l'Algérie dispose d'atouts. En ce sens, le Pr Bouklia-Hassane relèvera l'opportunité pour l'Algérie de valoriser ses ressources gazières dans le développement des filières de la pétrochimie et de la production de fertilisants. Outre la réduction de la facture d'importation, ces deux filières constituent des niches de diversification, semble considérer cet universitaire qui évoque également l'opportunité de booster le développement des services, notablement ceux dédiés à la connaissance. Evoquant par ailleurs la problématique de l'amélioration de la compétitivité, l'universitaire et économiste Mohamed-Cherif Belmihoub constatera l'absence de la compensation, la valorisation des offsets. Ainsi, l'Algérie importe des équipements sans «contrepartie», sans compenser ses achats au niveau local par une implication directe des fournisseurs. D'autre part, ce conseiller auprès du FCE prônera l'intérêt de mettre en place un Fonds pour la modernisation des entreprises, de stimuler l'attractivité de l'investissement direct étranger sur la base d'une modulation des taux de participation des opérateurs ainsi que le développement de la clustérisation par filières. Intervenant lors des débats, le directeur général de la petite et moyenne entreprise au ministère de l'Industrie et des Mines, Abdelghani Mebarki, indiquera que son département a initié un projet de loi d'orientation de la Pme, en cours d'examen au niveau du gouvernement, qui cible fondamentalement la modernisation des entreprises, l'amélioration de leur compétitivité et le développement de l'innovation.