La réorganisation de la production et le développement de la veille technologique sont des prérequis, des rouages essentiels dans la relance de l'industrie mécanique nationale. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Le lancement du Centre technique des industries mécaniques (Cetim) en Algérie est primordial, estime le consultant français, François Venel, hôte hier, à l'hôtel El Djazaïr, d'un séminaire de présentation. Expert principal de la filière mécanique dans le cadre du programme d'appui aux PME et à la maîtrise des technologies de l'information et de la communication (PME II, lancé dès 2009), ce consultant observe que la mise en place du Cetim permettra notamment aux entreprises du secteur mécanique de développer la veille, le suivi des évolutions et données techniques et technologiques mondiales mais aussi une meilleure pénétration et couverture de leurs marchés. Déjà projeté sous l'égide du ministère du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement et bénéficiant de l'appui institutionnel du programme PME II, le Cetim contribuera certainement à booster la relance du secteur industriel mais aussi à renforcer, «structurer» le soutien aux entreprises. «La compétitivité est dans l'organisation» Autre prérequis, la nécessité pour les entreprises industrielles, qu'elles soient publiques ou privées, de réorganiser leur mode de production, système d'information et logistique, en matière de management et de conduite d'ateliers. Il s'agira, explicitera François Venel, de développer un mode de gestion de la production qui soit organisé, dans la mesure où «la compétitivité est dans l'organisation», et optimisé en termes de fonctionnement des machines et de performances. A ce propos, cet expert constatera qu'en matière d'usinage, la meilleure performance dans certaines unités industrielles ne dépasse pas les 18%, d'où la nécessité d'optimiser l'organisation industrielle en interne. En ce sens, le président de la Bourse algérienne de sous-traitance et de partenariat du Centre (BASTP/Centre), Kamel Agsous, observe que le déficit d'organisation, de coordination et d'interfaçage ainsi que la méconnaissance des règles de gestion favorisent les déperditions de production, de productivité. Des déperditions estimées généralement à hauteur de 20% du chiffre d'affaires réalisé, l'entreprise fonctionnant alors comme une «usine fantôme». Il s'agira aussi pour les industriels de la mécanique d'être «exigeants», dira François Venel, avec leurs fournisseurs et constructeurs étrangers, par le biais de cahiers des charges précis et la nécessité du transfert d'expertise et de la formation. Voire, les entreprises industrielles doivent «se fédérer», relève François Venel, évoquant le caractère «assez diffus, peu visible» du tissu entrepreneurial privé tandis que le secteur public est «assez intégré» quoiqu'en manque d'externalisation. En ce sens, l'expert principal constate que les entreprises privées ont l'opportunité de sous-traiter, de satisfaire les demandes liées notamment à l'outillage de la fabrication et du contrôle, de nouer des partenariats avec des sociétés étrangères. Ce que le programme PME II apporte Une dynamique à laquelle le programme PME II participe, ce faisant, à travers les actions d'appui institutionnel, en collaboration avec la BASTP/Centre, et d'assistance technique à une trentaine de PME activant dans la transformation mécanique. Notons que l'appui du PME II à la filière mécanique, financé à hauteur de 815 000 euros, a mobilisé 930 h/j d'expertise et a nécessité l'intervention de 45 experts de courte durée dans le cadre de 49 missions d'études, d'assistance technique et de formation. Dans le cadre de l'appui institutionnel (387 j/h), diverses études ont été menées dans le domaine de la sous-traitance dans la filière des composants automobiles, l'ingénierie et le démarrage du futur Cetim, ainsi que dans l'élaboration d'un cahier des charges du système d'information unifié des bourses de sous-traitance et de partenariat. Egalement, l'accompagnement du PME II (489 j/h) a concerné, entre 2011 et 2013, quelque 31 entreprises dont une douzaine ont engagé un véritable processus de mise à niveau, par le biais d'actions d'appui individuel ou groupé. En outre, le PME II a accompagné l'Unité des recherches appliquées en sidérurgie- métallurgie (Urasm) dans son accréditation à la norme ISO 17025, dans le cadre du renforcement de l'évaluation de la conformité (54 h/j). Une dynamique à «amplifier» Des actions bien appréciées, relèvera François Venel, dans la mesure où elles constituent de «bonnes réponses aux besoins» et permettent notamment de booster la formation de qualité et l'organisation efficiente. Toutefois, l'expert principal estime qu'il faut «amplifier» ce type d'actions, appelant à «ne pas se relâcher», dans le contexte où le programme national de mise à niveau a été impulsé sous l'égide de l'Agence nationale dédiée (ANDPME). Mais aussi à développer l'innovation et à stimuler la compétitivité industrielle et économique.